Des agriculteurs de la délégation d'El Battan ont manifesté devant le ministère de l'Agriculture, le 11 mars à Tunis, pour protester contre la nouvelle tarification des eaux d'irrigation. Une réunion a eu lieu le même jour entre l'Union locale de l'agriculture et de la pêche (Ulap) d'el Battan et le ministère, mais n'a pas abouti à un accord faisant l'unanimité au sein des agriculteurs. Plusieurs dizaines d'agriculteurs de la délégation d'El Battan, gouvernorat de La Manouba, ont manifesté toute la journée du lundi devant le siège du ministère de l'Agriculture à Tunis. La raison de leur mécontentement: la tarification des eaux d'irrigation. Les agriculteurs doivent désormais payer 38 millimes par m3 d'eau, en plus d'une taxe annuelle fixée à 227DT par hectare. L'ancien tarif était de 140 millimes le m3, mais sans taxe additionnelle. Les manifestants estiment que les nouveaux tarifs sont élevés et injustes car ils les obligent à payer d'office une facture, même quand il n'y a pas de consommation d'eau. Pour pouvoir couvrir les dépenses, plusieurs agriculteurs seront obligés de cultiver leur terre chaque année. « Le sol est un milieu vivant. Il faut le laisser se régénérer au moins un an sur deux sinon il perdra toutes ses richesses », s'inquiète un agriculteur. Certains cultivateurs jugent que l'eau à El Battan coûte cher, comparée à d'autres régions. « A Nabeul, par exemple, le m3 coûte uniquement 35 millimes. Pourtant, contrairement à El Battan, l'eau ne provient pas d'un barrage à proximité de la région, mais est acheminée via des canaux de plusieurs centaines de kilomètres », s'indigne un agriculteur. Les protestataires revendiquent la fixation d'un prix unique de 76 millimes par m3 et d'enlever la taxe. Accord sous pression Une réunion a eu lieu le jour de la manifestation entre le ministre de l'Agriculture, Mohamed Ben Salem, le président de l'Utap, Ahmed Hnaider Jarallah et des représentants de différentes directions générales du ministère de l'Agriculture, de l'Urap Manouba et de l'Ulap Battan. Le ministère a fait une nouvelle proposition, soit un tarif de 65 millimes le mètre cube d'eau en plus d'une taxe annuelle de 75DT, qui augmentera chaque année pour arriver à 245DT dans dix ans. Aucune des deux propositions n'a fait l'unanimité au sein des agriculteurs. « Nous ne sommes pas satisfaits, mais nous serions contraints d'accepter si nous voulons sauver nos cultures», a déclaré Mohamed Gharsellaoui, président de l'Ulap El Battan. 4.500 ha de terres ont été cultivés en tomates et en pommes de terre, mais il n'y a pas d'eau pour les irriguer parce que l'ancienne station de pompage est en panne et n'a pas été réparée par le ministère et le commissariat régional au développement agricole (Crda). De nouvelles installations pour l'irrigation ont été mises en place dans le cadre du projet de modernisation de la zone irrigué d'El Battan -Méhrin, mais le ministère de l'Agriculture attend l'application de la nouvelle tarification pour permettre leur utilisation. Selon Saad Seddik, directeur général du Génie rural, l'eau est disponible pour tous ceux qui acceptent les nouveaux tarifs et signent leur contrat avec le Crda. Les agriculteurs menacent de faire grève pour contester les nouvelles mesures. Entre-temps, les cultures risquent d'être perdues si aucun accord n'est conclu dans les jours qui viennent. Note : aux dernières nouvelles, deux secteurs sur trois à El Battan ont à nouveau de l'eau en provenance de l'ancienne station de pompage, et ce, depuis la matinée du 12 mars 2013. Une réunion est en cours au sein de l'Ulap pour décider des actions à entreprendre.