Comme chaque année, la Chambre tuniso-allemande de l'industrie et du commerce publie les résultats de l'enquête qu'elle mène auprès des entreprises allemandes implantées sur le sol tunisien. Dans sa dernière "newslettre", la Chambre expose ainsi "la situation et les perspectives de ces entreprises" : des résultats parus ce mois-ci et qui reflètent bien les grandes orientations de l'investissement étranger en Tunisie, en particulier de la part d'un partenaire aussi important que l'Allemagne. L'échantillon des entreprises qui ont participé au questionnaire de cette année est constitué en grande partie de représentants du secteur du textile et de la confection. Un secteur auquel correspond le groupe le plus important, avec 50% des entreprises allemandes présentes sur notre sol, la branche de l'industrie électrotechnique représentant pour sa part 36% des sociétés exportatrices participantes, et celles de la céramique et du BTP 14%. On apprend d'autre part que, comme au cours des années précédentes, l'enquête a permis de montrer qu'avec 58 % de participation, ce sont essentiellement les petites et moyennes entreprises qui sont représentées en Tunisie : le personnel de 28% des sociétés ayant participé au sondage ne dépasse guère les 100 salariés. Celles qui emploient entre 100 et 300 personnes représentent 30 %. Les sociétés de 300 à 500 employés, 10%, et les plus grandes sociétés, avec plus de 500 collaborateurs, représentent 32% des entreprises exportatrices participant à l'enquête de cette année. Pour ce qui est de l'évolution des affaires en 2010, il est à signaler que 30% des entreprises la qualifient de «bonne» et 46% de «plutôt satisfaisante». Ce qui représente quelque 76 % d'appréciations positives. Par comparaison avec les résultats de l'année 2009, seulement 41 % des sociétés considéraient cette évolution comme positive. Par ailleurs, et en ce qui concerne la répartition sectorielle, les appréciations positives sont sensiblement égales pour les secteurs textile (76%) ou électrotechnique (78%). Il est à noter cependant qu'une différence s'exprime sur l'extrême positif (bonne) en faveur du secteur électrotechnique, avec 50% contre 16% seulement pour le secteur textile. Par rapport à 2008 et 2009, où l'évolution du chiffre d'affaires à l'export a présenté des difficultés pour les entreprises allemandes, la situation de l'année 2010 s'est nettement améliorée. Aujourd'hui, la proportion des entreprises qui ont vu leur chiffre d'affaires s'orienter à la hausse est passé de 29% en 2009 à 66% en 2010. Un chiffre d'affaires qui, à l'export, a augmenté de manière considérable pour 34% des entreprises interrogées, contre seulement 14% en 2009. Les entreprises qui ont vu leur chiffre d'affaires baisser à l'export existent, mais leur proportion a baissé, passant de 59% en 2009 à 20% pour 2010. Des avantages malgré tout Volet emploi, l'enquête indique que, pour l'année dernière, 62% des entreprises ont embauché du personnel supplémentaire, contre 26% en 2009. Pour 32% des sociétés, les effectifs restaient inchangés. Il est à noter aussi que 6% des entreprises révèlent une compression des effectifs par rapport à l'année précédente, où la compression affichait les 39% (2009). Pour ce qui est des attentes des entreprises allemandes implantées sur le sol tunisien, et surtout en cette période difficile, 36% des entreprises interrogées prévoient une augmentation des investissements par rapport à l'année précédente. Mais il en existe tout de même 22% qui prévoient une diminution, alors que 36% ne s'attendent à aucun changement dans l'évolution des investissements en 2011 par rapport à l'an dernier. Une analyse par secteur montre que la branche électrotechnique reflète un léger optimisme, avec près de la moitié (45%) des entreprises qui envisagent une augmentation des investissements. 33% n'envisagent aucun changement et 11% prévoient un recul des investissements par rapport à l'année précédente. La situation ne semble pas très différente pour le secteur de la confection, puisque 36% des entreprises interrogées y prévoient de renforcer leurs investissements. 20% s'attendent à une diminution par rapport à l'an dernier. La plus grosse part des sociétés du secteur textile (44%) ne prévoit cependant aucun changement par rapport à l'année précédente du point de vue de leurs investissements en 2011. Pour la question des avantages du site Tunisie, les entreprises interrogées soulignent, à hauteur de 72%, la proximité géographique de l'Europe, le secteur du textile à 76%, et celui de l'industrie électrotechnique à 74%. Parmi ces avantages aussi, on relève la fiscalité pour les entreprises exportatrices (66%), les coûts de production compétitifs (48%), avec 44% pour le textile et 56% pour l'électrotechnique. De même, l'évolution du taux de change reste un facteur favorable aux exportations. Ce taux de change de l'Euro par rapport au dinar tunisien facilite énormément l'activité commerciale des entreprises allemandes (56%). Il reste cette année des points à améliorer, dont le principal est lié au manque de stabilité politique et sociale (92%). Une nouvelle lacune qui vient s'ajouter à quelques autres faiblesses, mais qui n'existait pas en 2009 et 2008. "La faible productivité des employés (22% alors qu'en 2009 elle était de 47%) fait l'objet d'un constat qui est surtout vrai dans le secteur électrotechnique (44%, tandis qu'on en était à 17% en 2009), et seulement dans une mesure nettement moindre par les entreprises exportatrices du secteur textile (13% alors qu'en 2009 ce taux était de 63%)", indiquent les résultats de l'enquête. En plus de cela, 47% des entreprises souffrent de la réglementation excessive et de la rigidité de l'administration. Par ailleurs, et contrairement aux discours antérieurs, le manque de personnel qualifié est considéré comme un inconvénient du site, et ce, de la part de 39% des entreprises exportatrices du secteur électrotechnique et de 8% des entreprises du domaine du textile. Les entreprises allemandes mettent en évidence également une série de facteurs externes et internes qui ont été ressentis comme de lourdes charges par les entreprises allemandes en Tunisie en 2010, à savoir la question des coûts de transport, et ce, malgré un recul de 43% des interrogés en 2009 à 39% en 2010. Autre point : "L'évolution des débouchés européens en 2010 a perdu en importance pour les entreprises exportatrices allemandes en Tunisie en passant de 56% en 2009 à 18% en 2010". En outre, "parmi les facteurs internes qui représentent une difficulté en Tunisie, c'est le niveau et l'évolution du coût du travail qui ont été majoritairement cités par les entreprises (41%)". Les entraves au niveau des télécommunications représentent un frein pour 10% seulement des entreprises interrogées, contre 32% en 2009. Après la révolution, il a été en général constaté "une diminution d'importance de tous les critères généralement cités durant les dernières études comme handicap de la Tunisie en tant que site de production, et à l'apparition en même temps d'un autre handicap, celui du manque de stabilité politique et sociale. Il semblerait que ce handicap soit tellement important pour les entreprises exportatrices allemandes que tous les autres handicaps «habituels» perdent en importance", souligne l'enquête.