Le président du Mouvement tunisien de l'action maghrébine, Mohamed Nouri, lui-même fondateur de l'Association internationale de soutien aux prisonniers politiques (Aispp) et de l'organisation «Liberté et équité», a annoncé, lors d'une conférence de presse tenue hier par le mouvement Wafa, qu'il rejoint officiellement ce dernier. Ainsi, il est attendu que le parti de M. Nouri intègre, dans les prochains jours, le mouvement Wafa. Pour revenir à la conférence, le mouvement, présidé par Ayadi, a affirmé son refus des deux initiatives de l'Ugtt et d'Ennahdha appelant à un dialogue politique national. Il tient à ce que l'Union syndicale se limite à son rôle de syndicat, ne se présente pas en tant que pôle politique et participe à un dialogue politique. Pour sa part, le président du mouvement Wafa a accusé «les perdants des élections» de vouloir instrumentaliser l'Union générale tunisienne du travail ainsi que les mouvements de protestation qui se sont multipliés ces derniers temps dans tous les secteurs. De son côté, le membre du Conseil constitutif et du bureau exécutif du mouvement, Azed Badi, a affirmé que l'invitation de l'Ugtt à l'initiative d'Ennahdha est une tentative pour apaiser la tension, notamment sociale, en prévision des prochaines élections, aux dépens de la construction d'une démocratie participative. Une batterie de projets de loi Insistant, encore une fois, sur les principes de l'initiative du mouvement Wafa en faveur de la reddition des comptes et de l'assainissement, Badi a ajouté que le mouvement est en dialogue permanent avec les partis politiques, les associations, les organisations et les personnalités nationales qui sont convaincus que les objectifs de la révolution tunisienne n'ont pas été encore réalisés. «Nous sommes convaincus qu'il ne peut y avoir de réconciliation dans le processus de justice transitionnelle sans passer par la reddition des comptes et sans assainissement. Ce que l'actuel pouvoir n'a pas fait et qui veut sauter la première phase. Dans ce sens, je rappelle que le chef du gouvernement, M. Hamadi Jebali, a déclaré une fois qu'il est possible d'effectuer une conciliation avec certains hommes d'affaires avant même de créer la loi relative à la justice transitionnelle. Notre mouvement en vue de dépasser de telles lacunes lance aujourd'hui une initiative pour tenir un congrès national de reddition des comptes auquel participeront tous les partis, les composantes de la société civile et les personnalités nationales qui n'ont pas été impliqués dans le système de corruption et d'abus de pouvoir. De même, il y aura des commissions d'écoute, composées d'éminents experts en droit, d'avocats chevronnés, qui n'ont pas les mains sales, afin de recevoir les dossiers de corruption, de les étudier et de les présenter aux parties judiciaires spécialisées. Et ce en parallèle avec l'assainissement du système judiciaire qui doit être indépendant du pouvoir exécutif, notamment le ministère de la Justice», a-t-il enchaîné. Sur un autre plan, le conseil exécutif du mouvement Wafa a mis en garde contre les appels réitérés en faveur de la chute du gouvernement sous prétexte de la fin de la légitimité de l'Assemblée nationale constituante (ANC) le 23 octobre. Cependant, il compte présenter toute une batterie de projets de loi ayant pour but de dévoiler la vérité quant aux archives de la police politique, du pouvoir déchu dans sa relation avec les sionistes, des banques, de la douane, des marchés publics, des terres domaniales, de l'Agence tunisienne de communication extérieure (Atce), de la justice, etc. Aussi, le mouvement compte présenter des projets de loi interdisant la torture et annulant la loi relative au terrorisme, ainsi qu'une feuille de route pour l'ANC dans laquelle les priorités de l'étape à venir seront déterminées à l'instar de l'activation du projet de loi concernant l'équité envers les familles des martyrs et des blessés de la révolution. Wafa avait demandé, il y a 4 mois, de créer des cours spécialisées dans ce genre d'affaires au lieu de les passer au système judiciaire militaire. «Le mouvement Wafa, a affirmé Azed Badi, va mettre de la pression sur le gouvernement à travers l'ANC, le congrès qu'il compte organiser et par toutes les voies légales possibles en occupant l'espace public et en protestant dans la rue».