Le développement de la finance islamique en Tunisie soulève un certain nombre de questions : quel modèle de finance islamique la Tunisie entend-elle promouvoir? Se présentera-t-elle comme une alternative ou un complément à la finance conventionnelle ? Quelle est la portée de ces nouvelles dispositions sur le secteur financier tunisien ? Quelles perspectives pour la place financière de Tunis ? La Tunisie devra choisir entre un système dual avec un cadre juridique spécifique réservé aux banques islamiques ou un système où coexistent des banques islamiques et conventionnelles avec, pour ces dernières, la possibilité d'ouvrir des fenêtres islamiques. La question est fondamentale car elle détermine l'approche de la réglementation des banques islamiques et la manière dont va s'opérer la réglementation prudentielle du secteur bancaire. Les modèles d'accueil et de réglementation de la finance islamique varient selon les spécificités de chaque pays. En Asie du Sud-Est, la Malaisie, à la pointe de l'industrie financière islamique, est souvent prise en exemple pour les choix opérés par ces instances de régulation. De même dans les pays du Golfe, le Bahreïn est devenu l'une des principales places financières en matière de financements islamiques et a acquis une véritable expérience en matière de régulation et de gouvernance des banques islamiques. Pour la région du Proche et Moyen-Orient, le Liban a connu un encadrement juridique progressif de l'activité bancaire islamique. Une loi spécifique a été adoptée en 2004 pour réglementer et contrôler les banques islamiques, complétée par une série de circulaires émises par la Banque du Liban. Pour le Maghreb, le Maroc a procédé récemment à une refonte de sa loi bancaire pour instaurer un cadre légal aux banques « participatives ». La Tunisie est sur le point de choisir un de ces modèles. Quelles implications aura ce choix sur l'ensemble du secteur financier tunisien ? Nous assistons actuellement à une évolution du marché et des produits de la finance islamique offerts avec notamment les «sukuk» qui connaissent une croissance rapide, et la percée d'une nouvelle classe d'acteurs que sont les fonds et les sociétés d'investissement islamiques. L'introduction de la finance islamique en Tunisie accueillera ces nouveaux produits à la fois à l'échelle nationale mais probablement à une échelle transfrontalière également. Alors quels produits islamiques pour la Tunisie ? Nous verrons que de nouveaux secteurs s'ouvrent à la finance islamique avec des produits d'investissement sur le marché du Private equity et de l'Asset Management. Ces nouveaux produits nécessitent-ils une modification du cadre réglementaire existant ou s'insèrent-ils dans le cadre existant, la pratique internationale diffère également sur ce point et les expériences sont multiples. La structuration des produits financiers islamiques à l'échelle internationale a connu une évolution significative conduisant des organismes internationaux à travailler sur une standardisation de ces produits. Pour comprendre les enjeux et perspectives posés par l'introduction et l'essor de la finance islamique sur le secteur financier tunisien, des experts internationaux et des professionnels de la finance islamique répondront, à l'occasion du colloque « La finance islamique en Tunisie à travers l'agrément des banques islamiques, l'émission de sukuk : quelles problématiques, quels enjeux ?», aux nombreuses questions et problématiques soulevées. Ce colloque, organisé par le Cercle des financiers tunisiens (CFT), se tiendra à Tunis le 11 juin prochain. De nombreux experts de la finance islamique d'institutions bancaires islamiques prendront part à ce colloque.