Le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, a déclaré hier, lors d'une conférence de presse à Montplaisir, que son parti a fait le choix de la concession pour le bien du pays, dans le cadre du dialogue national qui se poursuit depuis plusieurs jours au palais Dhiafa à Carthage. Rached Ghannouchi a estimé que le pays «a besoin de dialogue national» et s'est dit satisfait des avancées considérables qui ont été faites augurant que l'on se dirige vers des élections présidentielles et législatives avant la fin de l'année 2013. «Nous avons jusqu'ici convenu que le futur régime de la Tunisie sera un régime mixte dans le sens où le président de la République et le chef du gouvernement se partageront les prérogatives», indique-il. Entouré de Ameur Laârayedh et de Abdelfattah Mourou, le président du mouvement a annoncé que son parti a accepté la révision de certains termes utilisés dans la constitution et qui ont créé la polémique dans les formations politiques et chez les experts. «Dans le préambule par exemple nous avons accepté de remplacer le terme “les fondements de l'islam" par “les enseignements de l'islam"», dit-il. D'un autre côté, Rached Ghannouchi déclare qu'il ne voit aucune objection à ce que les ligues de protection de la révolution (LPR) qui n'ont pas un statut juridique légal soient dissoutes, à condition que toute organisation qui opère hors du cadre légal soient traitée de la même façon. Il réitère néanmoins son refus de dissoudre par décision politique toutes les LPR sans distinction, comme cela a été demandé pour l'opposition. Pour sa part, Ameur Laârayedh a déclaré que la décision du tribunal administratif de suspendre les travaux de la commission chargée de la sélection des candidats à l'Instance supérieure indépendante pour les élections n'est pas irrévocable. «Des négociations sont en cours actuellement avec le président du tribunal administratif afin de trouver un compromis qui soit légal et dans le même temps peu procédurier pour sortir de l'impasse, on pourrait par exemple abandonner la grille évaluative qui crée problème». La Tunisie n'est pas un Etat faible La question sécuritaire du pays a accaparé une grande partie de la conférence de presse, notamment avec les questions des journalistes présents, qui ont interpellé le président du mouvement sur la prise de position tardive en ce qui concerne les discours de haine dans les mosquées. «Nous avons toujours condamné toute forme de violence, mais nous continuons à soutenir la liberté d'expression tant qu'elle reste pacifique», a-t-il dit. Nommant explicitement le groupe Ansar El Charia, Rached Ghannouchi appelle les «guides spirituels» de ce mouvement à réviser leurs points de vue et à ne pas mettre les jeunes à l'épreuve face à l'Etat, avant d'ajouter que l'Etat auquel ils s'attaquent «n'est pas faible» comme ils semblent le penser. «Nous appelons tout le monde à accepter cet Etat légitime et à se soumettre à la loi du pays, il n'est pas question qu'il y ait un congrès de Ansar El Charia à Kairouan sans l'aval des autorités», a-t-il martelé. Il a déclaré en outre que ceux qui ont égorgé et mutilé le policier à Djebel Jeloud il y a quelques jours, un ont bénéficié de la bénédiction de l'imam d'une mosquée qui les a même hébergés la nuit du drame. Selon lui, les parties représentées au dialogue national se sont entendus sur la formation prochaine d'un «front national contre la violence», car, dit-il, «la lutte contre la violence est l'affaire de tous». Comme à chaque fois, Rached Ghannouchi relativise la violence des groupes salafistes en insistant sur le fait que la majorité de ces jeunes sont pacifistes. Pour sa part Abdefattah Mourou n'a pas manqué d'ajouter que le scénario, algérien sera catastrophique pour la Tunisie, car notre pays ne dispose pas de ressources naturelles lui permettant de surmonter des années noires, si par malheur elles survenaient. «Ceux qui appellent au jihad contre l'Etat assumeront la responsabilité historique et idéologique devant le peuple tunisien», a-t-il averti.