Dossier instruit par Mohamed Sahbi RAMMAH - C'était pratiquement dans l'air depuis la reprise à maintes fois retardée de notre compétition aux lendemains de la révolution du 14 janvier. L'affaire débuta avec les maltraitances effarantes à l'endroit des arbitres. S'en suivirent des envahissements çà et là des aires de jeu en dépit de l'instauration du huis clos pour tous les matches se déroulant sur le territoire. Fatalement, des erreurs monumentales et non moins scandaleuses finirent par avoir lieu. Une compétition faussée Résultats des courses, une compétition faussée notamment en ce qui concerne le bas du tableau avec des clubs contraints à se démener dans de sales draps par la faute à des facteurs qui n'ont rien à voir avec la rectangle vert, la sueur et la force du jarret. En citer les exemples nous prendrait une éternité et n'est pas le but de cette approche. La grogne, les menaces de retrait de la compétition, les manifestations violentes dans certaines villes, les sit-in devant les sièges de la tutelle et de la FTF prirent ces derniers jours une ampleur sans précédent et devinrent monnaie courante. Sans oublier les déclarations incendiaires de certains responsables descendant en flammes sans la moindre vergogne ou retenue non seulement leurs concurrents directs, mais tous les autres soit pour une victoire en déplacement soit pour une défaite à la maison (N'est-ce pas Chokri Laamiri mettant dans le même sac le CSS, l'ASM, le CA, la JSK?). Appel du pied électoral ? Ce qui incita le BF réuni en urgence le mardi 5 courant à décider l'annulation de la rétrogradation et de sauver du naufrage tous les menacés de descente au pallier inférieur. Mais une chose demeure certaine cependant, tous les bras de fer engagés par nos instances décisionnelles vis-à-vis des clubs, des arbitres, du public (non respect du huis clos) tournèrent en défaveur des fédéraux qui durent à maintes reprises faire machine arrière. Il est vrai qu'avec ces futures élections qui pointent à l'horizon, être dans les bonnes grâces de l'électorat prime grandement pour certains soucieux d'assurer leurs arrières pour un éventuel nouveau mandat. De là à ce que d'aucuns de qualifier cette mesure de subtile manœuvre électorale, d'un discret appel du pied, il n'y a qu'un tout petit pas allègrement franchi par le plus clair des analystes et observateurs de la place… Nous avons approché les responsables des clubs pour connaître leur avis sur cette « courageuse » ( ?) mesure prise par le BF. Dossier :
Hamed Kamoun : « Tout le championnat a été complètement faussé." Le président de l'Etoile du Shahel, Hamed Kamoun, a critiqué violemment la décision de la FTF d'annuler la relégation pour la saison 2010-2011. Kamoun s'était déclaré auparavant pour cette décision mais en insistant sur la nécessité de la prendre après la fin du championnat. Le président étoilé a affirmé sur les ondes de Mosaïque FM que "tout le championnat a été complètement faussé."
Omar Farouk Gharbi (Membre Fédéral) : « Dans le dessein de réparer les injustices » Tout d'abord une précision, il ne s'agit là que d'une proposition et qui ne sera effective qu'une fois entérinée par les clubs lors de la prochaine AG de la FTF, autrement tout un chacun pourrait s'y interposer en saisissant avec gain de cause le CNAS. Nous aurions pu opter pour la solution de facilité et arrêter la compétition aux lendemains de la révolution et ne permettre qu'aux juniors de jouer. Mais ce faisant, nous aurions lésé des joueurs en fin de contrat et à la recherche de preneurs. Les joueurs internationaux auraient manqué de compétitivité et de rythme surtout avec les échéances importantes qui nous attendent. Par ailleurs nous avons pris en compte l'envie et la volonté du plus clair des joueurs tenant absolument à continuer la compétition. Fatalement, il y a eu des dépassements préjudiciables envers des clubs visiteurs pénalisés injustement et des résultats faussés du fait du manque de sécurité. D'autres clubs notamment en nationale (B) ont levé le pied intentionnellement. Pour réparer toutes ces injustices, nous avons jugé plus équitable d'avoir recours à cette proposition d'autant que techniquement rien ne s'y oppose.
Mongi Bhar (CSHL) : «Une aberration » Une mesure que je juge d'une aberration monumentale pour le devenir de notre sport. Déjà avec 14 clubs nous ne parvenons pas à gérer le quotidien comme il se doit. Sans oublier notre classement au concert mondial qui est au 56ème rang. Opter pour cette approche, et c'est la dégringolade assurée pour notre football. Nous sommes encore très mal organisés et très loin du professionnalisme réel. Avec les engagements de l'Equipe Nationale, des clubs participant aux joutes continentales et interarabes, comment voulez-vous qu'on parvienne à gérer tout ce planning ? Et les problèmes financiers avec des déplacements plus fréquents, des nuitées dans les hôtels, des bus à affréter, etc ? J'aurais souhaité une compétition à 12 et encore ! Mais bon, du moment qu'on en a décidé de la sorte pour le bien de tout le monde parait-il, on doit se plier à la volonté de la majorité. On ne fait pas d'omelette sans casser des œufs, et j'espère de tout cœur que ce coup- ci le tribunal ne soit pas lourd à supporter
Riadh Bennour (EST) : « Reporter alors la coupe dans le but d'un répit salvateur » Je pense que c'est une mesure inappropriée et pour cause. Dès la fin de l'aller, ceux qui sont bien peinards au milieu du tableau et donc aucunement concernés ni par le haut du pavé ni par la relégation ne seront plus motivés pour disputer à la loyale et à la régulière le restant de leurs matches. Une fois assurés de leur maintien parmi l'élite, ils fouleront les pelouses juste pour marquer leur présence et accomplir une formalité. Ce qui contribuerait grandement à fausser les verdicts. A moins qu'on ne prenne la décision de faire rétrograder les 4 derniers. De la sorte la motivation serait intacte et la lutte pour le maintien acharnée jusqu'à la fin. Dans cette foulée, il est logique voire primordial de renvoyer les demi-finales et la finale de la coupe au mois de septembre car comment voulez-vous que les joueurs encore en lice parviennent à récupérer et à respirer un coup en rechargeant un tant soit peu leurs accus si d'aventure ils doivent se coltiner sans transition une saison aussi longue que harassante avec 16 équipes ? C'est inhumain et médicalement, physiologiquement préjudiciable pour des jeunes organismes encore à l'orée de leur prometteuse carrière et qu'on risque de briser tout bêtement par des blessures gravissimes dues aux surcharges de travail.
Fateh Alouini (JSK) : « Une décision à l'image du pays » Etant sur le départ et préparant d'arrache pied la tenue de la prochaine AG de mon club, je souhaite ne pas m'exprimer sur ce sujet qui est désormais du ressort et des prérogatives de mon successeur à la tête de la Chabiba. Mais sur votre insistance, je me contenterai de dire que c'est une mesure à l'image de ce qui se passe dans tout le pays. Non, notre football est grandement malade de ses instances, de ses règlements, de sa gestion, de son environnement, etc. Les dés sont jetés et ce n'est sûrement pas avec cette décision de replâtrage qu'on parviendrait à le remettre sur le droit chemin. Les lénifiants n'ont plus droit au chapitre pour l'heure, place à la chirurgie large avec résection nette de toutes les zones de nécrose. Je n'en dirai pas plus !
Mokhtar Nefzi (OB) : « Une concession de plus du bureau fédéral » Nous avons vécu l'enfer depuis la reprise de la compétition avec des injustices criardes nous ayant valu la perte au bas mot de quelques 12 à 13 points et je suis dans la retenue. Des arbitres sous pression que ce soit au Boujomaä Kmiti ou loin de nos bases nous ont sciemment lésés. Nous avons perdu des matches en dehors des rectangles verts parce que quelque part il était décidé et écrit que nous devions les perdre. Les décisions irrationnelles prises par le BF depuis le début n'ont fait compliquer davantage la situation. La première grosse bévue avec une concession monstre se rapportant au fameux match OB-ASM avec résolution première de la ligue cassée en urgence par le BF. De la sorte, les fédéraux ont largement ouvert la porte aux concessions (ASG-CSHL ; ESBK-SG ; ASG-ESZ, etc.) en s'engouffrant à leur insu dans un engrenage infernal. Et ils n'ont pu en fin de compte que continuer dans cette même lignée pour satisfaire les uns et les autres avouant implicitement dans l'affaire leur impuissance à imposer leur volonté aux dictats de certains clubs. Dans cette ambiance malsaine, des clubs devant normalement évoluer au milieu du tableau ont été contraints à lutter désespérément pour leur survie surtout avec cette cadence infernale en pleine canicule et à raison de deux matches par semaine. Avec cette décision de la FTF, on rend à César ce qui lui appartient en arrondissant les angles et en sauvant la face surtout à l'approche des élections…Une décision venue à temps car dans la journée Béja, le Kef, Zarzis étaient à deux doigts d'une implosion aux conséquences tragiques.
Mahmoud Ouertani (CAB) : «Mesure exceptionnelle pour circonstances exceptionnelles » Au vu des tensions exacerbées et de la contestation générale prévisible ayant prévalu ces derniers temps, pareille mesure est de nature à calmer les esprits et à faire désamorcer d'un cran une situation explosive à bord de la déflagration. Mais la FIFA en 2007 avait conseillé à la FTF de passer à 12 clubs car les moyens financiers ne nous permettaient pas de jouer déjà à 14. Exception faite de deux voire trois clubs arrivant tant bien que mal à tenir la cadence, tous les autres sont lourdement obérés et accusent des dettes faramineuses. Cette situation chaotique où nous nous débattons nous ne l'avons pas vue venir. Et vous savez pourquoi ? Tous simplement parce que personne ne peut se prévaloir et se targuer dans nos instances de la légitimité. C'est pratiquement l'état du non conformisme, du « non droit » au sein de notre FTF. D'où ce manque de coordination, de suivi cohérent et logique dans les idées, de respect des clubs qui ont pratiquement tous retiré leur confiance à cet organisme. Après les élections, une refonte radicale et sur des bases scientifiques est à entamer très rapidement avec concertation approfondie avec les spécialistes du domaine qui foisonnent et font légion dans le pays mais qui sont malheureusement ignorés avec superbe pour les raisons connues de tous et qu'il serait malheureux de citer tellement elles sont basses et dégradantes. On n'aurait pas dû en arriver là avec une décision prise « le couteau sur la gorge » par des fédéraux aux abois s'ils avaient dès la reprise de la compétition écouté nos conseils en optant pour le statu quo au classement avec notamment abolition de la relégation. Mais ne dit-on pas quelque part « mieux vaut tard que jamais ? ».
Gérard Buscher (ASM) : « Bénéfique pour tout le monde » Où est le problème en évoluant avec 16 équipes la saison prochaine ? Au contraire, je pense que cette approche, que j'ai toujours soutenue du reste, sera très positive sur le rendement des joueurs. Ils auront de la sorte plus de rythme et plus de compétitivité à faire prévaloir. Volet finances le problème ne se pose également pas du moment que les clubs de la nationale (B) sont parfois plus riches que ceux de la ligue 1. On voulait quelques part opter à une compétition à 10. Mais avec 8 confrontations à titre d'exemple EST-CA, l'affaire serait devenue à la limite lassante et dévalorisante pour les parties en présence. En Egypte, au Maroc et partout ailleurs on joue avec un nombre élevé de postulants, pourquoi pas ici alors ? D'ailleurs le compte est pratiquement le même car en plus des 26 matches officiels qu'on dispute habituellement jusque là, nous disputons une moyenne de 25 autres amicaux. Oui pour cette mesure qui nous empêcherait dorénavant de nous tourner les pouces durant de très longues périodes d'hibernation pour des motifs peu plausibles du reste.
Mohieddine Snoussi (ASG) : «Trop tard » Pareille mesure aurait dû être prise juste avec la reprise de la compétition. Elle nous aurait épargné bien des déboires, des calculs, des interventions, des recommandations. Maintenant que pire a failli se produire suite à des erreurs et des décisions « orientées » sciemment pour léser certains clubs sur recommandations expresses de ceux qui se reconnaitront, on a daigné finalement faire machine arrière devant la pression de la rue excédée par ces injustices criardes. Je me retire des sphères décisionnelles de l'ASG l'esprit tranquille et le sentiment du devoir accompli d'avoir tenu ma parole donnée le 24 avril 2009 à Tataouine de faire hisser nos couleurs en ligue 1 et de contribuer largement à les y maintenir. Place maintenant aux jeunes qui piaffent d'impatience pour prendre le flambeau et pour continuer le chemin balisé.
Ali Ouriemmi (ESZ) : « Pour faire baisser les tensions » Je suis contre le passage à 16 clubs et je l'ai fait savoir aux instances fédérales dans le questionnaire qu'ils nous ont adressé à ce propos. Mais les tensions étant très vives en cette fin d'exercice avec des foyers d'agitation pratiquement un peu partout au quotidien, on a voulu jouer la carte de l'apaisement en agissant de la sorte. Il est indéniable que bon nombre de clubs ont été lésés. Oui, Techniquement c'est faisable une compétition à 16, et nous devons faire progresser notre médecine sportive, améliorer le niveau de nous préparateurs physiques pour que le suivi des joueurs soit plus rigoureux et sur des bases scientifiques. Fini le temps de l'improvisation dans la préparation et la remise en condition des joueurs. ZJ [email protected] Ismaeil [email protected] amine [email protected]