Par Zouheïr EL KADHI(*) Aujourd'hui, chacun s'accorde à reconnaître que notre économie est en panne, accumule des faiblesses et demande des actions concrètes et efficaces. La question est donc de savoir comment obtenir une croissance qui favorise une économie de qualité ? Dans ces conditions, quelle est l'action prioritaire à mener pour améliorer la productivité globale? A vrai dire, il n'y a pas une action unique mais il s'agit d'un ensemble d'orientations qui procèdent d'un même esprit : celui du travail et de la productivité pour assurer les ressources d'un pays en mutation. Ces orientations ont pour ambition de donner du souffle à notre économie parce qu'au final le résultat de l'économie n'est pas une quantité fixée. Le PIB dépend de notre travail, notre compétitivité dépend de notre travail, nos résultats à l'exportation dépendent de notre travail. Afin de participer à cet effort, plusieurs actions de politique économique mériteraient d'être entreprises pour relever ces défis. On se contentera ici de quelques propositions simples qui se déclinent en quatre directions : Premièrement, la productivité consistant à faire plus avec moins, il faut tirer parti de toutes les ressources des techniques nouvelles. Deuxièmement, la productivité exige également des changements de modes d'organisation. Nos manières de travailler demeurent souvent archaïques alors que la révolution des nouvelles techniques de l'information et de la communication permet de donner à chaque acteur les moyens d'agir en responsable et d'utiliser au mieux les biens rares et l'argent. Les changements d'organisation ne concernent pas seulement les entreprises mais sont nécessaires partout, au niveau de l'Etat, de l'éducation nationale, des collectivités publiques. De nombreux organismes, trop habitués à croire que parce qu'ils sont ou se jugent indispensables, les dépenses qu'ils programment doivent être couvertes en priorité. La règle selon laquelle on ne peut pas consommer indéfiniment plus de richesses qu'on en produit vaut pour tout le monde. Troisièmement, la productivité, faire plus avec moins, consiste aussi à accroître la qualité, si possible à prix constant. Cette exigence passe par la formation, le sens du service rendu, le goût de la compétition pour se comparer aux meilleurs. C'est ce que doivent surtout comprendre nos administrations car la bonne qualité est synonyme de durée. Enfin, la productivité progressant, les changements qui en résultent bousculent les situations acquises, les structures en place, les habitudes. Elle doit donc s'accompagner d'une politique permanente d'adaptation des hommes et des organisations. Au final, sachons être pragmatiques. Il faut réagir pour accroître l'efficacité globale du fonctionnement de notre pays dans toutes ses dimensions. Il semble déterminant pour notre pays de retrouver une forte croissance de la productivité du travail. Notre niveau de vie futur en dépend. Pour ce faire, une politique générale de productivité et de qualité devrait contribuer à persuader les gens que demain peut être meilleur qu'aujourd'hui, avec une approche de la croissance fondée sur la réalité des comptes et des coûts globaux. Nous devons miser sur la productivité que tout un chacun peut apporter à son entreprise ou à son administration, ce qui, à mes yeux, constitue le principal moyen pour permettre d'inverser la pente du déclin du pays et donc éviter la paupérisation. La Tunisie a avant tout besoin d'une population déployant son énergie sans se retenir par des arrière-pensées dues à une méfiance entre nous. Plus que jamais, dans le monde tel qu'il est, c'est au contraire la confiance qui fait la différence.