Penser le présent pour un meilleur avenir du pays qui n'aurait pas lieu sans une politique culturelle pérenne. La première session du Forum des associations culturelles (FACT 2013), dont le coup d'envoi a été donné le 20 de ce mois, a été clôturée dimanche dernier avec la lecture des recommandations issues de 11 ateliers à thèmes et du même nombre de commissions spécialisées dans différents secteurs culturels. Les participants, accompagnés de modérateurs choisis parmi les membres du comité scientifique du FACT, devaient d'abord identifier les problèmes, sans perdre trop de temps à les expliquer pour, ensuite, proposer des solutions et les reformuler sous forme de recommandations en trois temps : urgent, moyen et long termes. Mais le plus difficile était justement de pouvoir les classer, car, selon les personnalités culturelles et artistiques présentes à ce forum, tout était urgent ! On a donc travaillé dur pour trouver les mots justes. Certains ateliers étaient plus «chauds» que d'autres. Les participants devaient faire l'effort de se débarrasser de leurs ego pour synchroniser leurs visions du monde. Le but était de penser le présent pour un meilleur avenir du pays qui n'aurait pas lieu sans politique culturelle pérenne. Il n'y a pas de transition démocratique, rappelons-le, sans transition culturelle. Le plaisir du partage Mais tout est bien qui finit bien. Ce forum a permis aux uns et aux autres de se connaître et de partager. Pendant la séance de clôture, les représentants des associations ont pris la parole pour annoncer leurs profils et informer de leurs activités. Jeunes et moins jeunes, sont en train de faire un travail considérable pour sauver le pays de l'obscurantisme. Ils n'ont pas toujours les moyens de leurs actions, mais ils résistent, car qui dit culture, dit résistance. Les recommandations, que les modérateurs ont lues en début de séance, en disent long, sur les préoccupations et les problèmes non résolus des différents domaines culturels. Tout tournait autour de l'infrastructure, des statuts de l'artiste, des associations, des institutions, du devoir de mémoire, de la formation de la propriété intellectuelle. Selon Christine Merkel, directrice à la commission allemande pour l'Unesco, partenaire de ce forum, il n'y a pas de doute, ces recommandations sont à la hauteur de l'évolution internationale en matière de politique culturelle. L'expérience tunisienne n'a rien à envier à celles de la Turquie, du Maroc et de l'Egypte qui ont fait les mêmes constats et suivi le même processus de réflexion. C. Merkel a tenu, par ailleurs, à souligner que l'état des lieux en Tunisie est quand même assez différent et assez évolué par rapport à d'autres. «Votre pays possède, déjà et depuis longtemps, les instruments de sa politique culturelle. Il s'agit uniquement de les réactiver». La partenaire du FACT 2013 nous a également fait part de son admiration pour tous ces professionnels de renom et ces associations nouvelles créées, qui ont fait preuve de courage, de disponibilité et d'énergie créatrice. «Cette rencontre a permis une meilleure compréhension des défis», a-t-elle conclu. Concernant l'étape suivante, Merkel a précisé qu'un comité de suivi, choisi parmi les participants au FACT, prendra en charge la révision des recommandations, leur reformulation si besoin est, et l'identification des actions pertinentes et faisables. Une fois «recadrées», ces recommandations seraient communiquées à l'Unesco, à l'ANC (l'Assemblée nationale constituante), au ministère de la Culture et à la présidence de la République. Le mot de la « faim » a été donné par Youssef Seddik, penseur, philosophe et président d'honneur du FACT. «Nous avons faim de voir l'avenir autrement. Pour cela, il faut résister et avoir la tête dans les pieds».