■ Le deuxième congrès national prévu les 5, 6 et 7 juillet réunira 450 participants ■ Les dissidents appelant à un conseil national exceptionnel fondent leur demande sur l'application de l'article 26 du règlement intérieur du parti Ettakatol, le parti cher au Dr Mustapha Ben Jaâfar, président de l'Assemblée nationale constituante, est-il sur la voie de l'implosion avec la création d'Ettakatol bis ? La question s'impose avec acuité d'autant plus que les dissidents se proclamant comme étant les partisans du courant réformiste au sein d'Ettakatol ont pris la décision d'annoncer, hier, par la bouche de Abdelbasset Sammari, se présentant comme leur porte-parole, la création de plusieurs coordinations régionales chargées de préparer un congrès extraordinaire qui aura pour vocation de «rendre Ettakatol à ses militants authentiques et de rectifier sa politique afin qu'il renoue avec les principes sur lesquels il a été fondé mais malheureusement bafoués par le Dr Ben Jaâfar et ceux qui l'entourent actuellement». Les dissidents vont jusqu'à appeler à l'exclusion du Dr Ben Jaâfar de la direction du parti estimant qu'il ne représente plus Ettakatol ni sa ligne politique initiale. Une campagne de dénigrement inacceptable Contacté par La Presse pour recueillir sa position à propos de ces développements qui menacent le parti d'éclatement, voire d'implosion, Mouldi Riahi, secrétaire général adjoint d'Ettakatol chargé des structures et du règlement intérieur, précise : «Tout d'abord, les déclarations de Sammari n'engagent que sa propre personne. Depuis quelque temps, il se présente comme étant le chef du courant réformiste au sein d'Ettakatol alors que nous n'avons rien entendu de ce qu'il proclame actuellement quand il participait aux réunions du conseil national du parti. Pour nous, ce qu'il fait à l'heure actuelle avec ses compagnons constitue une campagne de dénigrement et d'atteinte à la réputation d'Ettakatol et au rôle décisif qu'il est en train d'assumer en cette étape importante que vit la Tunisie. D'autre part, je voudrais rappeler que le conseil national tenu les 6 et 7 octobre 2012 à Sousse a déjà gelé son adhésion au parti, vu les dépassements qu'ils a commis à l'encontre d'Ettakatol et de sa direction. Plus encore, Sammari, qui parle aujourd'hui au nom de la légitimité issue du 1er congrès de 2009, n'a aucun rapport avec ce même congrès dans la mesure où, étant résident à l'étranger à cette époque, il n'y a pas participé et il n'a rejoint Ettakatol qu'en juin 2011». Comment Sammari se présente-t-il alors comme étant un membre du conseil national du parti ? Mouldi Riahi souligne : «Oui, il a bénéficié de cette qualité dans le cadre des mesures de transition prises par le conseil national qui a décidé de faire passer le nombre de ses membres de 67 élus lors du congrès de 2009 à 189 composant le conseil national actuel considéré comme un conseil de transition dans l'attente de la tenue du 2e congrès national prévu les 5, 6 et 7 juillet prochain. Ont profité également de cette décision Mahmoud Besrour et Khaled Kabbous et d'autres qui ont démissionné d'Ettakatol, sachant que Mahmoud Besrour a annoncé le 26 décembre 2012 la création de son propre parti qu'il appelle l'Alternative sociale démocratique. Zakia Dhifaoui a, de son côté, quitté Ettakatol depuis plus d'un an et demi. Je me demande comment se permettent-ils de parler d'Ettakatol et ‘‘des structures légitimes". Quant à Hédi Manaï pour lequel nous vouons du respect et de la considération, vu qu'il a été l'un de nos compagnons de lutte durant les années de braise, je précise que nous sommes en train de dialoguer avec lui. Il a rencontré effectivement le Dr Ben Jaâfar et nous attendons qu'il honore l'engagement qu'il a pris d'organiser une réunion entre la direction du parti et un groupe de militants qui désirent dialoguer avec nous. Je ne peux que m'étonner de le voir rejoindre Sammari et ses compagnons». Non aux fausses informations Les dissidents appelant à un conseil national exceptionnel fondent leur demande sur l'application de l'article 26 du règlement intérieur du parti et considèrent qu'ils ont le droit d'exiger que la direction d'Ettakatol réponde à leur demande. Mouldi Riahi admet «qu'effectivement, l'article 26 du règlement intérieur dispose dans son deuxième paragraphe qu'une session exceptionnelle du conseil national peut se tenir, en cas de besoin, à la demande du Bureau politique ou suite à une demande écrite adressée au secrétaire général par les deux tiers des membres du conseil national». Il s'interroge dans ce contexte : «Où en sommes-nous de ces deux tiers, à raison de 47 membres pour ceux issus du congrès de 2009 ou des 2/3 du conseil actuel qui compte 189 membres ?». Le responsable des structures et du règlement intérieur au sein d'Ettakatol défie les dissidents de publier les noms des présents lors de l'annonce des décisions qu'ils ont prises, hier. «A ce moment-là et en ma qualité de responsable des structures depuis 19 ans, j'assumerai la responsabilité d'informer l'opinion publique et de lui signifier quels sont ceux qui appartiennent effectivement au parti et ceux qui n'ont aucun rapport avec Ettakatol», ajoute-t-il. Il conclut en relevant qu'Ettakatol vit «une dynamique soutenue ces dernières semaines à la faveur du renouvellement de ses sections et de ses fédérations et de l'élection des 450 congressistes qui participeront au deuxième congrès national prévu les 5, 6 et 7 juillet et qui constituera un événement national que nous espérons à la hauteur de nos ambitions». Nous avons été obligés de retirer la confiance à la direction d'Ettakatol De son côté, Hédi Manaï, coordinateur général désigné pour préparer un congrès extraordinaire d'Ettakatol, révèle: «Face au silence du Dr Ben Jaâfar et de son refus de répondre favorablement à nos demandes bien que je l'aie rencontré fin avril dernier, nous nous sommes trouvés dans l'obligation de tenir, dimanche 5 mai, une session exceptionnelle du conseil national au cours de laquelle il a été décidé de retirer la confiance à la direction actuelle d'Ettakatol, et ce, en application des dispositions de l'article 26 du règlement intérieur, plus particulièrement son paragraphe 4». Revenant aux reproches adressés par les membres du courant réformiste à la direction d'Ettakatol, notre source évoque «la décision d'élargir la composition du bureau politique et du conseil national du parti, décision qui ne peut être prise que lors d'un congrès national selon le règlement intérieur et l'absence du dialogue et la prise de décision de manière individuelle sans consulter ni la base ni les structures régionales, en particulier pour ce qui est de la participation au gouvernement de la Troïka». Hédi Manaï poursuit : «En dépit de nos tentatives de parvenir à une solution qui réponde à nos demandes et à celles de ceux qui ont quitté le parti, la direction actuelle nous a opposé une fin de non-recevoir, ce qui nous a poussés à convoquer un conseil national exceptionnel à l'issue duquel une coordination générale composée de 9 personnalités a été mise sur pied sous ma direction en vue de préparer le prochain congrès national». Notre source conclut en indiquant : «Nous allons contacter le secrétaire général du gouvernement pour l'informer des décisions prises par le conseil national exceptionnel afin qu'il prenne les mesures qui s'imposent».