Constamment rattrapée par les échéances, notre équipe nationale n'arrive toujours pas à séduire et à décoller. Et ce n'est pas toujours la faute aux sélectionneurs successifs C'est vrai que nous tirons souvent sur les sélectionneurs nationaux et il y a de quoi. Le niveau et les résultats de notre équipe nationale ne cessent de régresser depuis des années. Il y a bien eu la victoire de notre onze national à la CAN en 2004, mais la manière n'y était pas et on sait de quelle manière polémique, voire scandaleuse, l'ère Roger Lemerre s'est achevée. Il y a également eu la victoire au CHAN en février 2011 et, là aussi, tout le monde sait de quelle manière se sont déroulés l'avant, le pendant et l'après-dernière CAN d'Afrique du Sud. Depuis, notre sélection évolue dans l'indifférence la plus totale, avec une victoire laborieuse sur la Sierra Leone à Radès, deux nuls et, surtout, deux grosses frayeurs à Freetown et à Malabo. Pas de jeu, des choix des hommes et de la tactique décriés par tous et qui ne laissent rien présager de bon. Ni pour le prochain tour qualificatif pour la Coupe du monde, ni pour la phase finale, en cas de qualification pour le Brésil. Responsabilité des sélectionneurs successifs, mais aussi responsabilité des joueurs et de la fédération qui donne carte blanche à son élu, qui ne lui demande pas des comptes et qui ne réagit qu'après que le drame est consommé. Ou alors si, puisque la réaction de la FTF est conjoncturelle, dans la mesure où elle opte pour la solution de facilité : on change un sélectionneur par un autre et c'est reparti pour les mêmes erreurs et pour les mêmes pratiques. Navigation à vue Naviguer à vue, c'est ne pas établir un véritable état des lieux et se fixer des objectifs conjoncturels. Sans tenir compte des moyens à mettre à disposition et des méthodes pour atteindre les objectifs. Tenez, après la CAN, avec ou sans Sami Trabelsi, il y avait lieu et nécessité d'observer une pause de réflexion. De fixer moyens et objectifs. A court, à moyen et à long terme. Or, ceci n'a pas été fait. Elimination au premier tour de la CAN, limogeage de Sami Trabelsi et nomination de Nabil Maâloul. Dont on exige une qualification pour la phase finale de la coupe du monde. Peu importent les moyens, pourvu qu'on soit l'été prochain au Brésil. Quitte à se faire éliminer au premier tour. On fera alors appel à un autre sélectionneur et on lui demandera de se qualifier à la prochaine CAN et de terminer dans le dernier carré. Objectif qui s'avère de plus en plus impossible. La phase finale de la coupe du monde ? Nous n'y sommes même plus depuis 2 éditions et 35 ans après l'Argentine, nous vivons encore sur les souvenirs et la nostalgie de la bande à Chetali. Du choix des joueurs... Que peut bien faire un sélectionneur ou, plus généralement, un entraîneur quand on lui fixe un objectif à très court terme et que son maintien à la tête de l'équipe nationale en dépend ? Il choisit «ses» hommes, quels que soient leur statut et leur état de forme, opte pour une tactique prudente, zappe le jeu et cherche essentiellement à ne pas perdre. Résultat : dans un groupe modeste, le onze tunisien a toujours été au bord de la rupture et a souvent joué avec le feu. Par ailleurs, les jeunes n'ont pas eu leur chance ou si peu. Ferjani Sassi titularisé face à la Sierra Leone, très bon, puis remplaçant face à la Guinée équatoriale pour céder sa place à un Traoui qui n'a pas disputé la moindre rencontre depuis un mois. Ben Youssef à droite, plus pour couvrir l'entrejeu et son arrière droit que pour épauler l'attaque ou concrétiser; Haggui repêché contre toute logique. Les exemples foisonnent et nous ne mettrons pas la responsabilité sur le seul dos du sélectionneur national. Mais où est donc passée la direction technique et quel rôle et responsabilité pour la FTF, censée fixer les règles générales sans pour autant s'immiscer dans les détails?! Nous attendons encore réponses à toutes ces interrogations. La responsabilité des joueurs Avons-nous encore des joueurs de talent? Indépendamment des choix discutables du sélectionneur, force est de constater qu'exception faite de Ben Chérifia et Sabeur Khelifa, le paysage est un peu désolant à ce niveau. Dhaouadi a disparu de la circulation; Darragi n'a plus rien fait de bon depuis deux ans; Youssef Msakni s'est enterré au Qatar et Issam Jomaâ n'est plus que l'ombre du recordman des buteurs en équipe nationale. Puis, surtout, la presque totalité des joueurs à qui on fait appel n'ont plus la flamme. Ils n'ont plus faim et ils savent pertinemment qu'ils seront de la liste du sélectionneur, quels que soient leur statut dans leurs clubs et leur état de forme. D'où la nécessité que quelque chose change. Pour le dernier tour qualificatif en octobre et en novembre prochain, en cas de qualification ou pas pour le Brésil. Avec ou sans l'actuel entraîneur national. Avec une nouvelle stratégie et de nouveaux joueurs et en sauvant quatre ou cinq de l'actuel onze rentrant...