Qu'ils parlent d'amour, de guerre, de politique, de sécurité ou d'assassinat politique, ils ne mâchent jamais leurs mots. «Mashroua leïla» (projet d'une nuit) est le nom que se sont donné les membres de ce groupe de rock libanais très en vogue chez les amateurs de la musique alternative, en référence à toutes les nuits blanches qu'ils ont passées à jouer de la musique et à «monter» leurs morceaux. Programmés pour le festival international de Hammamet mardi dernier, ces six garçons dans le vent (*) ont drainé du beau monde. A la fois imprégné de la culture orientale, dans ses harmonies et dans ses mélodies, ainsi que de l'esprit du rock occidental des années 2000 dont il a énormément absorbé, «Machroua leïla» a assuré un concert performant — hélas, court— devant un public, majoritairement composé de ses fans qui savaient par cœur —et chantaient en chœur— chacun de leurs titres. Le programme présenté était varié, alternant des nouveautés qui seront dans les bacs prochainement, mais aussi des titres à succès des deux premiers albums du groupe (Machroua leïla, sorti en 2009 et El hal romancy, sorti en 2011) qui ont provoqué de nombreuses controverses, en raison de leurs paroles satiriques et des thèmes polémiques dont ils traitent. Le style musical de ces garçons, qui s'inscrit dans la mouvance de toute une génération qui a porté un état d'esprit nouveau et une empreinte musicale bien trempée, a séduit plus d'un. Une musique entraînante avec des histoires qui se marient avec celles du Liban des années 2000. Des thèmes divertissants et des paroles qui reflètent les multiples facettes et les défauts de la société libanaise, rarement abordés par le mainstream de la musique arabe. «Machroua leïla» a offert, sur la scène de Hammamet, un show complet, avec une musique spéciale, des thèmes subversifs parsemés de critiques acerbes, évocation des problèmes liés à la vie et au quotidien à Beyrouth... Les six jeunes musiciens poussent la provoc' à l'extrême, allant jusqu'à utiliser des jurons dans certaines de leurs chansons. Et qu'ils parlent d'amour, de guerre, de politique, de sécurité ou d'assassinat politique, ils ne mâchent jamais leurs mots, avec un humour toujours là, mais trempé dans du vitriol et reflétant une image caricaturée d'une société en perpétuelle effervescence. Ces artistes qui se présentent comme les acteurs d'une révolution dans le paysage de la musique arabe alternative, avec un métissage entre la douce mélodie de la musique orientale et la force du Rock qui les anime, ont séduit et confirmé, face à un public totalement conquis, leur aisance, leur esprit libre, leur combat et leur veine poétique qui sort du lot. Asma DRISSI (*) En référence aux Beatles qui ont révolutionné la musique, à leur époque