Les Jeux de Mersin terminés, on ne manquera pas de dresser le bilan de cette compétition intéressante, mais qui, à notre sens, ne dépasse pas un certain seuil au niveau de l'importance. Il ne faudrait, en effet, pas se leurrer. Les JM, pour un pays qui a eu des champions olympiques et des champions du monde, une nation qui a réussi à, se classer dans le peloton de tête en sports collectifs (handball), ne saurait se suffire de ces joutes qui ne peuvent en aucun cas servir que de test pour jauger des capacités des générations montantes. A moins de vouloir éclipser les véritables problèmes et insuffisances, il nous semble qu'il ne faudrait pas aller plus loin. Pour ceux qui n'en sont pas convaincus, qu'ils aillent demander des nouvelles des athlètes et compétiteurs des pays, comme la France, l'Italie ou l'Espagne. Les meilleurs étaient ailleurs et l'écrasante majorité de ceux qui étaient là, constituent la relève de ces pays qui se fixent des objectifs bien déterminés, autrement plus ambitieux. Pour revenir au bilan, et dans la mesure où on nous a habitués à en dresser des dizaines pour s'empresser de les enfouir dans les tiroirs, à quoi serviront-ils ? Pour que ce bilan serve à quelque chose, il faudrait à notre humble avis qu'on s'en serve pour agir dans deux directions : - Demander des comptes, d'abord, et avant tout, aux dirigeants et au personnel d'encadrement. Ils ont failli. Ils n'ont pas été à la hauteur de leur mission et il faudrait en tirer les conséquences. De nos jours, une goutte de sang prélevée sur un athlète peut nous fixer sur sa forme et dispositions physiques. Cela équivaut à dire que ces dirigeants et techniciens ne peuvent plus se permettre de pérorer n'importe quoi à la veille de chaque compétition. En sport moderne, il n'y a presque plus d'excuse et d'accident. On entraîne, on dresse même un compétiteur pour en faire un combattant (dans toutes les disciplines), en lui inculquant une idée, une seule : la défaite est uniquement la conséquence de la force, du niveau supérieur d'un adversaire, donc de sa propre défaillance. Cette défaillance n'est reconnue que par les véritables athlètes : Mellouli a avoué sans tricher qu'il n'était pas encore au point. Il n'a évoqué ni la température de l'eau ni la direction des vents dominants. - Mettre un terme à cette dispersion des efforts pour consacrer les moyens dont nous disposons (ils ne sont pas énormes par les temps qui courent) à la préparation des athlètes réellement compétitifs et aux équipes capables de se hisser au palier supérieur. Et nous revenons sur ces subsides que l'on accorde pour renflouer le football professionnel. Nous avions soutenu que c'est de l'argent perdu et qui servirait mieux les intérêts des centres de formation de base où les clubs supposés d'élite brillent par leur absence. Avec l'affligeant spectacle qu'offrent ces clubs et la foire d'empoigne qui caractérise leurs gestions, nous en sommes plus que jamais convaincus. Fournir les moyens de se préparer sérieusement aux éléments d'élite, mettre à la disposition de ceux qui en ont besoin du matériel courant ou spécifique, payer les entraîneurs des écoles de sports ou d'un centre de formation, remettre en état une installation, équiper une salle, renflouer les caisses d'une section de sports scolaires, moderniser une maison de jeunes et de culture, etc. est le rôle véritable du Département des Sports et de la Jeunesse, qui devrait regarder à deux fois avant de servir ces rallonges à un sport professionnel, censé voler de ses propres ailes ou...disparaître. Dure conclusion n'est -ce pas ? Mais c'est malheureusement ainsi que l'on peut se montrer conséquent et honnête envers cette école de la vie qu'est le sport, que l'on concrétise les vœux de cette majorité, muette, de jeunes démunis de tout, qui attend et espère. Il est convenu que l'Etat, dans tout pays qui se respecte, œuvre pour l'intérêt de la communauté au sens le plus large qui soit. Il est inconcevable, on n'a pas le droit, de sacrifier ce travail de base qui intéresse des générations et des générations de jeunes, pour privilégier et favoriser l'arrogance, le pédantisme et l'incompétence.