L'entraîneur «sang et or» a établi une certaine hiérarchie en attendant le mercato estival Depuis qu'il a pris les rênes de l'équipe à la fin du mois de janvier, Maher Kanzari a opté pour la politique des étapes. Il a donc procédé match par match, fermant aussitôt la parenthèse africaine au coup de sifflet final pour se concentrer aussitôt sur l'échéance suivante. Rattrapé par un calendrier chargé, l'entraîneur espérantiste n'a jamais eu un temps de répit, histoire d'apporter les correctifs nécessaires. Toutefois, Kanzari et son staff programment des matches amicaux contre des clubs divisionnaires, chaque mercredi matin. L'objectif est de permettre aux nouveaux venus, à l'instar de Ahmed Akaïchi et Lamjed Chehoudi, de compenser le manque de temps de jeu. Le travail de Kanzari commence à porter relativement ses fruits. Pourtant, si Akaïchi et Clottey commencent ainsi à intégrer le dispositif mis en place, ce n'est toujours pas le cas pour Chehoudi et Mhirsi. La double confrontation contre l'équipe de Béjaïa aux 1/8es de finale de la Ligue des champions a mis à nu les limites des arguments offensifs des «Sang et Or». L'équipe ne dispose pas d'un avant-centre puissant capable de donner des passes décisives ou de mettre la balle dans les filets. Pour mettre la balle dans les filets, il faudra prendre des risques. Jouer avec trois milieux défensifs, en l'occurrence Ragued, Mouelhi et Traoui, atténue la portée offensive dans le jeu de l'équipe. A notre humble avis, l'entraîneur espérantiste devra prendre des fois des risques et sacrifier un pivot, même s'ils affichent tous les trois la grande forme, afin de donner la place à un attaquant supplémentaire. Des joueurs, comme Akaïchi et Clottey, peuvent se montrer plus efficaces s'ils sont titularisés. Ouvert, Maher Kanzari n'exclut aucune formule, mais tient compte d'une règle d'or pour lui : chaque match a sa vérité et chaque échéance a son temps de réflexion. Une chose est sûre : l'Espérance a besoin de puissance en attaque pour pouvoir avancer. Jouer avec trois milieux défensifs est, parfois, un véritable frein. «Les recrutements : trop tôt pour en parler» Un entraîneur est censé protéger ses joueurs et encaisser les coups à leur place. C'est le cas du coach de l'Espérance qui s'est excusé de manière subtile pour ne pas évoquer les besoins de l'équipe en matière de recrutements : «Il est trop tôt pour parler de renforts et des postes à pourvoir. Certes, l'équipe n'a pas été parfaite face à Béjaïa, mais l'essentiel a été fait. Nous avons gagné et assuré la qualification à la phase des poules de la Ligue des champions. C'est le plus important pour le moment. J'avoue que sur le moment, après le coup de sifflet final, je n'étais pas fier, vu que l'équipe a éprouvé beaucoup de difficultés pour marquer. Mais j'ai six matches de play-off à jouer. J'ai fermé momentanément la page de la Ligue des champions avec les défaillances affichées. Je ne peux pas parler de poste ciblé, car je nuirai aux joueurs qui évoluent au poste en question», souligne l'entraîneur de l'Espérance. Antar et Belaïli intouchables Le message du technicien espérantiste est on ne peut plus clair : composer avec les moyens du bord pour avancer dans la phase du play-off, sans offenser aucun joueur. Interrogé sur les raisons qui l'ont empêché d'utiliser Akaïchi samedi dernier contre l'équipe de Béjaïa, l'entraîneur de l'EST nous apporte son élément de réponse : «Jouant la défense et venu chercher le nul coûte que coûte, notre adversaire a considérablement réduit les espaces de manoeuvre. C'est pourquoi j'ai opté pour Clottey, un joueur de poche, qui sait crocheter et faire des ouvertures sur les côtés. Il est plus technique que Akaïchi qui a besoin d'espaces pour s'exprimer sur le terrain. Toutefois, je pensais l'aligner en cours de match, mais j'ai dû faire un changement forcé après la blessure de Dhaouadi», explique-t-il. En prévision de la phase du play-off, Kanzari a établi ses choix par ordre de mérite : «Les règlements qui régissent le championnat de Tunisie limitent notre choix à trois joueurs étrangers. Les deux Algériens, Antar et Belaïli, sont intouchables. En attaque, je donne la priorité à Jouini puis Akaïchi. Clottey demeure donc en ballottage avec Afful. En championnat, nous n'avons pas un problème d'efficacité puisque nous parvenons à marquer. Pour moi, inscrire des buts n'est pas uniquement l'affaire des attaquants. Les joueurs de couloir, du milieu et même les défenseurs sont aussi concernés», a notamment déclaré Maher Kanzari avant de conclure : «Je voudrais souligner une chose : le football a beaucoup progressé en Afrique. Les clubs tunisiens ne sont pas seuls sur la scène. Nous devons comprendre une chose : nous ne sommes pas les dieux des stades africains. Regardez les clubs égyptiens Al Ahly et Ezzamalek qui se sont qualifiés dans la difficulté ou encore le TP Mazembé qui a été éliminé. Il faut garder la tête sur les épaules et rester humbles pour pouvoir avancer. Quant à Jouini, ce n'est pas parce qu'il n'a pas marqué lors des derniers matches qu'il est devenu mauvais. Critiqué de la sorte par le public, car il ne trouve plus le chemin des filets ces derniers temps, est, à mon sens, son premier véritable examen en tant que footballeur. Il suffit qu'il marque pour qu'il y ait le déclic pour lui», estime l'entraîneur de l'EST. Maher Kanzari semble, tant bien que mal, avoir fait ses choix et trouver les bonnes formules avec ce qu'il a sous la main. Il est conscient qu'au fur et à mesure qu'il avance dans la compétition, il doit corriger les lacunes qu'il rencontre chemin faisant. Du courage et de la patience : c'est tout le mal qu'on lui souhaite!...