La coalition nationale de soutien aux Tunisiens en Syrie a été annoncée dans une atmosphère tendue. Des parents ont apporté leur témoignage. Tous vivent ces événements comme un drame. Ne pouvant contenir ses larmes, Samira raconte que son fils, Baha Eddine, a quitté la Tunisie avec un groupe de six personnes le 28 mars 2012. Le jeune homme de 24 ans avait annoncé qu'il partait travailler dans une usine de plastique en Libye. Des mois se sont écoulés sans que ses proches n'aient de nouvelles de lui. Un de ses compagnons de voyage, Mohamed Belhaj Rhouma, a récemment affirmé dans les médias que le groupe avait été arrêté l'année dernière aux frontières syriennes. Baha Eddine serait alors dans l'un des centres de détention en Syrie. Les récits se répètent et se ressemblent laissant des parents inquiets, anéantis par une disparition ou la mort d'un fils. Abdallah Mannai, 26 ans, est technicien supérieur en informatique. Il est parti il y a plus de six mois pour un emploi en Libye. «Il nous envoyait de l'argent régulièrement. On s'appelait souvent au téléphone», raconte la mère, Hasna. Les parents n'ont plus réussi à joindre leur fils depuis le 1er février dernier. Ils ont appris par une connaissance en Libye qu'il était parti au jihad en Syrie. Abdallah a pris contact avec sa sœur il y a deux semaines, l'informant qu'il se trouvait aux frontières syriennes avec l'Irak. Des jeunes visiblement trompés et manipulés Amen Allah Thamin est parti sans prévenir le 19 avril dernier. Sa mort dans les combats en Syrie a été annoncée à deux reprises dans des journaux tunisiens. Mais le garçon de 23 ans a appelé plusieurs fois ses parents, Dorra et Chaâbane, leur assurant qu'il est toujours en vie. «Il est parti pour faire de l'humanitaire, il s'est retrouvé piégé par un organisme terroriste. On lui a remis une arme et on attend de lui qu'il combatte», raconte le père. Selon lui, des gangs sévissent dans les mosquées des quartiers populaires en Tunisie, tels que la cité Errahma et Jebel Lahmar. Ils utilisent les lieux de culte pour recruter les jeunes et les faire partir en Syrie. «Mon fils est au chômage, il n'a pas d'argent. Comment a-t-il pu se débrouiller pour effectuer ce voyage ? », Amen Allah aurait confié à ses parents qu'il voulait rentrer en Tunisie mais qu'il n'en avait pas les moyens. Mehrez Ben Achour n'a pas revu son fils depuis un an. Sami Kamel avait 22 ans quand il a quitté la maison pour partir en Libye. Il avait donné comme prétexte un concours coranique qui ne devait pas durer plus d'une semaine. Durant son séjour, le garçon appelait ses parents chaque jour. La dernière fois qu'ils lui ont parlé, le 22 mars 2012, il leur a annoncé qu'il compte rentrer au pays. N'ayant plus de nouvelles depuis, les parents ont contacté un de ses compagnons de voyage, qui les a informés que leur fils avait été emmené en Syrie. Les mains tremblantes, Mehrez tend un certificat médical attestant que son fils est fatigué psychologiquement. «On l'a manipulé, c'est plus qu'un lavage de cerveau qu'il a subi», déclare le père. Etudiant à l'école des beaux-arts de Sousse, Sami Kamel a «l'esprit ouvert, pas le genre à manipuler une arme pour aller tuer des gens », explique le père. « Mon fils n'est pas un terroriste», ajoute-t-il. Mehrez Ben Achour a frappé à toutes les portes, ONG, présidence de la République, Assemblée nationale constituante, sans jamais obtenir de réponse. Il y a trois mois, il a été reçu par Rafik Bouchlaka, l'ancien ministre des Affaires étrangères, qui lui aurait déclaré : «Nous avons fait une révolution et nous soutenons une révolution, que pouvons-nous leur faire [aux enfants qui partent en Syrie] ? ». Au mois d'avril la Croix-Rouge a contacté Mehrez pour l'informer que son fils allait bien et qu'il était détenu dans une prison à Damas. Les familles des Tunisiens en Syrie n'attendent pas que la Coalition retrouve leurs enfants. Elle a déjà annoncé que son rôle était, dans un premier temps, de faciliter le retour des Tunisiens non engagés en Syrie. Néanmoins, cette nouvelle organisation leur permet de se retrouver pour se sentir moins isolés dans leur épreuve.