La loi antiterrorisme sera réactivée d'une manière rigoureuse, à l'exception des articles portant atteinte aux droits de l'Homme. Voilà ce qu'a annoncé le chef du gouvernement, Ali Laârayedh, lors d'une conférence de presse tenue, hier, au Palais Dar Dhiafa, à Tunis, suite à une réunion élargie avec des partis politiques, des cadres militaires et sécuritaires et d'autres figures nationales. La réunion a encore enregistré la présence du président du parti Ennahdha, Rached Ghannouchi, des partis de la Troïka, du Parti du travail tunisien, du Courant démocratique, du Parti des patriotes libres, de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica), de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap), de la Chambre nationale des huissiers-notaires, de personnalités politiques et médiatiques, dont Mustapha Filali, Hichem Djaït, Sihem Ben Sedrine et Slaheddine El Jourchi, et était marquée par l'absence de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), du Front populaire, Nidaa Tounes, Al-Jomhouri, Al-Massar et l'Alliance démocratique. Un dialogue tronqué en somme. En s'exprimant sur les sujets abordés lors de la première partie de cette réunion élargie, le président du gouvernement provisoire a fait remarquer que toutes les parties ont convenu de conjuguer les efforts et d'élargir les concertations afin de lutter contre un fléau fort dangereux appelé le terrorisme. Il a également noté qu'il a été procédé à l'élaboration d'une stratégie de lutte contre ce fléau. Laquelle stratégie nécessite l'adhésion et la détermination des autorités judicaires, des forces armées, des forces de sécurité, des médias et des organisations de la société civile afin de constituer un rempart solide contre tous ceux qui cherchent à entraîner la Tunisie et les Tunisiens dans la spirale de la violence. Dans la même perspective, il a fait observer que des représentants des ministères de la Défense et de la Justice auront des réunions de concertation et de dialogue avec les journalistes afin de les sensibiliser à l'importance du respect des exigences de l'étape en vérifiant les informations avant leur publication et en coordonnant davantage avec les forces armées et sécuritaires. A la question de savoir quelle serait l'attitude du gouvernement de la Troïka quant à l'absence des partis de l'opposition, le Premier ministre s'est contenté de rétorquer qu'il espère que les partis en question réviseront leur position, afin de servir l'intérêt supérieur de la patrie, loin des calculs personnels, politiques et partisans. Rebondissant sur une autre question portant sur la destitution du gouvernement actuel, il a laissé entendre qu'il vaut mieux avancer à pas sûrs que de retourner vers la case départ et l'inconnu. Clôturant son intervention, il a ajouté que cette réunion de concertation avec un certain nombre d'acteurs de la scène politique et des organisations de la société civile se tiendra désormais de manière périodique afin d'élargir la sphère des concertations et la participation des Tunisiens aux affaires publiques. En fait, communiquant pour la deuxième fois en une semaine, le chef du gouvernement provisoire, Ali Laârayedh, laisse l'opinion sur sa faim. Sa prestation d'hier se présente pour plus d'un observateur comme une tentative de diversion par rapport aux problèmes réels et aux revendications de la rue. Certes, le chef du gouvernement a interpellé tout le monde sur l'impératif moral et politique d'une union sacrée contre l'hydre terroriste, évitant toutefois d'établir la moindre corrélation entre ce fléau et la réalité politique extrêmement tendue depuis l'assassinat du martyr Mohamed Brahmi notamment. Tant et si bien que les arguments de Ali Laârayedh représentent un alibi pour tenter une énième fois de ramener les divers protagonistes à un consensus perdu depuis longtemps. C'est que Ali Laârayedh semblait, hier, parfaitement hors sujet. En tout cas, à côté des responsabilités historiques d'un homme d'Etat, au regard des défis de tout ordre qui rongent la nation.