Sur un ton émotif et sincère et à cœur ouvert, Hamadi Jebali, chef du gouvernement démissionnaire, a tiré, hier soir, définitivement sa révérence dans une brève allocution diffusée par la TV nationale. «Je m'adresse au peuple, d'abord, pour éclaircir et réaffirmer que ce fut un grand honneur pour moi d'avoir été le chef du premier gouvernement après la révolution. J'ai cherché à réformer et j'ai présenté mon initiative en vue de rectifier les erreurs commises, erreurs propres à toute action humaine. Je reste convaincu que mon initiative relative à un gouvernement de compétences apolitiques est toujours la meilleure voie en vue de réaliser les priorités suivantes : emploi, restauration de la sécurité, développement, organisation le plus rapidement possible des élections générales et lutte contre la cherté de la vie. Malheureusement, mon initiative n'a pas rencontré le soutien politique auquel je m'attendais. Jai fini par présenter ma démission au président de la République. Il m'est difficile d'accepter la proposition de mon parti d'être son candidat en vue de constituer le prochain gouvernement. Mon refus ne relève pas de l'entêtement. Je ne vois pas plutôt de chances d'y réussir. J'ai décliné l'offre de mon parti car je reste persuadé qu'une autre solution est possible : un gouvernement de compétences indépendantes soutenu par tous les partis politiques, loin des tiraillements», a-t-il, notamment, souligné en prélude. Et Jebali de poursuivre : «Ensuite, j'assume, moi-même, en premier lieu, la responsabilité de l'échec de mon initiative. Les membres du gouvernement, les partis politiques, plus particulièrement, ceux qui ont participé à la rencontre de négociations tenue vendredi dernier, ont aussi leur part de responsabilité. Nous sommes tous responsables, y compris les médias, là je n'accuse personne. Aux journalistes, je demande : ayez pitié du citoyen, n'aggravez pas davantage la situation et ne jetez pas de l'huile sur le feu. Quant aux parties syndicales, je leur rappelle que la Tunisie mérite une trêve sociale de huit mois. Les hommes d'affaires et les investisseurs sont également responsables de ce qui s'est passé. Ils ne devaient pas trop attendre, mais il fallait leur réunir les conditions pour qu'ils agissent. Je m'adresse, d'autre part, aux pays frères et amis, pour leur demander de soutenir notre expérience en nous prodiguant les conseils qu'il faut et en s'abstenant de s'ingérer dans nos affaires intérieures». Le troisième et dernier axe de l'intervention du chef du gouvernement a été consacré aux excuses et aux espoirs quant à l'avenir. Jebali conclut : «Je remercie notre armée républicaine, nos forces de sécurité qui se sacrifient pour assumer leurs fonctions. Je présente au peuple mes excuses. J'ai déçu les espoirs qui étaient placés en ma personne. Toutefois, je suis toujours optimiste. La révolution a triomphé. Nous sommes un grand peuple. Tous les Tunisiens finiront par reprendre la voie de la raison».