Adel Omrani (Alliance démocratique) : Un léger mieux, mais des désaccords persistent Le débat a porté sur trois points, à savoir la nomination des hauts cadres militaires, diplomatiques et du renseignement, les domaines réservés au président de la République, notamment la défense, la diplomatie et la sécurité nationale et la présidence des conseils des ministres. Force est de constater qu'une réelle avancée a été enregistrée pour ce qui est des deux premiers points. Toutefois, un désaccord persiste concernant la présidence des conseils des ministres. En effet, le mouvement Ennahdha refuse l'institutionnalisation de la présidence des conseils des ministres comme tâche relevant des principales attributions du président de la République. Ce qui risque, par conséquent, de mettre en péril l'avenir du dialogue national. Autrement dit, l'attitude du mouvement Ennahdha donnerait à croire qu'il y a une hantise de glisser du régime mixte vers un régime présidentialiste, donc autoritaire. Eu égard à ce différend, on a décidé de faire bénéficier les partis d'une période de grâce pour se consulter au niveau de leur leadership avant de décider la reprise ou l'annulation du dialogue. Par ailleurs, j'aimerais bien ajouter qu'il faut distinguer l'absence d'Al Joumhouri de celle de Nida Tounès. La première est justifiée par une certaine réserve par rapport au contenu du communiqué du Conseil de la choura. Alors que la seconde semble verser dans le flou total. Propos recueillis par M.H.A. Lazhar Baly (président du parti El Amen) : Les accords doivent être approfondis La séance d'hier après-midi a permis d'enregistrer une avancée sensible quant à un accord consensuel sur les trois principaux points de discorde relatifs aux prérogatives du futur du chef de l'Etat. D'abord pour les désignations dans les hauts postes militaires, diplomatiques et sécuritaires (dans le domaine de la sécurité de l'Etat), il a été convenu qu'elles seront du ressort du président de la République en tant que domaines réservés. Ensuite, nous sommes parvenus consensuellement à ce que le chef de l'Etat assumera la charge de définir les politiques extérieure, de défense et de sécurité nationale après concertation avec le chef du gouvernement. Toutefois, le dernier mot reviendra au président de la République. Enfin, le 3e point a trait à la présidence par le chef de l'Etat de la réunion du Conseil des ministres et des Conseils ministériels. Bien que tous les participants aient accepté le principe selon lequel le chef de l'Etat présidera le Conseil des ministres, il subsiste encore un point de désaccord : présider les conseils des ministres et ministériels constitue-t-il une responsabilité du chef de l'Etat ou un droit qu'il lui revient d'exercer selon sa propre volonté (dans le sens qu'il peut s'abstenir de présider une réunion quelconque). D'autre part, une autre mesure a bénéficié du consensus des présents: les Conseils ministériels sont convoqués par le chef du gouvernement qui en fixe l'ordre du jour. Le pouvoir de décision revient au gouvernement. Le parti Ennahdha, représenté par Rached Ghannouchi, Sahbi Attig et Abdelhamid Jelassi, accepte le principe de la présidence par le chef de l'Etat des Conseils ministériels en tant qu'un droit et non en tant qu'un domaine qui lui est réservé. Il est vrai que tous ces détails sont très techniques et que le citoyen ordinaire risque de s'y perdre. C'est pourquoi nous considérons que ce dernier point doit être approfondi et explicité davantage. Toutefois, nous relevons, au parti El Amen, que la réunion d'hier a révélé une volonté sincère de la part des participants d'aller vers le consensus et d'éviter au maximum le recours au référendum sur la prochaine Constitution. Nous avons décidé de reprendre contact avec Al Joumhouri et les autres parties qui se sont retirées du dialogue pour revenir à la table des négociations. Notre ambition est d'aller au deuxième round du congrès de dialogue national de l'Ugtt avec une feuille de route commune. Propos recueillis par A.D.