De l'avis d'un expert averti en matière d'études stratégiques, la coopération tripartite entre la Tunisie, l'Algérie et la Libye dans le cadre de la lutte contre le terrorisme n'a jamais été aussi accrue qu'elle l'est en ce moment. Et cela à travers l'intensification des séances de travail, l'établissement d'une communication quotidienne, la fréquence des échanges de renseignements et la mobilisation aux frontières d'une armada d'unités des forces de sécurité intérieure et de soldats d'une envergure sans précédent. La réunion des ministres de l'Intérieur des trois pays tenue récemment à Alger a sans doute constitué un coup de fouet supplémentaire pour le renforcement de cette coopération. En ce sens que les trois ministres, Lotfi Ben Jeddou (Tunisie), Dahou Ould Kablia (Algérie) et Achour Chouayel (Libye), ont...juré de mener campagne ensemble, dans une action commune qui s'apparente à une croisade contre la nébuleuse intégriste. C'est ainsi que tout l'intérêt a été, ont-ils décidé, porté aux frontières séparant les trois pays. Là où d'importantes forces de sécurité et de l'armée soutenues par l'aviation ont été injectées, tant du côté algérien, où la mobilisation est considérée comme la plus imposante, que du côté tunisien qui n'a pas lésiné, lui non plus, sur les moyens, en sortant son artillerie lourde (hommes, armes, logistique, unités spéciales, hélicoptères, etc.). A cette extraordinaire mobilisation tuniso-algérienne est venu récemment s'ajouter l'apport libyen, les autorités de ce pays, jusque-là réticentes et refusant, pour une raison ou pour une autre, de mettre la main à la pâte, ayant enfin décidé de s'en mêler, en prenant d'assaut leurs frontières avec la Tunisie, l'Algérie et le Mali. Un «plus» longtemps espéré aussi bien par les voisins que par l'ONU qui a décidé d'accorder à la Libye des facilités pour l'acquisition d'armes et d'équipements sophistiqués devant assurer une meilleure surveillance de ses frontières. De surcroît, il faut admettre que «la carte libyenne» en matière de lutte contre le terrorisme constitue un atout majeur, pour au moins trois raisons, à savoir : 1- Ce pays représente un point de transit privilégié pour les terroristes 2- Il est également considéré comme un point de passage obligé pour les jihadistes revenant du Mali ou se rendant dans ce pays 3- Des rapports de l'ONU et des services de renseignements occidentaux s'accordent à dire que les trafiquants d'armes ont, jusqu'à présent, largement profité de la vulnérabilité des frontières libyennes pour assurer la...fluidité de la circulation des armes «dérobées» dans le puissant arsenal militaire constitué puis laissé par l'ex-dictateur Gueddafi. A ce sujet, il est bon de se référer à un rapport publié dernièrement par l'ONU et dont le contenu est tout ce qu'il y a de plus inquiétant, dans la mesure où il fait état d'une circulation aisée des armes en Libye, avant leur transfert dans les pays voisins dont...la Tunisie. Révélations avouées mais minimisées par le colonel Ali Chikhi, porte-parole du haut commandement de l'armée libyenne. Ce n'est donc plus un hasard si 90% des armes et munitions saisies jusque-là dans nos murs provenaient de ce pays, assurent plusieurs sources sécuritaires. Du gibier, encore du gibier Forte de cette implication enfin réelle des Libyens, il est certain que l'action commune entre les trois pays connaîtra une embellie dans les prochains jours, d'autant plus qu'elle est fortement soutenue par les Américains dont les fameux drones sont de plus en plus présents aux frontières de ces pays. Dernière illustration en date : le démantèlement, il y a seulement trois jours en Algérie, d'un groupe de jihadistes dont deux Tunisiens en connivence avec Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique). Des arrestations qui pourraient, les aveux aidant, en entraîner d'autres dans ce pays et très probablement en Tunisie. Alors, au suivant.