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Tunisie - Décryptage des messages codés de Rached Ghannouchi
Publié dans Business News le 10 - 10 - 2012

En quelques heures, la vidéo de Rached Ghannouchi a réussi à faire polémique et a poussé à la réaction plusieurs hommes politiques, y compris au sein de la troïka.
Mohamed Bennour, d'Ettakatol, se dit ainsi choqué par les propos du président du parti islamiste. Il n'est pas le seul. Tous ceux qui ne connaissent pas de près Ennahdha ou croyaient en son discours mielleux l'ont été également.
La polémique a poussé Ameur Laârayedh à publier, en un temps record, un communiqué explicatif.
En quoi les propos de Rached Ghannouchi sont-ils dangereux et quels sont les messages glissés entre les lignes à l'adresse de ses «enfants » salafistes ?
En s'adressant aux partenaires étrangers, en s'adressant aux médias, aussi bien avant qu'après les élections, Rached Ghannouchi a répété à qui veut bien l'entendre (et ils sont très nombreux) qu'Ennahdha ne changera jamais le mode de vie des Tunisiens et leur modèle de société.
L'opposition, les médias et un pan de la société civile avaient beau répéter et crier sur tous les toits que les propos de M. Ghannouchi ne sonnent pas vrais, ils n'arrivaient pas à convaincre la masse populaire.
Il y a quelques mois, dans une rencontre avec le prédicateur extrémiste égyptien Wajdi Ghenim, le cheikh Abdelfattah Mourou, actuel vice-président d'Ennahdha expliquait en substance que cette génération est « foutue » et qu'il faut « travailler » les générations suivantes.
Par « travailler », on entend endoctriner les jeunes générations au discours islamiste rigoriste où la loi d'Allah, la Chariâa, remplace la loi des hommes.
On retrouve la substance du discours tenu par M. Mourou aujourd'hui dans celui de M. Ghannouchi dans son entretien avec quelques leaders d'opinion islamistes qui veulent instaurer la Chariâa dans le pays et imposer la religion comme étant la priorité en Tunisie. Avant l'économie et le social qui, disent-ils, n'importe quel parti politique peut assurer avec succès ! C'est ce qu'ils ont déclaré, du moins, dans leur entretien avec le leader d'Ennahdha.
A ces leaders d'opinion islamistes, Rached Ghannouchi tient un discours bien différent de celui mené avec les Occidentaux et les médias.
Aux Occidentaux, il déclare : « je suis d'accord avec vous, l'Etat civil prime sur tout, on ne change pas de modèle de société ».
A ses interlocuteurs islamistes, il déclare : « je suis d'accord avec vous, l'islam prime sur tout, on changera le modèle de société ».
Pour Rached Ghannouchi, ce qui prime c'est le résultat final. L'objectif étant d'atteindre l'application de la Chariâa en Tunisie. Reste la stratégie pour y arriver. Les islamistes radicaux et autres salafistes veulent tout, tout de suite. On l'a d'ailleurs vu chez Sadok Chourou, député d'Ennahdha à l'ANC, qui a demandé à ce que l'on coupe les têtes et les mains aux grévistes. C'était la première et la dernière fois qu'il menait ce discours. Il a été rapidement rappelé à l'ordre.
Après tant d'échecs, sur tant de décennies, Rached Ghannouchi a fini par adopter la stratégie de Habib Bourguiba, la politique des étapes. Et c'est ce qu'il a essayé de faire comprendre à ses interlocuteurs du jour, dans cette vidéo : l'essentiel est d'arriver à un résultat palpable et durable dans le temps.
Autre élément, convaincant, il leur a expliqué que la victoire islamiste dans les élections est loin d'être une victoire réelle dans le concret, puisque ni l'armée, ni la police, ni l'administration et encore moins les médias ne sont sous sa coupe.
En citant l'exemple algérien, Rached Ghannouchi montre qu'il a appris des leçons du passé et qu'il faudrait garantir l'acquis avant d'aller à une autre étape, celle de la consolidation qui exige des années et une profonde pénétration de l'ensemble des parties hostiles.
En résumé, Rached Ghannouchi n'a rien du modéré, il est aussi extrémiste que ses interlocuteurs, il ne fait qu'adopter une tactique pour mieux « abattre » l'adversaire. Il se trouve que cet adversaire n'est autre que son compatriote, aussi musulman que lui. Et tout au long de sa discussion, Rached Ghannouchi a adopté le langage diviseur : eux et nous ; les laïcs et les islamistes. Dans le premier camp, on retrouve l'armée, l'Intérieur, les médias et l'administration. Dans le second, Ennahdha, ses militants, ses électeurs et, bien sûr, les radicaux et les salafistes.
Reste à savoir maintenant quel est l'objectif réel de Rached Ghannouchi.
Selon Mohsen Marzouk, de Nidaa Tounes, l'islamisation de la société n'est pas l'objectif final pour Rached Ghannouchi, ce n'est qu'un outil pour instaurer une dictature totale et mettre la main basse sur les richesses du pays. Procès d'intention qui reste à prouver, vu qu'Ennahdha dans son communiqué explicatif a essayé de justifier les propos de son chef.
« Les phrases ont été sorties de leurs contextes et ont, de ce fait, déformé les propos initiaux, visant le dénigrement (…) Dans toutes les institutions, il existe une minorité corrompue liée à l'ancien régime et c'est cette minorité qui empêche la construction d'une sûreté républicaine », se défend-on du côté d'Ennahdha. Explications qui restent à prouver également.
En tout état de cause, et quelle que soit l'explication que l'on veut bien donner à cette vidéo, Rached Ghannouchi montre qu'il n'est pas vraiment prêt pour le dialogue national entre toutes les forces vives du pays. Le fait même de dire « eux » et « nous » reflète un état d'esprit discriminatoire où la Tunisianité vient en second plan.
En évoquant les Islamistes algériens, comme l'indique Mohsen Marzouk, « Rached Ghannouchi montre que sa loyauté n'est pas pour la nation, mais pour le mouvement extrémiste international qui se cache derrière le masque islamiste. »
Mohamed Bennour a déclaré être choqué par les propos de Rached Ghannouchi, mais le porte-parole d'Ettakatol n'a rien fait (et ne fera rien) concrètement pour remettre les choses à leur place.
Idem pour le CPR dont les dirigeants crient sur tous les toits (lorsqu'ils sont à l'étranger) qu'ils sont laïcs. Pour le moment, ils restent muets, occupés à dresser les "potences" pour les symboles de l'ancien régime.
L'esprit profond du discours de Rached Ghannouchi est identique à celui d'Abdelfattah Mourou, lui-même au discours de Hamadi Jebali, trahi par ses deux célèbres lapsus le 6ème califat et la dictature naissante en Tunisie.
Malgré tout cela, un large pan de la société continue encore à croire qu'Ennahdha est un parti républicain qui tient à préserver la « républicanité » de la Tunisie, son état civil et son modèle de société actuel.


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