L'initiative de l'Union générale des travailleurs tunisiens (Ugtt) pour sauver le pays de la crise politique et sécuritaire qu'il traverse ces derniers temps a fait l'objet d'une rencontre, tenue hier, à Tunis, entre le chef du gouvernement Ali Laârayedh et une délégation présidée par le secrétaire général de l'Ugtt, Hassine Abassi. Selon Khalil Zaouia, ministre des Affaires sociales, qui a marqué un temps d'arrêt avant d'affronter les différents organes de presse présents après le départ de Hassine Abassi par une porte dérobée, tous les points mentionnés dans l'initiative de l'Ugtt ont été examinés par les deux parties, faisant l'objet de longues négociations. Comme l'a confirmé la même source, le gouvernement de la Troïka n'a pas émis de véto quant à la formation d'un gouvernement d'unité nationale, et a promis d'étudier le reste des points contenus dans l'initiative de l'Ugtt. A la question de savoir si les propositions relatives à la dissolution des ligues de protection de la révolution, à la constitution de commissions pour la révision de la dernière esquisse du projet de Constitution et des dernières nominations dans plusieurs institutions de l'Etat, le ministre s'est contenté de rétorquer que « quand on place la barre haut, il devient difficile de se réunir autour de la même table ». Par ailleurs, s'il y a une conclusion à tirer à partir des déclarations du ministre des Affaires sociales ainsi que du renoncement du secrétaire général de l'Ugtt à donner des déclarations aux médias, c'est que le dialogue a encore trébuché et que le consensus convoité par tous les Tunisiens, gouvernants, opposants et gouvernés n'a pas encore mûri et risque de se faire attendre. A rappeler que l'initiative de l'Ugtt comprend la destitution du gouvernement en place pour ensuite constituer un gouvernement de compétences nationales. Ce dernier doit être formé par une personnalité nationale indépendante reconnue pour sa compétence et son intégrité et admise par tous les acteurs de la scène politique. Les membres de ce gouvernement de salut national doivent s'abstenir de se présenter aux prochaines élections. Ils sont également appelés à gérer comme il se doit les affaires du pays, à instaurer un climat sécuritaire susceptible de restaurer la confiance des citoyens et d'assurer les conditions pour des élections libres et transparentes. Le même gouvernement est appelé à dissoudre les ligues de protection de la révolution et à poursuivre en justice les coupables parmi eux, à établir les mécanismes garantissant l'impartialité de l'administration, des établissements éducatifs et universitaires, des espaces culturels et des lieux de culte en les gardant à l'abri des tiraillements politiques. Le reste des tâches à accomplir par le futur gouvernement de salut national consiste à mettre en place une haute instance chargée de réviser toutes les nominations récemment faites dans plusieurs institutions de l'Etat sur les plans local, régional et diplomatique. S'y ajoutent consécutivement la constitution d'une Commission nationale pour enquêter sur les assassinats et dévoiler la vérité concernant les derniers actes terroristes dont ont été victimes nos braves soldats, ainsi que l'élaboration d'une loi anti-terrorisme en faisant participer les syndicats des forces de sécurité dans les réformes à opérer. Sur un autre plan, la Commission nationale administrative de l'Ugtt recommande la formation d'une commission d'experts pour réviser la dernière esquisse du projet de Constitution afin de l'assainir de tout ce qui peut porter atteinte au caractère civil de l'Etat et à son régime républicain. Les mêmes experts sont appelés à élaborer un projet électoral dans un délai ne dépassant pas les 15 jours, à compter de la date de création de ladite commission. L'Union générale des travailleurs tunisiens exige de surcroît l'élaboration d'une loi constitutive en vertu de laquelle l'on procédera à l'adoption du projet de Constitution réalisé par la Commission des experts, de la loi électorale et à la mise en place de la Haute instance indépendante pour les élections. Ces tâches doivent être réalisées dans un délai ne dépassant pas les quinze jours, à compter de la date de déposition des deux projets par la Commission des experts à l'ANC.