L'étau se resserre de plus en plus autour de l'homme le plus recherché de Tunisie. Son arrestation est annoncée pour bientôt... L'invincibilité du jihadiste notoire, Abou Iyadh, est-elle en train de s'effriter ? A quand la fin de sa cavale ? Et puis, quelles seront les conséquences de son arrestation ? Voilà des questions têtues qui reviennent aujourd'hui sur toutes les lèvres au milieu d'une attente mêlée d'anxiété, en raison des dangers et menaces que représente cet homme à la race dure et adepte convaincu de l'idéologie sanguinaire d'Al Qaïda. «Plus il court, plus notre inquiétude grandira», lâche un habitant de la capitale qui avoue «redouter les salafistes comme la peste». C'est d'ailleurs la même impression qui se dégage des propos donnés, sous le couvert de l'anonymat bien sûr, par des policiers et leurs patrons qui affirment unanimement «avoir désormais affaire en Abou Iyadh au danger public n°1, et à un os difficile à manier». Pression maintenue Jusqu'ici, que n'a-t-on pas fait au ministère de l'Intérieur pour espérer briser ce casse-tête. Tout, absolument tout a été fait et se fait encore... en direction de sa cachette. N'a-t-on pas lancé, récemment, une descente musclée dans une maison située à Hammam-Lif où, faute de voir le poisson mordre à l'hameçon, l'on s'est contenté de saisies ? Les recherches ne se sont-elles pas intensifiées dans le Grand-Tunis, et particulièrement aux quartiers populaires Ettadhamen et Al-Intilaka connus pour être ses bases arrière ? N'a-t-on pas également constaté que, depuis l'attaque de l'ambassade US, la garde policière n'a plus baissé devant et autour de la mosquée Al-Fath. Là où les agents de l'ordre, le doigt sur la gâchette, ont presque élu domicile, s'agissant du fief de Abou Iyadh ? N'a-t-on pas aussi assuré le suivi (recoupements, interrogatoires...) de tous les aveux arrachés auprès de ses partisans arrêtés ? Hélas, çà et là, chou blanc et aucune trace du fugitif. Mais ce qui est réconfortant, c'est cette superbe volonté des forces de sécurité intérieure de ne pas lâcher prise. Plus qu'un bras de fer, le défi d'avoir Abou Iyadh entre les mains s'apparente, à leurs yeux, à une question de vie ou de mort. C'est pourquoi, ils «se plaisent» à maintenir la pression, au point de parier que son arrestation est imminente. Coup de fouet En attendant, il est important de relever que la volonté policière de neutraliser Abou Iyadh s'est considérablement accrue depuis justement le réveil tonitruant, mais quelque peu tardif, du «number one» d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, qui, montant subitement au créneau, a enfin énergiquement condamné les salafistes, tout en leur déclarant la guerre ! Venant du père spirituel du mouvement, ces déclarations ont, sans doute, eu «l'effet d'un coup de fouet pour l'appareil sécuritaire du pays qui est désormais persuadé, assure un enquêteur, qu'il n'y a plus de complaisance entre Ennahdha et les salafistes, et que, conséquemment, le feu vert officiel a été donné pour arrêter Abou Iyadh». Cet aveu tranche, en tout cas, avec les rumeurs qui circulaient jusqu'ici, faisant état du «refus du gouvernement de faire mal aux salafistes». Réussite exceptionnelle On épiloguera peut-être encore longtemps sur la formidable démonstration de force exhibée, vendredi, par les unités de la police, de la Garde nationale et de l'Armée pour imposer l'ordre et dissiper les craintes nourries par la publication des caricatures de Charlie Hebdo. Reconnaissons d'emblée que, pour rendre à César ce qui appartient à César, que cette démonstration de force a connu techniquement une réussite exceptionnelle, parce que méthodiquement préparée et scrupuleusement appliquée. Pour une fois, aucune faille n'a été constatée, et cela grâce à une synchronisation judicieuse entre les différents effectifs mobilisés. Ces derniers ont été, de surcroît, plus motivés que jamais, pour avoir bénéficié enfin de l'ordre, tant attendu, de tirer au nom de la légitime défense. Autre effet salvateur : la présence, sur le terrain, du ministre de l'Intérieur qui avait supervisé, en personne, la mise en exécution des différentes étapes des opérations de maintien de l'ordre. Et puis, cet énième «laurier» : aucune blessure n'a été enregistrée dans les rangs des troupes de M. Ali Laâraïedh dont il faut louer la bravoure et le professionnalisme. Sur le chemin de Bab Saâdoun Bravoure, disions-nous. Et ce n'est guère volé, quand on sait que nos agents de l'ordre, soutenus par l'armée, ont non seulement maté la colère des manifestants qui grondait dans plusieurs artères de la capitale, mais aussi et surtout fait échec à une véritable catastrophe, sous la forme d'une attaque que s'apprêtaient à lancer des salafistes contre une usine de fabrication de bière située à Bab Saâdoun. En effet, selon des policiers sur place, «le pire a été évité de justesse grâce à l'usage intensif de gaz lacrymogènes qui a empêché les manifestants de s'approcher de l'usine, après avoir été dispersés en cours de route».