Dimanche 30 juin est la date butoir fixée par le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (Unhcr) pour la fermeture définitive du camp de transit d'Echoucha, à Ben Guerdane. Les réfugiés qui y sont encore sont très frustrés de peur que les tentes ne soient démantelées. Ils étaient rassemblés à l'ombre des arbres, dans l'expectative, et prêts à défendre leur cause, disent-ils. "Nous ne tomberons pas dans la provocation mais nous ne nous laisserons pas faire si les représentants de l'Unhcr viennent nous chasser du camp", a commencé par dire le Palestinien Khaled Majid. La colère était perceptible sur les visages des présents. "Voilà deux ans que nous sommes ici, et rien que des promesses. Toutes les déclarations faites par les représentants de l'Unhcr aux journalistes étaient loin d'être réelles", ajoute le Soudanais Mohamed Tahar. " Aucun membre de la Ligue des droits de l'homme ne nous a rendu visite, ces derniers mois pour voir comment nous vivons", enchaîne le somalien Mohamed Hassen. Par ailleurs, une source sur les lieux nous a appris que des personnes ont tenté de couper l'eau à la mosquée, à l'aube, n'eût été l'intervention du colonel Lotfi Chaâri. Le Somalien Mohamed Adam Ali accuse certains employés qui ont essayé plusieurs fois de démanteler les tentes et de contraindre, vainement, les réfugiés de quitter le camp. "Le nombre total de ceux qui sont toujours sur place avoisine les 800 personnes, contrairement à ce que déclarent les responsables de l'Unhcr", affirme l'Ivoirien Traoré Abdou Karim qui ajoute : " Il y a en vérité deux camps. A droite, ceux qui ont bénéficié du statut de réfugiés et dont le nombre est à peu près 400. Ils sont autorisés à s'intégrer dans la vie civile tunisienne. Mais ils refusent tous cette proposition et veulent être réinstallés quelque part en Europe". "Effectivement, nous sommes 22 Palestiniens dont deux bébés nés ici, nous voulons être transférés en Europe comme les autres. Mais l'Unhcr nous disait à chaque fois que notre problème est politique", enchaîne le Palestinien Ammar Chahatha. Et l'Ivoirien de continuer : "A gauche, notre camp à nous dont les dossiers ont été rejetés. Nous comptons entre 200 et 300 individus, de différentes nationalités (des Ivoiriens, des Nigériens, des Nigérians, des Tchadiens, des Bengalais, des Maliens, des Libériens, des Somaliens, des Ghanéens, des Erythréens, des Soudanais...). Il y a 8 mois que nous sommes sans eau ni électricité ni nourriture." "Nous avons donné nos empreintes digitales. On nous a promis des solutions mais on n'a rien vu. Parmi nous, il y a des enseignants, des ingénieurs, des footballeurs", souligne Ibrahim Ishak, un Soudanais du Darfour. " Personnellement, je voudrais quitter ce camp, aujourd'hui même si on me donne l'autorisation. Je suis professeur de français et j'ai enseigné ici, dans ce camp. Voilà deux ans que je vis l'enfer. Même mon passeport, on ne me l'a pas rendu", poursuit l'Ivoirien Paul Constant, en larmes. A l'exception des mineurs —une quarantaine—, les autres, des deux camps, sont presque tous aux aguets. Certains veulent monter la garde pour qu'on ne démantèle pas leurs tentes pendant la nuit, en attendant de leur trouver des pays tiers pour leur réinstallation.