La prévalence de la culture machiste dans notre société reste vivace, selon les universitaires, les professionnels des médias et les activistes de la société civile. Un phénomène mondial, par où commencer ! Outre sa mobilisation dans la marche prévue cet après-midi au Bardo à l'occasion de la fête de la Femme, un collectif de plus de trente associations nationales et internationales, notamment féminines, a participé hier soir à un débat autour des droits de la femme et de son image dans les médias tunisiens. Le débat, initié par le Réseau euroméditerranéen des droits de l'Homme, a connu la participation de journalistes, syndicalistes et activistes féminines de la société civile. Le secteur des médias est-il féminisé et à quel degré ? Quels sont les handicaps qui entravent l'accession de la femme aux postes clés ou au pouvoir décisionnel dans ce secteur ? Où résident les vrais problèmes et que faire pour changer l'image de second plan et cette réalité d'injustice envers la femme ? Telles étaient les questions principales desquelles est parti le débat. En ouverture, la présidente de l'Association Bayti pour les femmes sans domicile fixe, Sana Ben Achour, a insisté sur les acquis en matière de liberté d'expression ainsi que sur l'importance du Code du statut personnel de 1956 précurseur dans le monde arabe, et ce, «en dépit de certaines défaillances». Elle s'est inquiétée de l'absence de la femme tunisienne aux postes de décision alors qu'elle représente environ 80% des professionnels du secteur des médias. Une inquiétude partagée par les participantes et participants au débat. Telle mentalité.. telle image ! «Dans une société patriarcale et à tendance machiste, la discrimination anti-féminine reste la règle. La femme ne veut pas des postes de décision car elle est face à une reproduction de l'ancien système favorisant l'homme. D'où, il est nécessaire de constitutionnaliser le principe de parité. Ce sont des discriminations transitoires plutôt positives qui favorisent la justice», a-t-elle lancé en conclusion d'une discussion qui a porté sur la situation de la femme au sein et à travers les médias. D'après la présidente du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), Néjiba Hamrouni, dans les universités les étudiantes sont à 70% et sont pratiquement à égalité avec leurs confrères hommes dans le secteur des médias. Et d'ajouter : «Cependant, elles restent éloignées des postes clés, notamment dans la presse écrite. C'est la mentalité machiste qui en est la cause». D'après les professionnelles des médias, la pression, le harcèlement et le désintérêt de ces postes de décision sont à l'origine de l'éloignement de la femme du premier plan. Les universitaires, quant à eux, ont insisté sur le devoir de revaloriser l'image de la femme à travers les médias, ce qui passe impérativement par la revue du système éducatif dévalorisant la femme qui est stéréotypée en tant que femme au foyer. De même, cette image doit, selon certains, changer au sein des médias, à commencer par les médias publics, comme a insisté le syndicaliste Néji Bghouri. Dans ce sens, il a proposé de faire pression sur ce genre de médias pour qu'ils rééquilibrent cette image et pour qu'ils soient une locomotive pour les médias privés. L'une des recommandations de ce débat entre activistes féministes et professionnels des médias est d'inscrire la parité dans les codes déontologiques des médias. La parité est-elle une priorité aujourd'hui ? A cette question Ben Achour, comme d'autres activistes, a répondu que si comme toute autre priorité. «Tout est prioritaire. C'est une période transitoire certes, mais aussi constituante !», a-t-elle répliqué. La volonté y est et les femmes courageuses savent se défendre...