Par Pr Jamel Trabelsi (Université Louis Pasteur - Strasbourg) Malgré les multiples situations de crise économique, les flux d'investissements directs étrangers (IDE) vers notre pays n'ont pas connu de fléchissement, au contraire ils continuent à croître, consolidant la crédibilité de notre pays auprès des investisseurs étrangers. La crédibilité du site tunisien d'investissement est un atout de taille dans la concrétisation des projets de développement. Elle est le fruit d'une stratégie politique de long terme. En effet, la vision avant-gardiste des projets politiques s'inscrivant dans la durée constitue le principal mobile de cette crédibilité attestée par les rapports des institutions internationales. Le franchissement d'un seuil de globalisation dans les années 2000, l'instabilité et les incertitudes qui entachent l'économie mondiale imposent un recadrage du modèle actuel de développement et la recherche d'un nouveau modèle, plus orienté vers une croissance endogène propulsée par une dynamique de créativité. Même si l'économie tunisienne est bien diversifiée, il sera indispensable de valoriser et de renforcer la structure économique existante au moyen d'une forte capacité de développement endogène. Les programmes présidentiels en faveur de la promotion et le développement des projets innovants attestent de la volonté de notre pays de s'inscrire dans cette nouvelle dynamique qui paraît la plus adaptée aux nouvelles exigences de l'économie mondiale. Les économies émergentes ne peuvent plus fonder principalement leur développement sur le seul appel aux IDE, lesquels sont devenus aujourd'hui plus sensibles à la conjoncture et surtout plus volatiles. Ce nouveau modèle de développement combinant la croissance exogène et la croissance endogène est fondé, en plus de l'existant, sur les interactions entre les économies de la technologie, de l'innovation, de la connaissance et la créativité. Cette dynamique interactive nécessite l'implication de toutes les forces économiques et la génération d'une réelle et solide synergie entre le système éducatif et son environnement économique. Tous les ingrédients nécessaires à la réussite et à la concrétisation de cet extraordinaire challenge sont réunis. En effet, la création du fonds commun de placement en capital développement pour le financement des investissements innovants, la mise en place de la prime d'investissement dans le domaine de la recherche-développement, l'installation des technopôles et des complexes industriels dans les différents gouvernorats et la consolidation de notre attractivité économique constituent les piliers du programme présidentiel visant justement l'autonomisation de notre processus de croissance économique. Certains spécialistes de l'investissement ont mis en exergue la performance, parfois mitigée, des IDE en Tunisie qui sont soit orientés vers le marché local suivant un processus de partenariat entre les entreprises tunisiennes et européennes, soit tournés exclusivement vers l'exportation selon des structures offshore. La nouvelle politique d'investissement donnera une dimension plus innovante à notre programme de développement et permettra surtout à la Tunisie de devenir une destination industrielle et technologique et de rompre par conséquent avec la dynamique mitigée des IDE. Après les efforts consentis, en matière de formation professionnelle, dans le domaine de la recherche scientifique, dans la modernisation des infrastructures …il est temps de revoir nos ambitieux à la hausse et de s'inscrire définitivement dans cette nouvelle orientation, propulsés par les directives présidentielles de dosage croissance exogène/croissance endogène. Ce nouveau challenge nécessite la mobilisation de toutes les forces vives et surtout l'adoption d'un nouvel état d'esprit managérial et l'instauration de la culture de réseautage internationale.