Comment la femme créatrice arabe a-t-elle profité des Ntic (nouvelles technologies de l'information et de la communication)? Peut-on parler d'effets négatifs de ces Ntic et considérer qu'elles ont freiné l'élan créateur chez la femme en lui offrant des modèles fin prêts, engendrant par là une certaine paresse au niveau de la création? Deux problématiques, parmi d'autres, qui ont été étudiées lors de communications-débats présentées au cours du colloque des femmes créatrices arabes ayant pour thème : «Les Ntic et leurs effets sur la créativité de la femme arabe» et qui a eu lieu à Sousse les 18, 19 et 20 avril. Usage de la langue arabe électronique Parmi les communications-débats les plus suggestives, nous retenons celle de l'Algérienne Anissa Daoudi — détenant le doctorat en linguistique et enseignante à l'université de Birmingham (Angleterre) — et qui a pour thème : «L'usage de la langue arabe électronique dans la production littéraire». Au cours de sa communication, elle a évoqué l'importance de l'utilisation des mots arabes électroniques (e-arabe) dans la production littéraire féminine. En effet, l'arabe électronique a été utilisé par des écrivaines de nationalité saoudienne et surtout égyptienne pour produire un nouveau genre de littérature électronique. C'est ainsi que l'écrivaine d'Arabie Saoudite «Raja Essanâa» a produit en 2005 un livre électronique titré: Banat Erriadh (les filles d'Erriadh) qui a été édité plusieurs fois et traduit en anglais et en d'autres langues. De même, l'écrivaine égyptienne, «Ghada Abdelaâl», a écrit en 2009 son livre électronique titré : Aâyza atgaouez (je veux me marier), et ce, en le lançant au début comme blog. Ce livre a été exploité pour la réalisation d'un feuilleton qui a été diffusé dans nombre de chaînes télévisées arabes et où l'actrice tunisienne Hend Sabri a joué le rôle principal. L'intervenante a présenté d'autres exemples de romans électroniques où les trois sortes de langue arabe ont été utilisées (l'arabe classique ou littéraire, l'arabe dialectique et le nouveau genre d'arabe électronique ou e-arabe). Elle a mentionné que l'arabe électronique que les jeunes utilisent dans leurs e-mails et SMS est en vérité un mixage de lettres, de numéros et de symboles. Elle a formulé l'exemple du mot créé par Raja Essanaâ dans son livre: Banat Erriadh lequel est : «Seereh wenfadh 7 et» (ou scandale divulgué). Ce genre d'écriture électronique de l'e-arabe n'est pas limité aux jeunes mais a été utilisé aussi par des femmes-écrivains de grande renommée internationale comme Ahlem Mostaghanemi, et ce, dans son livre titré : Nesyan.com paru en 2007. L'intervenante a évoqué les caractéristiques de ce genre de littérature électronique où la langue arabe électronique est simple et accessible et où les sujets abordés concernent la politique, la critique des coutumes et des traditions mais sont puisés de la réalité. «L'idée principale de la littérature électronique est la coupure avec tout ce qui est institué par les lois de la langue classique et les règles de la grammaire», a-t-elle conclu. Par ailleurs, des activités parallèles se sont déroulées au cours de ce colloque qui a connu la participation d'invitées venant d'Egypte, d'Algérie, de Libye, du Liban, de Syrie, d'Irak, du Bahreïn, des Emirats, du Koweït et de Tunisie. L'on cite notamment l'exposition d'arts plastiques des étudiantes de l'Isbas, la présentation du livre titré : La femme et le projet de modernité dans l'esprit de Tahar Haddad, écrit par Dr Amna Remili, l'organisation d'un concert musical animé par Asma B.Ahmed...