Les entreprises tunisiennes, opérant dans le secteur du textile-habillement qui ont intégré les normes et standards internationaux de qualité, ont pu réaliser au cours des dernières années des performances en se positionnant durablement sur les marchés européens, malgré une concurrence de plus rude et le flux massif d'articles provenant de certains pays asiatiques, notamment la Chine, qui écoulent leurs produits à bas prix. Les industriels tunisiens qui dépendaient depuis de longues années des donneurs d'ordre européens et notamment français — dans le cadre de la sous-traitance — ont pu passer progressivement à la cotraitance et au produit fini, en optant pour le haut de gamme. Certes, plusieurs industriels relevant notamment des petites et moyennes entreprises continuent encore à faire de la sous-traitance pour améliorer leurs chiffres d'affaires sans se soucier trop du marketing et de la prospection qui sont à la charge du donneur d'ordre, mais les perspectives du secteur donnent à la cotraitance et au produit fini une part de choix. C'est que nombre de donneurs d'ordres français veulent se concentrer dans la production en assurant une intégration totale. La diversification de la production doit également être prise en compte par les promoteurs tunisiens pour garantir la pérennité de l'entreprise et préserver sa place sur les marchés traditionnels et en conquérir d'autres. Maintien de la dynamique productive D'après les données fournis par M. Jean-François Limantour, président du Cercle euro-méditerranéen des dirigeants textile-habillement (Cedith), «la France est le premier marché de l'industrie tunisienne de l'habillement et que la Tunisie est le premier marché extra-européen de l'industrie française du textile». C'est une coopération qui date d'une longue période et le partenaire français constitue un client traditionnel qui participe, dans une large mesure, au maintien de la dynamique productive du secteur malgré les perturbations qui caractérisent de temps à autre le secteur. D'ailleurs, plusieurs nationalités étrangères détiennent des capitaux dans ce secteur, puisque sur les 2.000 entreprises que compte le secteur tunisien textile-habillement, la moitié est à capitaux étrangers ou mixtes, dont 350 entreprises françaises. On compte aussi des entreprises allemandes et italiennes qui ont opté pour le site tunisienne, vu les multiples avantages comparatifs dont ils peuvent bénéficier comme, à titre d'exemple, la position géographique stratégique de la Tunisie, le transfert des bénéfices, l'infrastructure de base et les équipements collectifs. Mais certains efforts restent encore à faire, notamment au niveau des circuits administratifs et des services publics. L'année 2012 a été moyenne pour les entreprises tunisiennes et les commandes ont pu arriver à destination même si plusieurs unités de production ont connu des arrêts de travail suite aux grèves et aux revendications sociales. Mais d'une façon générale, les employés sont soucieux du fait qu'il est impératif de protéger leur entreprise et de participer à sa prospérité dans un marché mondial qui connaît une récession conjoncture mondiale difficile. Cependant, le secteur textile-habillement se remet sur pied et commence à retrouver son rythme normal, notamment au niveau des exportations qui ont augmenté de 2,2 % au cours des deux premiers mois de 2013 par rapport à la fin du mois de février 2012. Cette relative embellie peut se confirmer au cours des mois à venir, à condition de respecter les engagements tenus. Considérée comme encourageante par M. Limantour, cette évolution est diversifiée et repartie sur plusieurs marchés dont certains — parmi les plus importants — connaissent une évolution positive. C'est le cas notamment des exportations vers la France (+2,3 %), l'Allemagne (+15,4 %), la Belgique (+4,3 %), les Pays-Bas (+4,2 %) et le Royaume-Uni (+32,7 %). Une progression des ventes vers le Portugal et les Etats-Unis constitue aussi une source de satisfaction, car ces marchés sont classés comme nouveaux ou lointains. Ce tableau montre bien que les produits tunisiens sont encore sollicités par les consommateurs étrangers très exigeants en termes de qualité. L'innovation, la créativité et le respect des normes de qualité sont une garantie pour toute entreprise qui veut évoluer au niveau international. Toutefois, on a constaté — situation économique difficile oblige — une régression des ventes sur certains pays, comme c'est le cas en Italie où la baisse a été de 8,2 % et en Espagne avec une chute de l'ordre de 6,8 %. Comprimer le coût de production La diversification de la production peut également être une source de bénéfices pour les entreprises industrielles tunisiennes dont certains ont choisi de se spécialiser depuis des années dans une branche donnée malgré la saturation constatée dans le marché mondial à ce niveau. En tout cas, le secteur textile-habillement tunisien enregistre par branches d'activités d'assez bonnes performances, notamment pour ce qui concerne les exportations des vêtements, des tissus et de fils à coudre. Par contre, les exportations de linge de maison n'ont pas été au niveau des espoirs des industriels. Pour ce qui est des exportations relatives aux articles d'habillement, les augmentations ont concernés les jeans avec 18,8% à fin février 2013 par rapport à fin février 2012, les pantalons avec 10,3 %, les vêtements pour bébés avec 16 %, les sous-vêtements pour homme avec 40,1 % et les vêtements de sport avec 18,3%. Quant à la chute des exportations, elle a été de 11,4% pour les vêtements de travail, de 2,0% pour la lingerie, de 7,6% pour les chandails, de 1,4% pour les T-shirts, 18,6% pour les chemises et les chemisiers, 24,1% pour les manteaux et les blousons, et 18,4% pour les costumes. Les industriels ont besoin de matières premières et d'intrants — dont les prix sont souvent à la hausse sur le marché mondial — pour qu'ils puissent continuer à produire des produits finis et satisfaire les demandes des clients dans les délais. Ces matières sont importées de certains pays européens, car elles ne sont pas disponibles sur le marché local. Les producteurs essayent toujours d'opter pour la matière de qualité avec un prix abordable pour qu'ils puissent comprimer le coût de production et proposer des articles compétitifs et attrayant. Ainsi, les importations tunisiennes au cours des deux premiers mois de cette année en ce qui concerne essentiellement les tissus ont connu une légère évolution de l'ordre de 3,9%. Néanmoins, les quantités importées des trois premiers fournisseurs sont en baisse sensible. En effet, la chute des importations a été de 7,7% pour l'Italie, de 9,9% pour la France et de 40,9% pour la Belgique. Dans un souci de diversification, les industriels se tournent vers de nouveaux marchés, comme le marché turc dont les achats du textile ont connu une évolution de 51,9% et le marché chinois avec une hausse de 18%. Les importations tunisiennes de matériels pour le textile et la confection sont en forte baisse, à l'exception de ceux concernant le finissage. Les industriels tiennent à ce que le matériel achetés au cours des dernières années assurent un rendement aussi longtemps que possible grâce à la maintenance et à l'entretien. La mise à niveau n'est pas nécessairement synonyme d'achat de nouvelles machines, dont le coût est de plus en plus élevé.