Selon Iskander Rekik, démissionnaire du parti Al Amen, la vision politique fidèle aux objectifs de la révolution et le programme révolutionnaire du mouvement Wafa ont été la principale motivation pour lui et les autres démissionnaires avant de rejoindre Wafa. La scission du parti Al Amen, récemment formé (mois de mars 2012) et issu lui-même de la fusion de trois partis, serait une énième scission dans un paysage politique continuellement changeant ces derniers temps... Le co-fondateur du parti Al Amen, Iskander Rekik, a affirmé, hier lors d'un point de presse, qu'il fait partie d'un groupe qui compte six membres du parti Al Amen dont ils ont démissionné avant-hier pour rejoindre le mouvement Wafa présidé par Abderraouf Ayadi. «Les six membres démissionnaires sont Hassen Haj Kacem, Ali Ellafi, Moëz Jardak, Maher Rejiba, Wissem Brahem et moi même. La scission englobe aussi entre 70% et 90% des bureaux régionaux du parti Al Amen. Le parti était sur la voie d'une intégration au sein du le mouvement Wafa et ce depuis trois mois, puis il y a eu une hésitation pour revoir cette action qui aurait pu être une fusion. Personnellement, je n'étais pas obligé de démissionner comme l'a indiqué un communiqué du parti paru hier, plutôt c'est moi qui avais décidé de démissionner du poste de président du bureau politique. Se voulant un parti du centre de poids, nous étions sur une dynamique de recherche de coalition avec d'autres partis notamment le mouvement Wafa. C'est dans ce sens que nous, les démissionnaires du parti Al Amen, nous avons choisi d'intégrer Wafa sans aucune condition», a enchaîné Iskander Rekik. Selon lui, la raison principale qui a motivé cette intégration dans le mouvement Wafa est que ce dernier est le plus proche dans ses perceptions des principes et des objectifs de la révolution. «Ce mouvement est dynamique et notre vision économique se complète, dans notre plaidoyer pour une meilleure compétitivité, avec la dimension révolutionnaire des réformes défendues par le mouvement Wafa. Ce mouvement a un programme consistant et de valeur», a-t-il ajouté tout en affirmant que ni lui ni les autres membres démissionnaires du parti Al Amen ne viseraient des postes dans le bureau politique du mouvement. Il a, d'autre part, souligné que ce mouvement tiendra dans quelques mois une assemblée générale qui pourrait apporter du nouveau quant à sa formation. Une logique de rassemblement des forces Pour sa part, Abderraouf Ayadi, secrétaire général du mouvement Wafa, a soutenu l'avertissement lancé par Rekik à l'élite politique du pays, en affirmant que cette dernière doit faire un recul et effectuer sa propre auto-critique sur son rendement. Il a ajouté : «Il faut abandonner les outils usés de l'ancienne politique qui ont permis au système de la corruption de s'enraciner davantage après la révolution. On doit éradiquer l'ancien système pour en bâtir un nouveau. Dans ce sens, notre mouvement pense que la reddition des comptes est la mission prioritaire de cette phase transitoire. De même, nous croyons qu'il y a des priorités, celle notamment de combler les besoins du peuple en matière de développement régional et de réformes sécuritaire, judiciaire et médiatique. Partant du principe de rassemblement des forces politiques et civiles afin de parvenir à réaliser les objectifs de la révolution, nous sommes en train de grouper l'élite politique autour de ces objectifs. Et l'intégration d'Iskander Rekik et de ce groupe de militants est une confirmation de ce processus de rassemblement des forces politiques et civiles». Par ailleurs et quant à la rumeur qui a circulé concernant la nomination d'Iskander Rekik au poste de ministre de la Jeunesse et des Sports, ce dernier a nié cette hypothèse. «C'est de l'intox et une telle rumeur viserait la déstabilisation du gouvernement actuel», a-t-il indiqué, affirmant qu'il serait plus utile dans d'autres postes... De même, Abderraouf Ayadi a nié s'être porté candidat pour le poste de ministre de la Justice. Il a ajouté : «Je ne me suis porté candidat pour aucun ministère et si une proposition nous parvient, c'est le bureau politique qui va l'étudier et en décider. Au cas où on me désignerait ministre de la Justice, je veillerai à donner l'entière indépendance au ministère public». Reddition des comptes, un congrès national Evoquant les tractations avec les autres partis politiques, le porte-parole du mouvement Wafa, Slim Boukhdhir, a indiqué que le mouvement est en pourparlers avec plusieurs partis et membres de la société civile et ce sur deux plans de dialogue. En effet, outre les tentatives d'engager un dialogue sur les questions urgentes au niveau national dont le développement régional et les réformes à entreprendre d'urgence, ces pourparlers entrent dans le cadre des préparatifs du congrès national pour la reddition des comptes qui aura lieu les 12 et 13 courant à Tunis à l'initiative du mouvement Wafa. D'après lui, dix-huit partis politiques, dont Al Majd, Ennahdha, le Congrès pour la République, Ettakatol, Achaâb, Al Baâth, ainsi que trente associations et ONG ont confirmé leur participation à ce congrès. Le coordinateur général du congrès, Mondher Ben Ahmed, a affirmé que ce congrès national pour la reddition des comptes visera l'élaboration de projets de lois dont ceux relatifs au dévoilement des vérités et à l'accès aux différentes archives. «Aussi, a-t-il précisé, l'un des objectifs majeurs de ce congrès est de proposer un projet de création d'un conseil supérieur pour la reddition des comptes qui serait une instance provisoire dans laquelle tous les partis politiques seraient représentés tout comme la société civile», a souligné le coordinateur général.