Le 113e classique entre le Club Sfaxien et l'Espérance de Tunis a révélé les limites défensives des Sudistes et la faculté des Sang et Or à exploiter les balles arrêtées. On comprend à présent pourquoi le Comité noir et blanc a demandé à reporter ses débuts au play-off. Hier, face à un rival aussi hargneux, puissant et dynamique que l'EST, il aurait fallu opposer beaucoup de fraîcheur et de jus, ce qui n'a pas été le cas d'un ensemble rentré lundi soir d'un long et harassant voyage au Congo. De plus, le matin même de ce choc, Ruud Krol perdait une carte essentielle, le Ghanéen Maman Youssoufu, fort précieux côté droit. Au dernier tour aller de la coupe de la CAF, ne fut-il pas à la base des trois buts sfaxiens (victoire 3-1). Son remplaçant, Abdelkader Khachech, a été hier une plaie au flanc de la défense sfaxienne: constamment dépassé par la vitesse et la vélocité de Blaïli,sa contribution en attaque a été caricaturale. Ajoutés au forfait de Yassine Khenissi, le goleador du club, c'était trop de handicaps pour des locaux sonnés debout au bout de seulement une heure de jeu. En face, l'Espérance de Tunis a fait parler son immense expérience et la solidité de son bloc. Son jeu en contres a été un modèle du genre, tout comme son efficacité sur les balles arrêtées (les deux premiers buts oeuvres de Dhaouadi à la reprise d'un coup franc de Chammam, et coup franc magistral-genre feuille morte de Blaïli en pleine lucarne.) Certes, l'EST prit par la suite à (3-0) deux buts sur des balles arrêtées. Son relâchement du dernier quart d'heure peut coûter cher en d'autres circonstances. Mais il faut admettre que le club de Bab Souika avait déjà fait le plus dur. Il a donné hier une leçon de réalisme, d'organisation, de rigueur et d'intelligence. Le CSS a du chemin à faire à ce niveau, nonobstant les circonstances atténuantes évoquées plus haut. Défense: le naufrage de Khachech Arrière-garde granitique au moins une heure durant contre une défense vulnérable, mal organisée et trahie aussi bien dans son axe que sur les flancs: le contraste était saisissant durant les 60 premières minutes. Trois pivots pour couvrir la défense côté tunisois, contre un seul (Ferjani Sassi) côté sfaxien. Le bloc était dès lors sang et or, avec des relais et des départs fulgurants assurés devant. Amine Abbès a paru se ressentir du carton jaune pris dès la 8e minute et qui va le priver du déplacement de dimanche prochain à Sousse. Maâloul n'était pas suffisamment couvert côté gauche, alors qu'il est inutile de revenir sur le naufrage de Khachech sur le versant opposé. En face, les jaillissements et le sens du placement de Dhaouadi ont cadenassé l'axe. La recherche obsessionnelle des hommes de Krol de passer par les ailes a été neutralisée par une pression asphyxiante opposée à ce travail de manœuvre sur les côtés. D'ailleurs, on ne vit presque jamais Derbali monter en attaque, Chammam tout juste davantage. La sortie de Dhaouadi à la 68e (il n'était pas à cent pour cent physiquement) a desserré l'étau et ouvert des boulevards avec le résultat que l'on connait. Milieu: trois pivots, trois buts ! Afful côté droit et Blaïli côté gauche furent hier des épines dans le dos de l'équipe sfaxienne. Comme Traoui n'hésitait point à plonger dans les boulevards laissés par l'équipe locale, alors que Ragued et Mouelhi faisaient les porteurs d'eau, deux invincibles récupérateurs infatigables au harcèlement, c'est une ligne médiane équilibrée que proposa Kanzari. Sur le papier, elle pouvait paraître ultra-défensive, prudente et frileuse. A l'épreuve des faits, elle se révélait subtile, intelligente et capable des reconversions les plus étourdissantes et des raids les plus meurtriers. Le milieu sudiste ne s'exprima convenablement que dans le dernier quart d'heure lorsqu'il trouva des espaces, l'adversaire baissant sensiblement la garde. La rentrée (tardive) de Louati a apporté du répondant à l'ensemble. Sassi et Moncer parurent hier au bout du rouleau, tout comme un Maâloul qui manqua de spontanéité et d'idées dans ses montées. Attaque: Akaïchi la providence La blessure de Haythem Jouini dès la 8e minute dans un contact avec Abbès a été un bien pour un mal. En effet, la rentrée de Ahmed Akaïchi a accéléré la percussion et donné énormément de profondeur à l'attaque visiteuse. L'ancien Etoilé a été de tous les bons coups, tuant carrément le match dès la 57e minute lorsqu'il profita de la glissade de Boulaâbi pour tripler la marque. Idrissa Kouyaté a été à l'opposé inexistant, n'existant presque jamais dans la toile d'araignée tissée devant Ben Cherifia. Ce n'était pas non plus le jour de Ben Youssef qui se transforma sans conviction en milieu droit. La rentrée de Libré coïncida avec le quart d'heure de folie du CSS qui revint à un cheveu de son rival, sans néanmoins qu'il ait été pour grand chose. Bref, certains ont dû se raviser hier et se poser la question de savoir si le CSS de cette saison n'a pas quelque part été surévalué.