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Fillettes en danger
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 05 - 03 - 2013


Par Danièle CHAUCHIX-STAMBOULI
Depuis la Révolution/Révolte, les enfants demeurent témoins sinon victimes de violence. A leur insu, ils ont perdu, au cours du processus insurrectionnel, une part de leur innocence... de leur enfance. Ni enfants, ni adultes, les voilà en grand nombre aujourd'hui ! Psys de toute discipline, enseignants/tes, membres d'associations, s'accordent pour constater cet état de certains parmi eux porteurs d'instabilité, d'angoisses, de fragilité. Cependant, aucune statistique n'a été publiée sur ces pathologies diverses. Pas davantage sur la récurrence ou la rémission de celles-ci selon le genre, l'âge ou l'appartenance sociale de l'enfant-fille ou garçon. Alors, pourquoi ce titre «Fillettes en danger» ? Pourquoi convoquer un sexe plutôt qu'un autre ? Et là, force est d'évoquer une série d'observations, constats, scènes appréhendées dans la rue ou des espaces publics... à vous paralyser tellement la violence infligée à certaines fillettes vous fige et vous fixe dans une indignation et une répugnance sans mot ! Bouche cousue, restons-nous, hélas ! De fait, voici des fillettes voilées, bientôt ensevelies sous un niqab, tristes petits clowns déguisés en vêtements infâmes.
Indignation : ces enfants, sous influence, flattées et manipulées dès l'âge de 4-5 ans par leur entourage familial et le discours obscurantiste distillé ne disposent d'aucun recours contre la décision parentale. N'étant nullement sujet, l'enfant devient objet des obsessions et convictions d'autrui. Dans une société patriarcale, la loi du père, souvent relayée par la mère, fait foi. Pas d'objection, pas de discussion : soumission intégrale. Le moi de l'enfant n'existe pas : nié, écrasé déjà. Et si d'aventure, par un interstice (un impensé), la fillette se rebiffait ou s'étonnait, on imagine les menaces psychologiques sinon physiques à son encontre. De plus, l'identification à la mère elle-même voilée ou «niqabée» rend impossible un quelconque refus filial. Au contraire, la fillette acceptera d'autant plus aisément sa tenue vestimentaire présentée comme islamique qu'elle aura l'illusion – entretenue — d'accéder au monde des femmes adultes, c'est-à-dire qu'elle fera l'impasse sur son enfance, sur un développement physique, mental, psychologique «normal», évolutif : jeux interdits, exercices physiques, sports considérés comme «haram».
Ton corps emprisonné fillette, c'est le garant de ta sécurité, de ta vertu ! De quelles pathologies ces fillettes «bâchées» vont-elles souffrir à l'approche des mois d'été ? Transpiration, maladies cutanées, surpoids, etc. Si, par chance, quelques-unes d'entre elles iront à la plage, quel bénéfice, quel plaisir retireront-elles, encagées sous des épaisseurs collant à leur peau, entravant leurs gestes ?
Répugnance : quelle citoyenne tunisienne une fillette ainsi marquée va-t-elle produire ? Va-t-elle décider de son choix de vie ? Pourra-elle devenir sujet et être partie prenante du destin collectif de son pays ? Car le but réel, sous cette mise sous voile précoce, se résume à soustraire l'enfant au féminin de la vie publique le plus rapidement possible, au besoin de l'école (sauf coranique), c'est-à-dire de l'abstraire de son histoire personnelle et nationale, sa parole n'ayant aucune valeur dans le champ citoyen. Soyons clairs : retirer à la femme sa capacité à élaborer un discours signifiant sur elle et sur sa société, voilà l'objectif ultime et affiché des obscurantistes. La réduire à nouveau à sa seule fonction de reproductrice dans le caché, dans le dissimulé, dans la honte, voilà leur «programme». Objet sexuel, mise sur le marché matrimonial dès l'âge de 12 ans et même pour les charlatans de la doxa dès huit ans, l'existence de la fille se ramènera à un marchandage incessant, virulent sur ses atouts supposés dans les délais les plus brefs. Cette mise sous tutelle, défiant Loi et Raison équivaut à une mise à mort. Ainsi, les salafistes/obscurantistes cherchent-ils à oblitérer des décennies de luttes d'émancipation féminine et, bien sûr, éraser le CSP. Au-delà des pratiques de ré-enfermement des fillettes et du discours réactionnaire diffusé et propagé par les franges extrémistes du pays, c'est le futur de la Tunisie qui se dessine sous nos yeux sur un mode irrationnel et oppressif. Alors, un seul impératif doit nous animer. Exigeons des partis politiques progressistes, de la société civile, des associations, qu'ils condamnent paroles et pratiques discriminatoires à l'égard des fillettes. Obligeons le pouvoir à sanctionner les parents : qu'aucune enfant ne franchisse le seuil de l'école voilée : son audition est affectée, sa communication avec son instituteur/trice et ses camarades annulée, sa participation entravée : quels messages, quels savoirs peut-elle appréhender et retenir empêtrée dans les voiles de la honte et d'elle-même ? Nous récusons l'objection à l'interpellation du pouvoir car lui seul fait respecter la Loi, lui seul gère la vie privée par l'intermédiaire du CSP fondé sur le respect et l'égalité des sexes. C'est l'Etat, en Tunisie comme ailleurs dans le monde, qui régit le droit de la famille. Si des parents s'obstinent à envoyer leurs fillettes voilées à l'école ou les en retirent, qu'ils soient poursuivis par la justice, comme ce fut le cas en Grande-Bretagne au début du XXe siècle. Un corps de contrôleurs fut créé pour s'assurer de la présence ou non des enfants à l'école, se rendant au besoin au domicile des parents fautifs... Au nom des fillettes, au nom de la dignité et de l'égalité, au nom des conventions internationales signées et ratifiées par la Tunisie, au nom de l'amour à porter aux enfants sans discrimination de sexe, dénonçons des conceptions et actions rétrogrades hypothéquant l'avenir des fillettes et de la société tout entière. Opposons à jamais à ces pauvres fillettes de rose vêtues et voilées, en pleurs, la main paternaliste d'un prédicateur sur l'épaule de l'une d'entre elles (élue, choisie ?) à Zarzis à Nairouz Belaid, fillette aux yeux grands ouverts sur la foule, le monde, image d'une enfant magnifique, symbole de toutes les possibilités, de tous les courages pour l'édification d'une Tunisie débarrassée de la barbarie qui l'a meurtrie, elle, sa jeune sœur comme elle atteint tant d'autres fillettes anonymes.


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