Le problème de l'endettement hôtelier est un problème qui se pose depuis plusieurs années, l'urgence de s'y pencher, au plus vite, est, notamment, dictée par la valeur de cet endettement et qui se situe, aujourd'hui, à 3.400 millions de dinars. M. Habib Ammar, directeur général de l'Ontt, relève que le problème qui se pose n'est pas celui de l'endettement du secteur en tant que tel car «tout secteur a besoin d'endettement pour se financer et se développer», mais dans le fait que certains hôtels ne parviennent plus à honorer leurs engagements financiers envers les banques. Fait qui impacte, négativement, aussi bien le secteur bancaire que celui touristique, souligne-t-il, car «un hôtelier endetté est un hôtelier qui ne peut ni rénover ses hôtels, ni investir dans la qualité, ni financer la formation ». L'endettement est un facteur qui réduit considérablement la marge de manœuvre concernant la négociation avec les tour-opérateurs, ce qui, souligne encore M. Ammar, alimente le phénomène de bradage des prix auquel on assiste. «En effet, les unités hôtelières surendettées nuisent à celles qui ne le sont pas ainsi qu'à l'image de la destination dans son ensemble. De plus, nous recevons des plaintes de touristes qui résident dans certains hôtels», explique-t-il. Notre interlocuteur précise, par ailleurs, que l'étude stratégique du secteur touristique à l'horizon 2016 réalisée par le bureau d'études international «Roland Berger», traite, en profondeur, la question de l'endettement du secteur hôtelier et dresse un diagnostic du parc touristique et de son niveau d'endettement. La restructuration des finances du secteur hôtelier est l'un des axes majeurs du plan d'action proposé par l'étude, cette dernière propose un classement des hôtels ayant des problèmes financiers selon leur degré d'endettement et leur aptitude à s'en sortir. Elle identifie, ainsi, quatre catégories d'hôtels : la catégorie 0 qui comprend les unités qui parviennet à honorer leurs engagements envers leurs banques, la catégorie 1 qui comprend les hôtels qui ont des problèmes mais qui, moyennant un rééchelonnement des dettes, peuvent s'en sortir, la catégorie 2 comporte les hôtels qui nécessitent un rééchelonnement de la dette et une injection supplémentaire de fonds propres, la catégorie 3 est celle des hôtels qui devraient être repris et dont la situation nécessite un changement au niveau du management. S'agissant des causes de cette situation, M. Habib Ammar pense qu'elles sont variables et diverses, il cite, entre autres, le problème d'adéquation entre le produit et le marché qui fait que le taux de rentabilité soit faible, le problème de mauvaise gestion ou encore celui de taux d'intérêt élevés de crédits contractés depuis des années et que le retournement de la conjoncture internationale touristique et l'augmentation de la concurrence rendent le remboursement encore plus difficile. Il cite, dans ce même ordre d'idées, les crédits accordés à de jeunes promoteurs, le but initial étant de financer de petites unités, les crédits ont finalement servi à construire de grandes unités. Le schéma de financement adopté dans ce genre de situation est celui des 40% de fonds propres, «un schéma qui n'est pas adapté à l'hôtellerie et qui, le moins qu'on puisse dire, est très risqué», souligne, enfin, M. Ammar.