L'arrestation de l'homme le plus recherché du pays est-elle «vraiment» imminente ou...abandonnée ? Dans une fraîche interview donnée au journal Le Monde, Ali Laârayedh a présenté un état des lieux, sur le plan sécuritaire, dans lequel il a...promis monts et merveilles, en martelant notamment que «l'assassin de Chokri Belaïd sera, tôt ou tard, arrêté», que «la situation sécuritaire ne cesse de s'améliorer», que «nous ferons tout pour combattre le terrorisme» et que «personne n'est au-dessus de la loi», etc. Dans ce discours dont le style lui est propre et qui se veut, comme d'habitude, rassurant, l'ex-homme fort du ministère de l'Intérieur a eu, mine de rien, une pensée pour...sa bête noire qu'est évidemment le number one des salafistes jihadistes tunisiens, en l'occurrence Abou Iyadh. Allusion inévitable, s'agissant — il est vrai — de «l'homme le plus recherché du pays». N'hésitant pas à tirer à boulets rouges sur ce dernier, M. Laârayedh l'a accusé, dans ladite interview, de tous les maux : de la montée du salafisme jihadiste en Tunisie, à son implication dans l'attaque de l'ambassade US, en passant par sa contribution à la prolifération des armes dans le pays. A bien y voir, on se rend à l'évidence que cette offensive fulgurante de l'actuel chef du gouvernement provisoire ne peut que surprendre, dans la mesure où Abou Iyadh, curieusement absent ces derniers temps dans les discours officiels, donnait l'impression d'avoir été «épargné», volontairement ou pas, par la police ! C'est d'autant plus bizarre et intrigant que cet homme a été vu, au moins à deux reprises, le mois écoulé, d'abord à la cité Borj Louzir (commune de La Soukra) et ensuite à la cité El Khadra, du côté de la cité Olympique. Soit deux de ses principaux fiefs du district de Tunis dans lesquels il a pris l'habitude de se réunir, dans la discrétion totale, avec ses acolytes pour... faire le point de la situation et échafauder les stratagèmes futurs. Le tout, bien sûr, dans le cadre de la stratégie globale du mouvement visant l'instauration de la charia dans le pays. Non, Abou Iyadh n'est pas invincible Mais comment Abou Iyadh a pu... brûler ainsi la politesse à la police, en daignant circuler dans ces deux cités sans qu'il fût arrêté ? Comment une personne aussi dangereuse a réussi cet «exploit» au nez et à la barbe de ses «ennemis» ? Pour un flic assez expérimenté en matière d'investigations, «il n'y a pas lieu de s'en étonner outre mesure, car nous savons pertinemment que Abou Iyadh quitte fréquemment sa retraite, soit pour accomplir les prières à la mosquée, soit pour aller à la rencontre de ses hommes et jeunes sympathisants. Cela peut paraître bizarre, étrange et presque impensable. Mais sans doute pas aux yeux des forces de sécurité intérieure». Ah bon ? Notre interlocuteur, qui a souhaité garder l'anonymat, ne veut pas en dire plus. Seul donc un... imbécile refuse d'en conclure que la traque d'Abou Iyadh a quelque peu failli, pour une raison ou pour une autre !