Avec l'assassinat de mon collègue Mohamed Brahmi, j'ai perdu un grand ami d'autant qu'on s'était promis de l'être à la vie et à la mort lors du premier jour de l'Assemblée nationale constituante (ANC). Mohamed Brahmi s'était présenté ce jour-là comme candidat contre Maya Jeribi que les forces démocrates avaient choisie comme candidate contre Mustapha Ben Jaâfar. Je me suis dit mais pourquoi il fait ça, mais à la fin de son discours il a annoncé le retrait de sa candidature pour laisser la place à Maya Jeribi. Je l'ai alors approché en lui déclarant qu'il sera mon ami à vie». J'étais très proche de lui et à ses côtés quand il avait entamé sa grève de la faim et que des députés d'Ennahdha venaient le dénigrer et lui reprocher son action. On s'était promis même, lui, moi, Ahmed Khaskhoussi et Noômane Fehri, de démissionner ensemble après concertation. Je suis affligée et je me demande encore pourquoi lui ? On avait peur pour Mongi Rahoui et Mourad Amdouni, qui sont carrément visés et menacés. Mohamed Brahmi était clair dans ses positions mais jamais agressif, ni provocateur. Ce que je peux dire de ses qualités morales c'est qu'il était d'une grande probité et honnêteté politiques et intellectuelles. Cela à telle enseigne que nous l'avons élu au sein de la commission pour l'élection de l'Isie comme représentant du groupe démocratique alors qu'il n'en fait pas partie. C'est pourquoi sa disparition nous a effondrés, nous sommes, une partie du bureau politique, actuellement en ce jour du meurtre de notre collègue et ami en réunion au siège d'Al Massar car les conséquences de cet assassinat politique sont très graves. Sami Taïeb et moi avons failli être lynchés à l'hôpital Mahmoud-Matri à l'Ariana. La foule entassée criait, hurlait en nous lançant à la face : «Démission ! Démission ! Que faites-vous à l'ANC, vous les cautionnez, vous leur donnez un alibi». Je trouve donc que l'appel de Néjib Chebbi et d'Al Joumhoury à dissoudre l'ANC est la seule chose à faire car on ne va pas se retrouver, encore une fois, comme après l'assassinat de Chokri Belaïd, à l'ANC pour servir de décompresseur à la colère du peuple alors que nous sommes visiblement dans le mouvement d'une 2e révolution. Je vous informe enfin qu'une position commune sera prise au sein de l'Union pour la Tunisie (UPT) lors de notre réunion ce soir (hier soir) après la rupture du jeûne.