Joaquin Phoenix tient tête à Philip Seymour Hoffman dans The Master de Paul Thomas Anderson. Le comédien, à l'œil vert et à la chevelure noire de jais, se glisse dans la peau d'un disciple, fasciné puis rétif, d'un professeur librement inspiré par le créateur de la scientologie, L. Ron Hubbard (1911-1986). Il pourrait bien obtenir un Oscar pour sa composition intense qui lui a valu d'être comparé à Marlon Brando par la presse américaine. Un comédien très joueur Joaquin Phoenix vient de loin. Il n'a pas dû rigoler tous les jours chez ses parents missionnaires hippies, et se dit toujours inconsolable du décès de son grand frère River, des suites d'une overdose en 1993. «Il se dégage de Joaquin une aura de tragédie et de mystère», confiait M. Night Shyamalan, lors de la sortie de Signes (2002). En 2005, Phoenix se fait pourtant dépasser dans la course aux Oscars pour Walk the Line. Les votants préfèrent la performance de Philip Seymour Hoffman dans Capote à la sienne en Johnny Cash. «Il ne ressemble pas physiquement à Cash, mais j'avais l'impression d'avoir le chanteur devant moi», déclarait James Mangold, réalisateur du film. James Gray, qui l'a dirigé dans La nuit nous appartient (2007) et Two Lovers (2008), renchérit : «Le perfectionnisme de Joaquin est parfois douloureux à voir tant il habite ses personnages sans s'économiser», confiait-il à 20 Minutes, lors du festival de Beaune. Est-ce parce qu'il était épuisé ou par amusement? Il prétendait alors arrêter sa carrière pour se consacrer au hip-hop. Le «documenteur» I'm Still There (2011), signé par son copain Casey Affleck, le présente en musicien désespéré et rageur. Depuis, Joaquin Phoenix a repris sa carrière de comédien avec passion. On le verra bientôt chez James Gray pour The Nightingale avec Marion Cotillard.