Deux ans après la révolution, la situation économique dans le pays a interpellé autant les décideurs que les investisseurs, suscitant, ainsi, un sentiment d'incertitude et de crainte qui a favorisé un climat de doute et de méfiance à légard de l'avenir des affaires. Ce constat de fait, relativement jugé et critiqué, n'a laissé indifférent aucun opérateur et partenaire étranger présents sur le marché local. Trente-quatre ans de présence sur le site Tunisie, la Chambre tuniso-allemande d'industrie et de commerce (AHK) n'a cessé de scruter l'état du marché national, sonder les positions et dégager les recommandations qui en découlent. Elle vient de lancer son enquête annuelle sur la situation et les perspectives des entreprises exportatrices allemandes 2012-2013. Outre l'identification des besoins actuels, l'objectif est de relever les conditions d'implantation et les atouts attractifs d'investissement dont dispose la destination Tunisie. Résultats. L'enquête a été réalisée au cours du mois d'avril dernier, ciblant un échantillon représentatif de 143 entreprises exportatrices allemandes déjà présentes sur le territoire tunisien, et dont seulement 54% ont pu répondre au questionnaire qui leur a été remis en mars 2013. Elles ont été interrogées sur une dizaine de questions portant essentiellement sur leurs chiffres d'affaires, le nombre d'effectifs recensés en 2012, leurs attentes pour l'exercice 2013, l'évaluation des atouts et handicaps du site Tunisie, ainsi que l'ensemble des facilitations et difficultés particulières de l'année dernière. Cette étude leur permet, autant que possible, de comprendre les changements actuels et les tendances économiques futures. Et l'analyse des perspectives est d'autant plus importante que la Tunisie passe aujourd'hui par une phase de transition. Ces entreprises, aussi représentatives soient-elles en termes de taille, participant à l'enquête emploient ensemble plus de 40 mille personnes. Les petites et moyennes entreprises (PME), dont l'effectif atteint jusqu'à 300 employés, représentent 59,7% de l'échantillon. L'électrotechnique (44,2%) et le textile (37,7%) sont, en fait, les secteurs d'activité les plus importants parmi les entreprises exportatrices allemandes ayant répondu au sondage. La majorité est basée dans les régions du Sahel (Sousse et Monastir), de Tunis, du Cap Bon (Nabeul et Hammamet) et de Bizerte, avec une répartition géographique proportionnellement établie en fonction du secteur et de sa taille. Selon l'enquête, plus de 84% des entreprises interrogées ont déclaré avoir géré d'autres sites en dehors de la Tunisie. Dans le secteur du textile, ce taux s'élève à 72,4% en 2012, contre 52% en 2011, alors que 97% des entreprises opérant dans l'électrotechnique produisent également ailleurs. Il en ressort que 52 % des entreprises répondant au questionnaire ont jugé plutôt négative l'évolution des affaires en 2012, contrairement à 47 % qui l'ont qualifiée de positive. Le niveau de satisfaction dans l'électrotechnique a avoisiné 59 %, celui du textile s'est situé autour de 41%. Et si le chiffre d'affaires à l'exportation a augmenté pour 31,2% des entreprises, il a diminué pour 32,5%. Pour la majorité d'entreprises interviewées, il reste inchangé, avec 36,3%. Il a été également noté une stagnation au niveau des exportations par rapport à l'année 2011. Volet recrutement, 32,5% des participants à l'enquête, tous secteurs confondus, ont vu leurs effectifs relativement augmenter, tandis que 36,3% ont révélé que le nombre demeure inchangé, comme cela a été constaté dans le secteur du textile. Alors que 31,2% des entreprises indiquent une compression des effectifs par rapport à l'année précédente. Mais quelles sont leurs attentes pour les prochains six mois de l'année en cours, à la lumière des prévisions politiques encore incertaines ? 40,3% se sont, ainsi, déclarées relativement optimistes quant aux perspectives d'exportation pour 2013, d'autres entreprises (18,2%) s'attendent à une baisse de leur chiffre d'affaires à l'exportation, alors que 32,5% pensent qu'il n'y aura pas un changement par rapport à 2012. De plus, l'évolution des investissements s'annonce aussi positive : 31,2% des entreprises interrogées prévoient une augmentation des investissements par rapport à l'année dernière contre 15,6% qui prévoient une diminution et 39% ne s'attendent à aucun changement par rapport à 2012. Selon l'AHK, cette baisse remarquablement enregistrée au niveau de l'évolution du chiffre d'affaires de ces entreprises en 2012 par rapport à l'année écoulée est due à des facteurs externes liés pour une grande partie aux frais de transport élevés (30% des entreprises) ou encore aux évolutions négatives sur les marchés d'écoulement, avec 27%. Par ailleurs, l'évolution du coût du travail en Tunisie constitue un facteur interne important, cité par 47% des entreprises participant à l'enquête. Elle a également noté que les résultats de cette enquête ont toujours suscité un grand intérêt auprès des institutions et autorités en Tunisie dont l'objectif est l'amélioration continue des conditions d'investissement et de travail des entreprises étrangères.