On a souvent rappelé que le développement de toute nation et la garantie de sa croissance économique restent, en grande partie, conditionnés, en période de crise surtout, par la stabilité de son système financier et le bon comportement de son secteur bancaire. Or, en Tunisie, notre secteur bancaire n'arrive malheureusement pas à honorer ce statut stratégique, en raison certainement, comme l'atteste d'ailleurs l'un des deniers rapports du FMI, d'une mauvaise restructuration de tout le secteur, d'une défaillance manifeste au niveau de la gouvernance, de sa fragilité financière, d'une incapacité plutôt inquiétante de remplir les besoins des banques publiques en recapitalisation et aussi sa timidité au niveau de la mobilisation de suffisamment de dépôts. Et ce n'est pas tout. Selon le FMI, le problème du secteur bancaire tunisien, c'est qu'il se heurte régulièrement à des difficultés considérables en raison «de la faiblesse des structures héritées du précédent régime». C'est ce qui explique, justement, la détérioration de la qualité des crédits, leur improductivité dans certains secteurs, le tourisme en premier lieu et, par conséquent, le manque de solvabilité (le ratio de solvabilité est actuellement de 8%). En plus de toutes ces questions, le secteur bancaire tunisien semble toujours dans l'incapacité de s'entourer d'une bonne politique de gestion des données, ce qui ne «permet pas un suivi régulier et global de la performance au niveau de chaque établissement bancaire». Ce constat est d'autant plus grave qu'il a fini par affecter sérieusement la politique de supervision et même de réglementation bancaires qui se retrouve très loin encore des normes et des pratiques internationales et incapable même de répondre positivement aux exigences minimales des règles prudentielles bancaires. Autant donc d'insuffisances qui imposent aujourd'hui à la Banque centrale de Tunisie de trouver rapidement une porte de sortie à la faveur d'une «stratégie de réforme efficace et globale, un dispositif de gestion de crise fiable et un régime spécial de résolution bancaire».