La scène artisitique tunisenne vient de perdre une de ses figures de proue, le comédien de théâtre et de cinéma Lotfi Dziri, parti dimanche matin, après un combat douloureux contre la maladie. Artiste aux talents multiples, il a fait partie de la grande famille du journal La Presse durant plusieurs années en tant que journaliste dont la polyvalence et l'élégance du style étaient unanimement appréciées et reconnues. On se souvient de son retour à Tunis après un long voyage artistique en France, avec un spectacle Ma t'âllakch (sans commentaire), un one man show dans lequel il explore la nature du Tunisien à travers une brochette de personnages et sa mise en scène, une dizaine d'années après, d'un autre one man show, Hadith Errouh, joué par Nourhène Jawa. Le public retient, certainement, ses multiples rôles dans des séries et des feuilletons télévisés, mais rares sont ceux qui savent qu'il a écrit le scénario du téléfilm L'argile de la terre, produit par la télévision nationale tunsienne, début des années 2000. Son talent et son charisme n'ont pas laissé insensibles les cinéastes tunisiens et étrangers, dont notamment Jean Jacques Annaud qui a fait appel à lui dans L'or Noir, tout comme Jacques Malaterre qui lui a donné un rôle conséquent dans son film Homo-sapiens, le sacre de l'homme. La BBC a, elle aussi, recouru à lui dans plusieurs documentaires. Pour le cinéma tunsien, on lui reconnaît des rôles majeurs dans Making off de Nouri Bouzid, Visa de Brahim Letaïef et Le dernier mirage de Nidhal Chatta. Acteur fétiche de la nouvelle génération de cinéastes tunisiens, il n'a jamais hésité à offrir son savoir-faire et son expérience pour soutenir de jeunes réalisateurs. Il a ainsi été dans Fausse note de Majdi Smiri, Le piège de Kaouther Ben H'nia, Une vie meilleure de Chiraz Bouzidi... A l'aube de la révolution, cet amoureux du 7e art a tenté une expérience derrière la caméra, avec un documentaire Tunisien, comment et pourquoi?. Lotfi Dziri présente beaucoup plus que son long CV, il est aussi cet être d'une sensiblité à fleur de peau, qui arrive sur les plateaux de tournage avec toute sa bonne humeur et sa joie d'exercer un métier qu'il aime. C'est lui qui ne rate pas une occasion de nous parler de son amour inconditionnel de la scène et du théâtre et qui faisait rire ses collègues après une longue et exténuante journée de tournage, parce qu'il était toujours heureux de faire ce métier. Adieu Lotfi. Tu étais un artiste... un vrai.