Face à un adversaire amoindri, les Tunisiens ont l'embarras du choix Tunisie-Sierra Leone est le match de toutes les interrogations. Le résultat, bien sûr. Inutile de rappeler qu'il est importantissime quand il s'agit d'aborder le premier match éliminatoire de la plus importante des compétitions footballistiques : une Coupe du monde. La seconde, c'est la présence et l'attitude du public. Combien seront-ils présents tout à l'heure à Radès et quel accueil pour cette équipe nationale ? Celle-ci a été sortie au premier tour d'une CAN houleuse, qui a laissé des traces et... bon nombre de joueurs qui ont été de la mésaventure africaine. La troisième interrogation concernera le onze tunisien du départ. Tranchera-t-on avec les schémas du passé, verra-t-on du nouveau ou alors «maquillera»-t-on le onze du départ pour faire croire qu'on est dans une nouvelle dynamique, de nouveaux choix ? Sierra Leone : 17 joueurs à Tunis (?!) La dernière concerne, enfin, notre adversaire, la Sierra Leone. Nous savons que nos premiers adversaires en cette phase éliminatoire de la Coupe du monde ne se présenteront pas au grand complet à Tunis. Loin de là. On annonce déjà le forfait des deux défenseurs Abu Tommy et David Simbo dans un compartiment qui est loin d'être le point fort de cette équipe. Pis encore, ce duo a été retenu dans la liste de l'entraîneur Olof Mattson pour remplacer Gébril Sankoh «Barel», suspendu, et le joueur blessé, né au Nigeria, Victor Kayodé. Résultat : le nombre de joueurs se déplaçant à Tunis est réduit à 17. Par ailleurs, l'attaquant Mohamed Bangura «Poborsky», jouant en Suède, ratera également le match, pour cause de blessure. Son remplacement par John Kamara du club grec Appolon Smirnis n'est pas assuré. Parmi les 17 ayant débarqué à Tunis figurent les deux jeunes évoluant en Angleterre, Aziz Deer Coneth, qui joue avec l'équipe des jeunes de Chelsea, et David Kweka «George», qui est actuellement en formation à l'académie du Ghana, sous la supervision de Manchester City. Voilà donc pour l'adversaire. Revenons à présent à notre équipe nationale qui s'est préparée dans l'indifférence la plus totale et même dans le secret avec deux séances à huis clos. De ce «nouvel ancien» groupe, nous connaissons, bien sûr, les noms mais pas l'état de forme. Exception faite de Sabeur Khélifa qui n'en finit pas de s'affirmer avec son club Evian Thonon, Ben Chérifia toujours égal à lui-même et Abdennour, objet de convoitises, c'est la véritable bouteille à l'eau pour le reste. Y compris pour Msakni que nous avons vu évoluer à quelques reprises avec Lakhwya et qui n'y casse pas la baraque. A la forme, au mérite ? Il s'agit, d'ailleurs, là d'un énorme problème à affronter avec nos joueurs qui évoluent au Golfe et qui sont au nombre de quatre dans ce groupe : Msakni, bien sûr, mais aussi Jomaâ, Hammami et Korbi, dont on ne comprend vraiment pas la convocation. La chaleur, l'humidité et le rythme de vie au Golfe où on vit la nuit ne sont pas faits pour jouer au football et pour se maintenir en condition physique optimale. Une semaine suffira-t-elle à remettre sur pied ce quatuor ? La réponse est chez le sélectionneur, les deux préparateurs physiques et le... terrain. Les «Européens» pour leur part ne peuvent et ne doivent pas souffrir de ce problème. Leur problème, il est tout autre: pas toujours et pas souvent titulaires, à part Saber Khélifa, Abdennour, Ben Yahia et Khazri. Sur ce plan bien précis, nous ne pouvons pas reprocher grand-chose au staff technique, mais plutôt à la majorité écrasante de nos joueurs à l'étranger, qui ont du mal à s'imposer dans leurs clubs respectifs. Ou alors par petites bribes, par exploits intermittents. Choix offensifs ? C'est dire que peu peuvent se permettre, aujourd'hui, de taper sur la table et d'exiger une place de titulaire et que cela devra se jouer au mérite. A ce niveau, deux éléments devraient être décisifs : le stage qui vient de s'achever et les schémas tactiques que le nouveau sélectionneur a l'intention d'adopter. Pour ce premier match, il est clair qu'il va privilégier un axe central d'expérience (mais quelle entente entre deux joueurs, Haggui et Abdennour, qui évoluent ensemble pour la première fois?), deux latéraux qui vont de l'avant et un pivot défensif pur et dur, Mouelhi. Le reste de l'équipe? Allez, on se jette à l'eau, Mouelhi, Yahia, Darragi et Msakni. Puis, devant, Khélifa et Chermiti. Ceci voudra dire que le sélectionneur national misera sur la technique et la rapidité pour surprendre l'adversaire et, surtout, pour le priver de ballon. Le jeu réhabilité ? Si ce onze devait être confirmé tout à l'heure à 19h10 à Radès, cela a tout l'air d'une opération séduction qui romprait avec de vieux schémas conservateurs. Et si le résultat devait en plus être au bout de ses choix...