La Tunisie pourra-t-elle mettre fin à l'utilisation de l'internet à des fins terroristes ? Les ministres de l'Intérieur du Grand Maghreb (Tunisie, Algérie, Maroc, Libye et Mauritanie), outre leurs homologues de la France, de l'Italie, du Portugal, de l'Espagne et de Malte, étaient l'autre jour en conclave à Alger, dans le cadre d'une stratégie préventive visant à œuvrer en faveur d'une approche globale de lutte contre le terrorisme. Bien évidemment, ces assises ont permis de resserrer les rangs dans les domaines de la sécurisation des frontières, des échanges de renseignements et de prisonniers, de la lutte contre la contrebande et le paiement de rançons aux groupes terroristes. Cependant, le fait le plus saillant des recommandations issues de cette réunion consiste en l'adoption, pour la première fois, des contours d'une coopération accrue en matière de lutte contre la cybercriminalité, l'objectif étant d'empêcher l'utilisation de l'internet à des fins terroristes. Des sites intégristes envahissants Il va sans dire que l'adoption de cette coopération n'est pas le fruit du hasard. Elle a été plutôt rendue inévitable par au moins deux facteurs principaux, à savoir : — Primo : la prolifération jugée unanimement incontrôlable des sites internautes à la solde de la nébuleuse intégriste de par le monde. Faute de statistiques officielles disponibles, on peut se référer aux chiffres officiels rapportés par certains médias occidentaux et qui parlent de l'existence de dizaines de milliers de sites terroristes fonctionnant dans les quatre coins de la terre. – Secundo : ces sites, admettent des experts en matière de lutte contre le terrorisme, ont jusqu'à présent fait la preuve de leur efficacité, crédités qu'ils sont d'une extraordinaire capacité de mobilisation populaire. En ce sens qu'ils peuvent transmettre et échanger aisément leurs messages haineux, sans que ces sites soient piratés ou gommés. D'ailleurs, les services secrets les plus puissants du monde ont beau tenter de les neutraliser, à coups de stratagèmes pourtant sophistiqués, rien n'y fit. Au point que l'homme fort d'Al Qaïda, Aymen Al-Dhawahri, y a recours, comme bon lui semble, pour enflammer la foule et...torturer le crâne de ses «ennemis», bien qu'activement recherché par les Américains ! Le «mur» de...Abou Iyadh Au fait, qu'en est-il pour la Tunisie ? Où en est la cybercriminalité ? Certes, les ministères de l'Intérieur et des Technologies de l'information et de la communication ont peut-être mille fois raison d'observer le silence à ce sujet, allant jusqu'à refuser d'avancer les moindres révélations au nom de «la sacro-sainte discrétion de l'enquête». Mais, selon des sources policières bien informées, on compte en Tunisie des centaines de sites terroristes relevant des mouvances islamistes, particulièrement ceux d'Ennahdha, des salafistes, des chiites et du mouvement Attahrir. Or, à en croire ces sources, le «mur» le mieux garni et sans doute le plus épié par les services de renseignements du pays est incontestablement celui du numéro un des salafistes, Abou Iyadh. Ce dernier, toujours en cavale, n'hésite pas à lancer ses...missiles internautes, chaque fois qu'il sent le besoin de remonter le moral de ses troupes. Quant à ses messages secrets, personne ne sait, pour le moment, comment il les transmet, pour avoir usé de codes mystérieux dont on n'a pas pu encore élucider l'énigme. Mais jusqu'à quand durera cette «invincibilité» ? That's the question...