Le Forum Social Mondial est un espace de débat démocratique d'idées, d'approfondissement de la réflexion, de formulation de propositions, d'échange d'expériences et d'articulation de mouvements sociaux, réseaux et d'autres organisations de la société civile qui s'opposent au néo-libéralisme et à la domination du monde par le capital et par toute forme d'impérialisme. A la première rencontre mondiale de 2001 a succédé un processus mondial de recherche et de construction d'alternatives aux politiques néo-libérales. Le prochain Forum social mondial aura lieu à Tunis du 26 au 30 mars. C'est dans ce cadre que le comité d'organisation de ce forum s'est réuni dernièrement au centre culturel international de Hammamet en vue de faire le point sur l'état d'avancement des préparatifs et du dispositif local d'organisation de ce forum. Cette réunion rehaussée par la présence de 15 pays vise essentiellement une large concertation Moheddine Cherbib du comité pour le respect des libertés et des droits de l'homme en Tunisie et membre du comité d'organisation de ce forum nous a précisé que 800 associations tunisiennes prendront par à ce forum mondial . « 1400 activités vont se dérouler lors de cette manifestation dit-il . C'est un espace où la société civile se rencontre, négocie, coordonne ses activités, ses points de vue et ses expériences. Ce sont des militants qui viennnent de différents secteurset impliqués dans des thématiques géopolitiques et socio-économiques . Ce Forum social mondial se caractérise également par sa pluralité et par sa diversité. Il se propose de faciliter l'articulation, décentralisée et en réseau, d'associations et de mouvements engagés, tant au niveau local qu'international, dans des actions concrètes de construction d'un autre monde. Il décide de l'avenir de l'humanité en termes de démocratie, de développement, d'émigration, d'emploi, de disertification et d'environnement. Ces enjeux sont importants surtout pour la Tunisie. On va rencontrer et écouter plusieurs associations qui vont présenter leurs expériences et qui militent pour ces objectifs mais avec d'autres moyens »Taoufik Ben Abdallah membre du conseil international du forum social mondial et coordinateur du forum africain ajoute « C'est un espace mondial dédié aux mouvements sociaux et à la société civile de différentes sensibiltés qui travaillent ensemble pour contrer les effets des politiques et pour travailler sur des alternatives qui rendent un autre monde possible. C'est l'anti Davos en quelque sorte. Nous résistons à ces politiques. Cet espace est riche de mouvements sociaux qui travaillent à différents niveaux. Il y a des mouvements qui sont concernés par les droits de l'homme, l'égalité homme-femme, l'environnement, d'autres travaillent sur le terrain pour lutter contre la pauvreté et le chômage. Plusieurs combattent les politiques concernant les dettes, ,le FMI, les accords commerciaux. C'est le cas de la Tunisie qui est en train de négocier cet accord privilégié avec l'Europe, un acoord qui va ouvrir le marché tunisien aux produits européens alors que notre propre industrie n'est pas construite et peu compétitive. C'est extrêmement risqué. Nos agriculteurs prennent aussi de vrais risques face à l'invasion des produits agricoles européens subventionnés. C'est un danger qui guette notre économie car il ne peut qu'augmenter le chômage et encourager l'émigration. Ce forum veut être plus proche des mouvements sociaux populaires C'est le cas de des révolutions historiques qui ont lieu en Tunisie, el Egypte et en Libye qui ont la possibilté de changer l'ordre des choses sur le plan régional. C'est une occasion aussi de redécouvrir le monde. 70 mille personnes seront présents à ce forum qui traitera sur le plan politique de l'avenir à la fois des révolutions en cours mais aussi des nouvelles modalités de l'action politique, de la problèmatique de la démocratie, de la vision des mouvements sociaux à l'édification de systèmes politiques démocratiques. Sur le plan économique, le forum traitera des dettes, des accords de libre échange de la corruption mais aussi des alternatives à la logique des marchés, au néo-libéralisme, à la crise syst-matique du capitalisme, aux modalités d'une répartition équitable des richesses ». Kamel El Habib, membre du conseil international du Forum a indiqué que de 50 mille activistes de la société civile et des représentants d'organisations, de composantes de la société civile et de personnalités publiques prendront part à ce forum « Le débat sera axé sur les questions de l'heure dans les pays arabes, à la lumière des profondes mutations sociales et géopolitiques ayant accompagné les révolutions dans cette région et qui ont retenti dans d'autres pays du monde. Ce forum de Tunis est une tribune de rencontre ouvert visant à approfondir la réflexion sur les thèmes ayant trait à la démocratie et à la mondialisation solidaire qui respecte les droits universels de l'homme, ceux de tous les citoyens et citoyennes de toutes les nations ». Une orientation alternative à la mondialisation capitaliste Le FSM à Tunis se tiendra là où la réponse des peuples, à l'accentuation de la crise en 2008 et aux politiques répressives d'austérité, a ouvert un nouveau cycle de luttes et de révolutions a souligné Gustave Massiah, une des personnalités centrales du mouvement altermondialiste et membre du Conseil International du Forum Social Mondial qui s'est dit consterné et révolté par l'assassinat de Chokri Belaid, leader politique qui a consacré sa vie à lutter pour la démocratie, la liberté et la justice sociale. « Le vent nouveau parti de Tunis explique t-il s'est d'abord propagé en Egypte. Il a mis en avant la lutte contre les dictatures et il s'est étendu à toute la région Maghreb-Machrek. Il a traversé la Méditerranée et s'est propagé en Europe du Sud, en Espagne, au Portugal, en Grèce en posant la question de la démocratie réelle. Il a trouvé un nouveau souffle en traversant l'Atlantique à travers les « occupy » de Wall Street, London, Montréal. Il prend aujourd1hui des formes plus larges dans de nombreux pays du monde, au Chili, au Canada, au Sénégal, en Croatie, autour de la faillite des systèmes d1éducation et de la généralisation de l'endettement. Le pouvoir économique et le pouvoir politique, à travers leur complicité, ont été désignés comme les responsables de la crise. Ce qui a été démasqué c'est la dictature du pouvoir financier et la «démocratie de basse intensité » qui en résulte.Au-delà des spécificités, ce nouveau cycle de luttes met en avant la justice sociale, le refus de la misère, des inégalités, de la corruption ; la revendication de systèmes démocratiques qui garantissent les libertés individuelles et collectives, la dignité de chacun ; les contradictions géopolitiques liées à l'hégémonie occidentale ; les contradictions écologiques de plus en plus sensibles. Elles mettent en lumière des contradictions sociales entre les couches populaires et les oligarchies. Elles remettent en cause l1hégémonie culturelle nécessaire à la domination des valeurs de la bourgeoisie et des élites dirigeantes.Une des questions qui sera discutée à Tunis est celle du rapport entre les nouveaux mouvements et le mouvement altermondialiste. Ces mouvements ne se sont pas organisés dans le mouvement altermondialiste, même si de nombreuses relations ont existé dès le début. Les nouveaux mouvements sociaux ont leur dynamique propre. Les jonctions avec les mouvements plus anciens de l'altermondialisme existent, mais elles sont diffuses. Les mouvements plusanciens de l'altermondialisme devront tirer les leçons de leurs avancées etde leurs limites. Et, comme le dit si bien Esther Vivas pour les nouveaux mouvements : « c'est un prologue ». Ces forums thématiques approfondissent l'orientation stratégique, celle de l1égalité des droits et des mobilisations contre la logique du capitalisme. La liste des forums thématiques, régionaux et mondiaux s'allonge ; on en compte une cinquantaine pour la période 2012 à début 2013. Par rapport à la nouvelle période, le FSM de Tunis amorcera la mutation du processus des forums sociaux mondiaux. Il permettra aux mouvements de confronter, à partir de leurs situations, leurs appréciations de l'évolution de l'état du monde et approfondit l'orientation stratégique, celle de l'égalité des droits et des mobilisations contre la logique du capitalisme. Nous sommes plus que jamais convaincus de la nécessité d'une mobilisation internationale pour la réussite du FSM 2013 pour en faire un moment fort de soutien au processus démocratique en Tunisie.»