L'Etat est le plus grand consommateur et il procède à des achats avec des prix compensés, ce qui n'est pas correct Le pouvoir d'achat des Tunisiens est constamment revu à la baisse depuis deux ans. Cela est, certes, dû à la conjoncture politique et socioéconomique difficile que connaît le pays, mais aussi à une politique économique qui manque de vision et qui n'a pas réussi à franchir plusieurs caps. Point de vue de l'ODC... Comment évaluez-vous la conjoncture économique actuelle? Aujourd'hui, on enregistre une tendance inflationniste, ce qui est grave et alarmant. En effet, le taux d'inflation est à hauteur de 6%, alors que la moyenne est autour de 3%. Ce taux est fortement dangereux et pour l'économie nationale, et pour le consommateur. A noter que la politique économique adoptée par l'Etat est l'une des principales causes de cette situation, notre gouvernement a opté pour une politique inflationniste. 60% du budget de l'Etat à titre de 2013 est réservé aux dépenses. L'Etat fait face également à un grave déficit budgétaire, il a fait recours à des excédés intérieurs en concluant des crédits au niveau national, d'autre part, et compte tenu de la dégradation de la notation souveraine de la Tunisie auprès des institutions financières internationales, le pays est désormais dans l'obligation de faire recours aux fonds monétaires mondiaux tel le FMI. Ces fonds imposent leurs lois et exigent des réformes sévères. Ce qui est de nature à contribuer à l'aggravation de la situation. Que pensez-vous de la dernière hausse des prix des carburants et de l'électricité? A rappeler d'abord que l'Etat avait procédé, au mois de septembre dernier, à des hausses de prix de certains produits de consommation. Nous considérons que ces nouvelles hausses sont catastrophiques. Les industriels et les prestataires de services vont réagir et augmenter à leur tour les prix de leurs produits et services. Nous considérons également que ces hausses sont injustifiées, sachant que lorsque l'Etat avait déterminé le budget de cette année, le coût d'un baril de pétrole sur le marché mondial était de 110 dollars. Aujourd'hui, le prix d'un baril est de 96 dollars. Quant à l'électricité, on sait que 80% des centrales électriques de la Steg fonctionnent par le gaz et 20% par le fioul lourd. Quelles solutions pour sauvegarder le pouvoir d'achat des Tunisiens? En Tunisie, 87% des produits commercialisés sont libres et leurs prix sont hors contrôle de l'Etat. L'ODC a appelé maintes fois à la révision du fonds de compensation. L'Etat est le plus grand consommateur et il procède à des achats avec des prix compensés, ce qui n'est pas correct. L'Etat ne doit pas profiter de la compensation. D'ailleurs, sur les 4, 4 millions de dinars relatifs aux prix compensés des carburants, l'Etat bénéficie de 2, 2 millions de dinars. Ceci dit, il est impératif, aujourd'hui, d'investir dans le secteur des énergies renouvelables. Dépenses et disparités régionales L'analyse régionale des résultats d'une enquête menée par l'Institut national de la statistique (INS) montre des disparités nettes entre les différentes régions du pays quant au niveau des dépenses moyennes. Les régions intérieures (régions ouest), et plus particulièrement le Centre-Ouest, enregistrent les niveaux de vie les plus faibles. Un résultat qu'on retrouve dans toutes les études sur l'économie tunisienne et qui s'explique par la rareté des opportunités économiques dans ces régions. Par contre, au Grand-Tunis, où l'essentiel des activités industrielles et de services sont concentrées, on enregistre les niveaux de dépenses par tête les plus élevés. Si on stratifie les ménages selon leur milieu de résidence, on remarque nettement l'influence du degré d'urbanisation sur le niveau des dépenses moyennes.