Entre 50 et 70 mille personnes sont attendues au Forum social mondial qui se tiendra du 26 au 30 mars à Tunis. La 11e édition aura pour cadre l'enceinte étendue du Campus universitaire El Manar. Un événement exceptionnel organisé pour la première fois dans un pays arabe qui réunira comme à l'accoutumée les altermondialistes du monde. De différentes sources, des personnalités sont annoncées dans cette rencontre planétaire, sans que nous ayons pu obtenir des confirmations. Parmi les noms cités, mais non confirmés, Lula da Silva, l'ex-président brésilien, Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix en 2006, économiste et entrepreneur bangladais, connu pour avoir fondé la première institution de microcrédit. Nawal Saadaoui, psychiatre, écrivaine et féministe, est déjà parmi nous. L'épouse de Marouane Bargouhti, le dirigeant palestinien prisonnier est attendue avec d'autres femmes palestiniennes, les militantes de la marche mondiale des femmes seront également présentes. C'est au cours du Forum social mondial (FSM) Dakar en 2011 que la Tunisie a été proposée pour accueillir la prochaine édition. C'est désormais chose acquise. Plus que quelques jours nous séparent de la tenue de cette grand-messe qui revendique qu'un «autre monde» est possible. Pas d'ordre du jour rigide pour le FSM tunisien, les activités se dénombrent par centaines, la participation étant libre et ouverte aux associations, les Tunisiens, réseaux associatifs et militants ont répondu à l'appel. Les axes thématiques du FSM 2013 sont de l'ordre de onze. Citons aléatoirement quelques titres ou quelques idéaux : pour la construction de nouveaux universalismes pour un processus démocratique d'intégration et d'unions entre les peuples. Le Forum mondial créé en janvier 2001, à Porto Alegre au Brésil, se propose d'être le pendant antagoniste du Forum économique mondial de Davos (Suisse). Parfaitement décentralisé, il est un espace mondial de réflexion, de débat et de visions alternatives. L'édition tunisienne se propose d'être une mise à jour du réseau parlementaire mondial, avec la perspective de la création d'un volet maghrébin. Un FSM non partisan Si l'on déplore, à quelques jours de la tenue du FSM, une médiatisation défaillante, les associations tunisiennes se sont, elles, inscrites massivement pour y prendre part. Plus de 2.700 organisations ont été enregistrées pour y participer. Le nombre de propositions d'activités auto-organisées atteint presque le chiffre de 1.500. Des tables rondes, ateliers, expositions, séminaires sont prévus sur les quatre jours des assises ... L'Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd), et l'Ugtt font partie avec d'autres organismes locaux du comité organisateur. A travers leurs structures régionales, ils ont pesé pour lever une forte mobilisation pour l'événement. Le FSM se caractérise par sa diversité et sa neutralité, la version Made in Tunisia ne déroge pas à la règle. Il se veut libre de toute obédience partisane, qu'elle soit politique, confessionnelle ou gouvernementale. Cet événement qui s'est choisi la Terre entière pour logis, après Porto Alegre, le FSM s'est réuni dans plusieurs villes du monde, de Bombay à Caracas, en passant par Dakar. La session de Tunis, s'inscrivant sous le slogan de la dignité, revêt par contre une forte charge symbolique, jamais celle-ci n'aurait pu avoir lieu sans la révolution du 14 janvier. Ce forum intrinsèquement inclusif promet donc d'assurer la tenue de dialogues riches en perspectives avec des thématiques et problématiques diverses. L'organisation s'est dispatchée en onze commissions dont celle de la Femme, de la Culture et des Jeunes. Cette dernière est chargée d'identifier et proposer au comité d'organisation des thèmes de discussions en rapport avec les problèmes que vivent les jeunes, tels que l'éducation, l'emploi et l'émigration. Il faut savoir que le Forum social mondial a fait des petits, dont le FSM tunisien qui date du début des années 2000. Comme on peut aisément l'imaginer, il a été toujours difficile de tenir des réunions, seule une assemblée générale a pu se tenir en 2006. Même chose pour le Forum social maghrébin. Désormais libres, ces espaces ouverts et solidaires adoptent la même charte du Forum social mondial, en refusant un monde financiarisé à l'extrême, quadrillé par le diktat du capital. Ils se battent pour mettre en lumière la face cachée de la Terre, celle qui souffre de l'extrême pauvreté et de l'oppression. Le Forum social mondial 2013 enrobé de jasmin cette fois-ci est là pour dire que rien n'est vraiment une fatalité.