Tenants du titre, les Tunisiens ne sont pas dans les mêmes dispositions que lors de l'édition précédente. Réservé aux joueurs locaux, le Chan, dont on disputera la 3e édition l'année prochaine en Afrique du Sud, demeure un fidèle baromètre reflétant les forces et les faiblesses du foot de chaque pays. En 2011, quelques jours après la révolution, cette compétition, créée par la confédération africaine tout juste quatre ans plus tôt, transportait de bonheur toute une nation. La bande à Sami Trabelsi remportait haut la main le titre, avec la manière et, surtout, avec un esprit de corps remarquable. Mathlouthi, Dhaouadi, Kasdaoui, Msakni, Abdennour et tutti quanti se sentaient investis d'une mission: donner du bonheur à un peuple qui venait de déclencher le raz de marée du printemps arabe. Reculs... Esprit, es-tu là? Quatre ans plus tard, ce n'est plus évident. Le sélectionneur national, Nabil Maâloul, a clairement signifié que la priorité restait aux éliminatoires de la Coupe du monde qui atteindront leur pic au mois d'octobre prochain, à l'occasion des deux matches barrage du dernier tour. Il n'y a aucune comparaison possible entre le Chan et la Coupe du monde, cela coule de source. Mais est-ce là une bonne raison pour brader la deuxième compétition entre sélections organisée par la CAF? Fraîcheur : mon doux souci ! On ne sait pas vraiment si une semaine suffira pour mettre sur pied un onze compétitif qui jouera néanmoins pour la première fois ensemble, samedi prochain (18h00) au stade olympique de Sousse, contre le Maroc pour le compte du match aller du seul tour éliminatoire de la zone 1. Celle-ci aura droit à deux tickets en phase finale du CHAN : le vainqueur de Tunisie-Maroc, donc, et la Libye. Celle-ci devait rencontrer l'Algérie à ce tour éliminatoire, mais les Verts ont préféré se retirer «en raison d'un effectif nettement diminué par les blessures», selon la version donnée par la FAF (fédération algérienne). Dans la simplicité, on ne peut pas faire mieux : cinq joueurs convoqués par club parmi le «big five». Cela permet de disposer d'un effectif large et en même temps compétitif. Reste à créer les automatismes et à affiner une stratégie de jeu capable de mettre les attaquants en position de marquer. Dans cette première manche, il faudra oser, s'offrir les moyens de ses ambitions offensives et marquer son territoire. D'autant que les Aigles possèdent des atouts en attaque, avec les Akaïchi, Ben Youssef, Jaziri, Mhirsi, Rejaïbi, Sassi. Pour peu que le sélectionneur daigne favoriser l'option offensive. Après deux jours de rassemblement à Tunis, l'effectif se déplace aujourd'hui à Sousse pour une veillée d'armes studieuse. Pour des joueurs comme Driss Mhirsi et Adam Rejaïbi, qui viennent d'aligner cinq rencontres en l'espace d'une dizaine de jours au tournoi de football des Jeux méditerranéens, ce supplément du CHAN représente une véritable gageure. La fraîcheur va compter énormément en cette arrière-saison. En contre-partie, le team national présente l'avantage d'être hautement compétitif, les copains de Ben Cherifia demeurant sur le gril en ce début d'été.