Dissident du Congrès Pour la République (CPR), un des partis de la Troïka au pouvoir, M. Mohamed Abbou vient de former le Courant démocratique (Attayar Addimocrati), un nouveau parti à tendance sociale dont il est le secrétaire général. Entouré des membres du bureau politique fraîchement constitué, M. Abbou a donné, hier matin, à Tunis, une conférence de presse pour annoncer publiquement le lancement de ce parti dont la création officielle a eu lieu le 30 mai dernier. « L'idée nous est venue de regrouper certains démissionnaires du CPR, d'autres indépendants sortis de leurs partis respectifs, ainsi que ceux n'ayant aucune expérience démocratique politique, dont les motivations visent à combler un certain vide que les autres partis, malgré leur densité plurielle, ne sont pas parvenus à réaliser... », a-t-il souligné. Car, à ses dires, qu'ils soient au pouvoir ou dans l'opposition, les partis politiques se doivent de prendre les choses au sérieux. L'essentiel pour le Courant démocratique (CD) est de proposer des solutions, l'identification des vraies erreurs du gouvernement, le conseil et la réponse aux exigences du changement. Ce sont là les choix d'orientation générale de ce nouveau-né sur la scène politique, comme l'a indiqué M. Abbou. « Voilà que nous sommes déjà partis de l'opposition et non pas du pouvoir, mais l'opposition est aussi une responsabilité», a-t-il reconnu. Revenant sur cette nouvelle formation, le conférencier n'a pas manqué de révéler que l'idée de conception s'est basée sur un principe sélectif des personnes et figures qui partagent les mêmes tendances et idéologies, l'ultime but étant de partir du bon pied, avec une nouvelle mentalité. La devise du parti est la suivante : «Conscience, volonté et réalisation», avec pour logo visuel un voilier en bleu et rouge tirant sur l'orange. Une combinaison de signifiants et de signifiés qui, d'après M. Imed Mahnane, universitaire et membre du bureau du parti, porte le sens de la responsabilité, de l'engagement, du vivre-ensemble et de l'ouverture sur l'autre. Le tout pour faire avancer le pays vers le progrès et le développement. Dans sa déclaration constitutive, le Courant démocratique s'est présenté comme « une alternative aux Tunisiennes et Tunisiens excédés par le discours itératif des partis au pouvoir et ceux dans l'opposition, voulant que leur pays puisse évoluer et progresser dans tous les domaines ». De là, selon le communiqué, le parti s'engage à être imprégné de responsabilité et de transparence, en mesure de servir la patrie et de proposer les alternatives qu'impose l'étape. Prenant la parole, Me Lobna Mechichi, avocate et membre du bureau politique du Courant démocratique, a fait lecture de l'identité du parti et sa ligne politique. De ce fait, « le Courant démocratique est un parti social-démocrate qui appelle à un régime basé sur la justice sociale et la distribution équitable des richesses. Il appelle à la gratuité de l'enseignement et des soins de santé à tous les citoyens, croyant en l'Etat régulateur qui prend en charge l'investissement public...». Il croit également en d'autres constantes humanistes ayant trait à la démocratie, aux droits de l'Homme, à l'action associative, à l'indépendance du pouvoir judiciaire, à l'environnement et à l'identité arabo-musulmane. Son regard au rapport litigieux religion-Etat s'explique comme suit : «L'Etat considère l'islam comme la religion de la majorité des Tunisiens, garantit l'enseignement religieux et la liberté de croyance à tous tant qu'elle n'enfreint pas la sécurité publique, met à disposition les lieux de culte, tout en veillant à leur neutralité... ». Dans tous les cas de figure, l'intérêt du pays prime sur toute autre considération. En réponse aux questions des journalistes, les membres du bureau politique du CD ont relevé la nécessité de parvenir à un consensus de toutes les parties intervenantes au dialogue national autour du projet de la constitution qui soit celle de tous les tunisiens. A propos de «l'immunisation de la révolution», le parti s'est déclaré avoir soutenu ce projet et continue à le défendre jusqu'au bout, préférant l'appeler «protection du processus démocratique». « Au sein du parti, nous avons évoqué la possibilité des coalitions et pourquoi pas de s'organiser dans des fronts politiques et électoraux. Cette question a été proposée avec certains partis, notamment avec l'Alliance démocratique... Dès qu'on est sorti du CPR, on a fermé la porte, en se tournant vers l'avenir...», a déclaré M. Abbou.