Les Keffois n'ont pas su négocier comme il se doit leur match face aux «Sang et Or». Leur avenir en Ligue 1 est plus que compromis. Il y avait quelques larmes vite essuyées et des premiers signes d'effondrement et de résignation dans les vestiaires keffois après le dernier coup de sifflet de M. Kordi et la lourde défaite face à l'Espérance. L'OK est plus que jamais dos au mur et ses chances de maintien sont de plus en plus minces. Tarek Touhami est le premier à reconnaître la gravité d'une situation dont il n'est pas responsable. «Je ne me faisais pas trop d'illusions quant à l'issue de ce match, avoue-t-il, car il est tombé pour nous au plus mauvais des moments. Maher Kanzari avait besoin autant que nous des trois points et on ne lui pardonnerait pas un deuxième revers d'affilée. Avec le potentiel et la qualité des joueurs qu'il a à sa disposition, sa tâche a été plus facile que la nôtre et la pression moins lourde». Une entame de match ratée C'est vrai que sur le papier, la balance des forces penchait largement en faveur des «Sang et Or» mais force est de constater que les «Rouge et Noir» ont, par une entrée en matière catastrophique sur le terrain, facilité davantage la mission de leurs adversaires du jour. Certes, ce duel n'était pas à coup sûr équilibré mais il aurait pu être indécis jusqu'à la dernière minute. Or il fut scellé dès le premier quart d'heure. La stratégie de départ avec un bloc défensif très bas et une ligne arrière à cinq éléments renforcée dans l'axe par la titularisation de Aymen Mouelhi aux côtés de la paire Kammoun-Chelbi n'a pas été un bon choix. Cette nouvelle formule a été choisie aux dépens et au détriment d'un compartiment-clé, l'entrejeu, qui s'est trouvé pratiquement dégarni avec un seul joueur récupérateur, Hamza Jellabi. Le quatuor restant du onze rentrant était composé de deux joueurs de création et d'animation offensive (Ben Fadhl et Ben Hamed) et de deux attaquants de pointe (Trabelsi et Aouichaoui). Ce fossé, ce boulevard entre un bloc défensif très bas et un compartiment offensif isolé à plus de 30 mètres, a créé un net déséquilibre au milieu, beaucoup d'espaces et une zone pratiquement déserte que l'Espérance a très vite occupée, exerçant un pressing haut et serrant l'étau autour de l'arrière-garde locale d'entrée. Première minute de jeu, première action «sang et or», premier corner et premier but comme dans un rêve. Rebelote dix minutes après quand Blaïli, l'artiste, sonne le glas de la défense keffoise en expédiant sur coup de pied arrêté un véritable bolide sous la barre de Ammouri. Sur la ligne de touche, Tarek Touhami constate l'immensité des dégâts et du gâchis tactique et opère le changement qu'il faut en faisant sortir l'arrière central de trop (Mouelhi) et en faisant entrer un milieu de terrain (Gelson Silva). Trop tard car le verdict était tombé comme un couperet et les carottes étaient bel et bien cuites. Le technicien keffois assume la responsabilité de ce passage à côté de la plaque: «C'est un choix forcé et non délibéré car jouer avec un seul récupérateur contre l'Espérance est une stratégie suicidaire. Nos trois meilleurs joueurs récupérateurs (Touati, Bousselmi et Adnène Lâabidi), qui excellent dans le ratissage au milieu et le marquage à la culotte des joueurs-clés de l'entrejeu adverse tels que Blaïli et Iheb Msakni, étaient absents. Nous n'avions pas, moi et Wissam, de véritables solutions de rechange dans la formation du jour avec quatre attaquants ou presque sur les 7 remplaçants. Peut-être que ça aurait pu marcher avec d'autres équipes et qu'on aurait pu s'en sortir quand même, mais face à l'Espérance, avec de telles défaillances, c'était impossible. N'oublions pas qu'au match aller, l'OK au grand complet a tenu tête à l'EST plus de soixante-dix minutes avant de s'incliner. C'est pourquoi, j'ai dit et je redis que ce match était tombé pour nous au plus mauvais moment.» L'expérience a fait la différence Revenus à 2 à 1 avant la mi-temps grâce à un exploit technique individuel de Ben Fadhl, les Olympiens n'ont même pas eu le temps de savourer ce retour dans le match, puisqu'ils encaissent dans la minute qui suit un troisième but qui a pratiquement tué la partie. Deux gestes techniques parfaits qui ne peuvent qu'émaner que de joueurs de gros calibre : Iheb Msakni avec sa passe au millimètre dans un mouchoir et Haïthem Jouini avec son contrôle orienté et sa reprise de volée imparable. Le même Jouini inscrit le quatrième but sur exploit individuel qui témoigne de la suprématie de l'Espérance et de l'écart dans le résultat et la manière qui la sépare de son adversaire. L'OK a encore un joli bout de chemin à faire pour arriver à rivaliser avec les grosses écuries de notre football. Tournera-t-il très vite la page de cette triste mésaventure et saura-t-il bien négocier les quatre rencontres décisives qui restent ? Seul l'avenir le dira. Même si Tarek Touhami préfère conclure sur une note optimiste et refuse toute attitude défaitiste. «Dans ma longue carrière de joueur, j'ai appris deux bonnes choses qui me sont restées à l'esprit : on ne vend jamais la peau de l'ours avant de l'avoir tué et on ne capitule jamais tant qu'il y a un brin d'espoir de s'en sortir. La défaite de dimanche nous met dans de mauvais draps et compromet nous chances de sauver notre place parmi l'élite, mais le foot n'est pas une science exacte et, en 4 matches, tout peut se produire, même les scénarios et les concours de circonstances que personne n'ose imaginer à tête reposée. Nous sommes à trois points de l'ESZ, notre prochain adversaire, et à deux points de l'OB, et mathématiquement, rien n'est encore joué. Sur un seul match, toutes les données peuvent changer...» A condition, bien entendu, de tirer tous les enseignements tactiques de ce match face aux «Sang et Or» et ils sont nombreux. A condition aussi de ne pas perdre les pédales et de continuer à y croire dur comme fer.