Une journée exceptionnelle, triste et tendue à Sfax. L'annonce surprise de l'assassinat de l'opposant politique Chokri Belaïd a suscité, hier, à Sfax, des réactions tous azimuts. Arrêt des cours dans les lycées, destruction des équipements et documents du bureau d'Ennahdha à Sfax, intrusion dans le siège du gouvernorat... Dès le matin, plusieurs marches ont parcouru les principales artères de la ville. Ces marches ont regroupé toutes les composantes de la société civile, des représentants de partis politiques, des élèves et étudiants. Les participants à ces marches, qui ont tous dénoncé ce crime politique odieux, ont été unanimes dans leurs revendications : amener le plus tôt possible les criminels devant la justice et mettre fin à la violence politique qui menace la sécurité du pays. Certaines de ces marches ont connu des dérapages. Il s'agit notamment de l'intrusion dans le siège du gouvernorat qui, curieusement, a été déserté par les hauts responsables régionaux et, à leur tête, le gouverneur de Sfax qui n'était pas à son bureau. En l'absence des responsables et de résistance de la part des unités de sécurité du gouvernorat, les protestataires ont quitté les lieux sans commettre d'actes de violence. Par contre, des centaines de jeunes ont attaqué le bureau d'Ennahdha à Sfax. Ils ont détruit tous les équipements et documents de ce bureau en les jetant par la fenêtre. Cette scène s'est déroulée en l'absence totale des agents de l'ordre et sans grande résistance de la part des responsables de ce bureau qui ont préféré se retirer. Il a fallu quelques minutes pour que les documents et les équipements de ce bureau se trouvent brûlés et jetés dans la rue au vu et au su des passants curieux de découvrir ce qui se passe. Par ailleurs, les délégations du gouvernorat de Sfax ont connu différentes réactions suite à l'assassinat de Chokri Belaïd. A Jebeniana comme à Kerkennah, les élèves ont boudé les cours pour rejoindre les marches et manifestations organisées à cette occasion.