La tension monte, de temps à autre, dans certaines délégations du Sud-Est où les protestations des manifestants sont aussi nombreuses que variées. A titre d'exemple, les Djerbiens d'Ajim ont débuté la semaine dernière par hausser le ton pour manifester leur mécontentement, en soutien aux 10 jeunes de la révolution qui ont été jugés pour avoir incendié des postes de police et écopé d'une peine de 10 ans de prison chacun. 83 avocats se portent volontaires pour les défendre, avons-nous appris. Une grève générale est prévue dans toute la délégation le 22 avril. Une tente a été dressée, hier matin, devant le siège de la délégation. Un sit-in est également programmé devant le ministère de la Justice, auquel participeront les Djerbiens résidents à Tunis. Dans la zone touristique et principalement à Houmt Souk, Midoun et Zarzis, les protestations ne cessent pas non plus à l'approche de la saison estivale. Le secteur du tourisme connaît effectivement des difficultés. L'agression, à tort, de la jeune Italienne, les ordures qui jonchent l'île des rêves, les agences de voyages qui menacent de quitter la région sont des facteurs qui inquiètent des centaines de familles ; d'autant plus que plusieurs unités hôtelières sont actuellement fermées et ne comptent pas rouvrir leurs portes même au tourisme de proximité. Les marins-pêcheurs de Gabès poursuivent leur sit-in observé dans le port de la ville et protestent contre la pollution, en mer et sur terre. Les diplômés du supérieur sans emploi de Zarzis ont organisé un attroupement. Ils exigent plus de transparence dans le traitement des dossiers. Des citoyens de Ben Guerdane ont bloqué la route qui mène vers la localité de Dhehibet et empêché le passage des camions qui transportent le sel, revendiquant leur droit au travail dans cette société qui exploite depuis longtemps les salines naturelles de la place. Contrôle renforcé Par ailleurs, chaque jour apporte son lot de saisies dans le grand Sud. Les douaniers, les agents de la garde nationale et les brigades économiques font du bon travail. Ainsi, hier, à Gabès, la police judiciaire a arrêté trois individus et qui avaient en leur possession un coffre contenant des faux billets d'une valeur... de quatre millions d'euros (8 milliards de nos millimes). «Les trois escrocs ne sont pas originaires du gouvernorat de Gabès et ils sont encore en détention, pour les besoins de l'enquête», nous confie une source sécuritaire. Les agents de la garde nationale de la Skhira ont mis la main sur un véhicule, en provenance de Libye, chargé de produits prohibés, d'une valeur de 130 MD, et d'une autre voiture de location roulant dans l'autre sens, avec à son bord 5.700 paquets de cigarettes. Dans la ville de Maharès, une brigade est parvenue à intercepter un camion transportant 5.700 kg de phosphate vers la Libye, et à Remada, les douaniers ont arrêté trois camionnettes chargées de 15 tonnes de pâte et semoule, également en direction du territoire libyen. Ras Jedir : mêmes causes, mêmes effets Après une rupture qui a duré trois heures seulement, le poste frontalier de Ras Jédir a été rouvert et le trafic a repris son cours normal, dimanche matin. La fermeture du point de passage a eu lieu suite à l'enlèvement de deux Tunisiens originaires de Ben Guerdane, de la tribu de Ouled Oun, par une patrouille libyenne, au niveau de la localité d'El-Faouar, du côté tunisien, nous dit-on. Leurs proches se sont alors déplacés à Ras Jedir en grand nombre, et ont bloqué le point de passage dans les deux sens. Scènes de panique et perturbation du trafic. Des chefs de tribu ont rejoint le poste et, en collaboration avec le responsable de la sécurité, ils sont parvenus à les faire plier. Mais comme le sort des enlevés n'est pas encore connu, jusqu'à hier matin, leurs proches sont revenus protester de nouveau à Ras Jedir. Et on vient d'apprendre que les autorités libyennes vont leur livrer des autorisations pour qu'ils puissent leur rendre visite demain. A signaler que la tension est certes montée, mais aucune agression ou dépassement n'a été enregistré au poste frontalier.