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Président de la haute instance du parti Al Joumhouri
Linvité du mardi : Ahmed Néjib Chebbi,
Publié dans Le Temps le 15 - 01 - 2013

“La Tunisie dépense ses ressources propres dans la consommation et emprunte pour financer le développement et rembourser sa dette"
Une année commence sans que notre économie sache dans quelle voie s'engager, mais le plus important est que la situation économique est probablement devenue intenable. L'économie nationale continue de jouer les double-face.
Une face lumineuse vue par le gouvernement qui a tendance à faire cavalier seul sur les dossiers épineux, nous annonce une sortie de crise et une face plutôt ternie vue par certains économistes et observateurs qui ne perçoivent pas des signes de reprise pour l'année 2013. Plusieurs raisons permettent d'en douter de la véracité de cette esquisse de sortie. Les ingrédients sociaux qui ont poussé les Tunisiens à se révolter sont presque les mêmes : chômage, pauvreté, baisse permanente du pouvoir d'achat, corruption et inégalités flagrantes inter-régionales. D'ailleurs, la loi de finances 2013 récemment approuvée est loin de faire l'unanimité pour nombre de commentateurs et économistes qui prédisent un sort funeste en lui opposant des griefs comme l'inégalité fiscale pour les uns et la dérive de la dette publique qui menace l'indépendance du pays pour les autres...L'exercice 2013 nous met à une rude épreuve compte tenu des pressions budgétaires, des aléas exogènes et de l'invisibilité politique. Où sommes-nous par rapport aux mesures socio-économiques révolutionnaires qui devraient être engagées pour répondre aux aspirations de Monsieur Lambda, des investisseurs et de l'ensemble des acteurs économiques du pays. Tant de questions, trop de flous qui ont besoin de réponses politiques nous ont amenés d'aller à la rencontre de Néjib Chebbi, qui s'est plié avec courtoisie à notre interview, pour nous dire ouvertement ce qu'il en est, nous confier aussi ses appréhensions et nous livrer ses suggestions sur nombre d'interrogations qui préoccupent vivement le pays et auxquelles notre invité tente d'apporter quelques idées. Interview...
❏ Quelles sont les spécificités de la loi de finances 2013? Après les défaillances de la loi antérieure, qu'en est-il de celle de 2013 d'autant plus qu'elle a été approuvée à la hâte. La loi de finances 2013 a suscité trop de controverses qu'en pensez-vous ?
- Il est clair que cette loi se caractérise par une hausse des prélèvements fiscaux. Une hausse de 20,6% des impôts sur les revenus et une hausse de 18,5% des impôts indirects dont la TVA (Taxe sur la valeur ajoutée) qui va augmenter de plus de 15%. Ceci engendre une hausse de la pression fiscale qui pèse sur les salariés et sur les consommateurs. Deuxième caractéristique de la loi de finances pour l'année 2013, le budget de fonctionnement qui enregistre un accroissement de 14,8% va absorber la majorité des recettes fiscales. En effet, 16, 9 milliards de dinars vont être totalement avalés par les traitements de salaires, budgétisés à 12 milliards de dinars et par la Caisse Générale de Compensation (CGC) budgétisée à 5 milliards de dinars. Les ressources propres de l'Etat qui sont estimées à quelque 20 milliards de dinars, ont enregistré un accroissement de 1,2% au titre de l'exercice 2013. S'agissant des ressources non fiscales, elles ne dépassent pas les 3 milliards 225 millions de dinars, ce qui est absolument insuffisant pour le financement de l'investissement estimé à 5,5 milliards de dinars et le paiement du service de la dette. Par ailleurs, le budget de l'Etat prévoit des emprunts intérieurs et extérieurs de l'ordre de 6,5 milliards de dinars. Ainsi, la Tunisie dépense ses ressources propres dans la consommation et se trouve obligée d'emprunter pour financer le développement et rembourser sa dette.
Autres caractéristiques de la loi de finances 2013, le recul affaissant du budget de développement qui sera inférieur à celui de 2012 de 14,1%. Par ricochet, c'est une loi qui favorise l'élargissement du déficit budgétaire et augmente l'endettement du pays toujours à des fins de consommation. La loi de Finances 2013 procède de la même démarche et de la même manière que les lois antérieures. Aucune rupture avec le passé, au contraire les équilibres intérieurs se détériorent au profit de la consommation. Pour conclure, on comprend qu'on ne peut pas espérer une amélioration de la conjoncture économique pour l'année en cours. Il faudrait moins de slogans idéologiques et plus de politiques économiques.
❏ Le même schéma de développement de l'année écoulée est reconduit. Pis encore, la loi de finances 2013 prévoit la baisse des dépenses de développement. Le social est toujours mal loti, serait-il l'éternel frustré ?
- Je ne peux pas dire que le social est sacrifié, vu le caractère consommateur de ce budget. On prévoit le recrutement de 23000 agents de l'Etat qui va coûter au budget quelque 2 milliards de dinars. Une enveloppe qui aurait pu être investie dans le financement des grands projets d'infrastructure et la création des emplois productifs. Par ailleurs, la Caisse générale de compensation (CGC), notamment à travers la rubrique carburant représente une contrainte puisqu'elle absorbe quelque 5 milliards de dinars, soit le 1⁄4 des ressources propres de l'Etat. Il n'est pas facile de résoudre la question de compensation. Il faut réunir une conférence nationale autour de cette problématique afin de présenter une stratégie de sortie de cet engrenage surtout que le pouvoir d'achat du consommateur ne peut supporter une libéralisation des prix. La question de caisse de compensation, est une question épineuse qui ne peut pas avoir de solutions que sur le très long terme.
Donc, le budget de l'Etat 2013 répond à des impératifs de politiques sociales teintées de démagogie, ce qui handicape l'avenir du pays dans la mesure où la loi de finances nous met dans un engrenage de surendettement, dans un cercle vicieux qui sacrifie l'investissement pour favoriser la consommation. Cette politique laxiste contribuera à la hausse des prix. Et comme l'atteste le dernier chiffre de l'INS, le taux d'inflation est situé au niveau de 5,9%. Or la poursuite d'une politique inflationniste alourdit d'autres facteurs d'où l'inflation importée, la dépréciation du cours du dinar, la déréglementation des circuits de distribution et l'évasion des produits vers les marchés de biens. A ceux-là s'ajoute la nouvelle charge fiscale qui sape principalement les salariés et les consommateurs. Chose qui ne contribuera pas à alléger la cherté de la vie qui pèse sur la classe moyenne.
Où nous en sommes vis-à-vis la lutte contre l'évasion fiscale, le blanchiment d'argent et la corruption, principales entraves à l'œuvre du développement et de croissance en Tunisie ?
Il s'agit là de fléaux qui frappent toutes les économies. Il faut une somme d'efforts particuliers pour endiguer le poids de ces phénomènes. Mais pour ce qui est de l'évasion fiscale, il y a un grand problème en Tunisie c'est celui du secteur informel. Un secteur important de l'économie et qui reflète la fragilité du tissu économique. Il y a également le problème du régime forfaitaire, où les bénéficiaires ne s'acquittent toujours pas de la part qui leur est due dans les recettes de l'Etat. Il n'y a pas que les fonctions libérales qui sont concernées, il y a également les petits commerces, les petites unités, les artisans...la question d'évasion fiscale tout comme les autres phénomènes exigent de grandes politiques de réformes fiscales à engager par l'Etat. Je pense que cela concerne le gouvernement. C'est une question de temps et de volonté politique. Le temps imparti à une phase de transition est très limité, ça sera donc du ressort du prochain gouvernement de traiter ces questions épineuses.
❏ Y-a-t-il vraiment une indépendance ou encore une prise de décision souveraine entre le législatif et l'exécutif en matière économique ?
- Le rapport entre le législatif et l'exécutif dans le domaine économique comme dans les autres domaines demeure marqué par la volonté de l'exécutif et ce, grâce au fonctionnement de la majorité mécanique mais aussi en raison d'une direction défectueuse de la part de la présidence de l'Assemblée. Il n'y a pas de véritables débats à l'ANC.
Avant la Révolution, les différents ministres prenaient la peine de présenter aux députés le budget de leurs ministères et les députés discutaient en plénière avant de passer aux votes. Aujourd'hui, nos ministres ne daignent même pas se déplacer.
Leur budget respectif est voté par oui ou par un non en appuyant sur le bouton électronique. Le budget est présenté globalement par le Chef du gouvernement, son discours est suivi par une litanie de commentaires parcellaires. Nous pouvons mettre cela sur le compte d'absence de culture de débat. Espérons que cela changera dans le prochain parlement.
❏ Les conflits politiques et la recrudescence de la violence politique ne font que saborder la relance économique. L'investissement et le tourisme, sont les premiers perdants de la partie. Que préconisez-vous pour juguler ce phénomène surtout que les échéances attendues s'annoncent chaudes?
- Il est vrai que la détérioration de la situation sécuritaire a découragé l'investissement local et étranger et a causé depuis le 14 septembre un arrêt du flux touristique vers notre pays. Un remaniement à la tête du ministère de l'Intérieur est absolument nécessaire pour redonner aux forces de l'Ordre leur efficience sur le terrain. En phase de transition, ce ministère doit être confié à une personnalité compétente et politiquement neutre.
A cela il faudrait ajouter une action résolue pour dissoudre et poursuivre les milices qui se sont rendu coupables d'actes d'agressions graves notamment, contre le siège central de l'UGTT le 4 décembre dernier. A Djerba, le 22 décembre et à Tataouine. Il va sans dire que les mesures sécuritaires à elles seules ne pourraient suffire et qu'il faudrait engager, pour sécuriser le pays, une politique économique et sociale d'envergure pour répondre aux attentes des Tunisiens. On ne peut pas empêcher les sit-in et les manifestations de colère si les jeunes ne perçoivent pas les signes d'une nouvelle orientation qui rompt avec le passé et répond à leurs attentes légitimes.
La relance de l'investissement est tributaire de l'assainissement du climat politique. Il faudrait pour cela donner une visibilité au pays, C'est-à-dire, marquer la fin de cette phase de transition et ce, par l'organisation des élections libres dans un climat serein, qui donneront au pays les institutions durables et le gouvernement qui s'attellera à la réalisation du programme de relance.


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