Il semble que la scène de Carthage renaîtrait de ses cendres, c'est-à-dire qu'on retrouvera les débris d'une Carthage diversifiée, plurielle, florissante et surtout majestueuse, comme on l'a toujours rêvée et voulue. Longtemps considéré comme un événement prestigieux et de dimension internationale, le festival de Carthage a accueilli les artistes, les troupes et les ballets les plus connus : Louis Armstrong, Ray Charles, Joe Cocker, Mikis Théodorakis, Wadiï Essafi, Sabah Fakhri, Warda, Lotfi Bouchnaq, Georges Wassouf, Dalida, Charles Aznavour, Eros Ramazzotti, le ballet Bolchoï... A partir de la fin des années 1990, ce festival a connu une nette régression avec des programmations favorisant la musique de variété et réservant une large marge à des artistes de second ordre élevés au rang de vedettes par le seul "mérite" des machines promotionnelles du showbiz. Conséquence : une cacophonie dominante qui noyait les quelques soirées à dimension culturelle et de vraie qualité artistique. Mais voilà que cet été, il semble que la scène de Carthage renaîtrait de ses cendres, c'est-à-dire qu'on retrouvera les débris d'une Carthage diversifiée, plurielle, florissante et surtout majestueuse, comme on l'a toujours rêvée et voulue. Musique électroacoustique exaltée En effet, Mourad Sakli, le directeur de la 49e session, qui se déroulera du 12 juillet au 17 août, paraît tenir compte du caractère cosmopolite du festival qui sera ouvert aux différentes cultures, identités et coutumes étrangères; ce qui fait que cette année, qui a été un peu dure pour les Tunisiens, va être inscrite dans un paysage culturel, vivant et frais qui reflétera l'image d'une Tunisie plurielle, verdoyante et inspirée. Le directeur a déclaré aux journalistes son souci de réaliser des soirées de niveau, que ce soit dans la musique, dans le théâtre ou dans le cinéma. Il a, dans ce sens et à titre d'exemple, prévu deux grands noms qui font l'unanimité à l'échelle internationale : Jean-Michel Jarre et Paco de Lucia. Ainsi, le fils de Maurice Jarre, le célèbre musicien de films, Jean-Michel Jarre, sera parmi nous le 12 août. Metteur en scène, parolier, mêlant voix, jazz-électro, vintage, techno, dance floor, technologie numérique, oscillations électriques, cet artiste a fait preuve d'un foisonnement surprenant. Jarre est non seulement cosmique avec ses albums qu'il compose en concepts («Oxygène», «Equinoxe», «Chants Magnétiques», «Zoolook»), il est aussi un défenseur infatigable de la protection de l'environnement. Ce «magicien du son et de la lumière » (titre d'un livre sur lui de Michael Duguay) est également féru de littérature. D'ailleurs il a réussi une licence de lettres à la Sorbonne avec un essai comparatiste entre le Faust de Gounod et celui de Goethe. Ses spectacles mythiques ont été immergés par le «concept de ville en concert», à la Pink Floyd et Rolling Stones, à Houston, au Caire, à Moscou. S'alarmant inlassablement contre le manque d'eau sur la planète et la désertification, cet artiste a collaboré à l'expansion de la révolution musicale du XXe siècle. Son engagement lui a valu le titre d'officier de la Légion d'honneur le 14 juillet 2011. En somme, le compositeur de «En attendant Cousteau», qui est un album dédié au commandant Cousteau, rend hommage en conséquence à toute découverte musicale qui plonge dans les profondeurs de l'océan humain chantant les flux purs. Le 31 juillet sera une date un peu lointaine pour les amateurs et les admirateurs de Paco de Lucia et du flamenco. Mais attendez, il faudrait nous réjouir de l'arrivée de ce grand artiste. De surcroît, le guitariste irradiera les planches de Carthage avec son nouveau concert «En vivo Conciertos España» qui est un album en direct. En bref, Paco de Lucia est un guitariste de flamenco. Avec la «guitara Flamenca» qui est d'origine gitane espagnole et andalouse et adoptée pour le flamenco, cet artiste est considéré comme l'un des plus grands artistes de flamenco dans le monde. Aussi, reconnaît-on dans ce flamenco-man, qui fait danser les cordes de sa guitare, un artiste innovateur apportant ainsi de nouvelles expressions et de prestes allures au flamenco dans le monde. Envie de «Envivo» D'ailleurs, on discerne dans son entichement et sa profonde sensibilité un univers musical à texture fulgurante. Jouant à la guitare depuis l'âge de 5 ans, et issu d'une famille de musiciens, cet artiste précoce a surtout coopéré avec de grands musiciens de jazz et a pu offrir un jeu musical divinement intense. C'est sa collaboration avec les guitaristes John McLaughlin et Al Di Meola dans le célèbre disque «Friday Night in San Francisco» qu'on a bien vu la réussite de Paco de Lucia dans la sensible improvisation musicale. Le guitariste espagnol qu'on considère comme une école de flamenco retrouvera à Carthage les germes d'un patrimoine culturel qui nous ressemble, assemble et confirme notre appartenance à un même folklore, celui de l'expression humaine dans toute sa splendeur musicale. Ainsi, c'est avec ces deux artistes et d'autres qu'on peut dire qu'il y a un désir fervent qui s'érige d'un métissage culturel rutilant, tirant ses origines d'«Un carnet de voyages à Carthage » (Gustave Flaubert) qui luira sous les étoiles d'un ciel toujours accueillant.