Corriger l'image de la femme dans les médias et lutter contre l'influence des contenus extrémistes et le charlatanisme «La femme dans les médias, le rôle et l'image escomptés», tel est le thème sur lequel ont porté les travaux de la table ronde, tenue hier par le Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD ), en présence et avec la participation d'un grand nombre de journalistes et représentants d'organismes de presse. Véritable thème d'actualité, la contribution de la femme arabe dans le développement du secteur médiatique et l'image que lui attribue et véhicule le produit médiatique à travers le monde constitue une double problématique. Si les métiers de presse ont tendance, dans certains pays, à se féminiser, démontrant sans doute l'intérêt que porte la femme aux préoccupations de la société, la production médiatique féminine demeure en deçà des résultats escomptés. D'autant plus que l'image de la femme que véhiculent les chaînes satellitaires en général et celles arabes, en particulier, s'avère une image restrictive, focalisée essentiellement sur le seul aspect physique de la femme ou encore réductive, délestant la femme de son mérite en tant qu'être humain capable de prouver ses compétences et de participer activement au développement de son pays. L'organisation d'une table ronde pour débattre de la place qu'occupe la femme dans les médias en tant qu'acteur social, mais aussi en tant que sujet médiatique offre l'opportunité aux journalistes, des deux sexes, de mettre le doigt sur les facteurs à risques favorisant cette forme de discrimination. Discutant ensemble du problème et prenant pour exemple l'expérience tunisienne pionnière en matière de liberté de la femme et de l'expression, les intervenants ont été unanimes quant aux mesures préventives à prendre afin de ne pas tomber sous l'influence négatives des chaînes extrémistes et rétrogrades. Oui pour le féminisme, non pour le sexisme M. Mongi Zidi, directeur de l'Agence tunisienne de la communication extérieure (Atce) et membre du Comité central du RCD, a rappelé que l'année 2010 s'annonce comme étant exceptionnelle dans la mesure où elle a été marquée notamment par l'organisation des élections présidentielle, législatives et municipales. D'autant plus qu'elle a permis de déceler les axes du travail de l'OFA sous la présidence de Mme Leïla Ben Ali, épouse du Chef de l'Etat. L'orateur a mis l'accent sur l'importance de redoubler de vigilance afin de ne pas – et à force de traiter de la femme‑— tomber dans le piège du sexisme. Il a justifié cette vision en indiquant que les femmes ne vivent pas dans un monde à part mais qu'elles partagent, bien au contraire, le même contexte social et les mêmes problèmes que l'homme. «Dans notre pays, nous avons de loin dépassé la phase de l'égalité entre l'homme et la femme pour être en pleine étape de partenariat entre les deux piliers de la société, à savoir l'homme et la femme. Ces deux acteurs sociaux sont confrontés à des problèmes communs», souligne M. Zidi. Et d'ajouter qu'outre la discrimination sexiste, la femme est victime d'une image réductrice. «Les médias arabes ne traitent pas des véritables problèmes et préoccupations de la femme. Ils la considèrent comme étant un objet, un outil physique de publicité, rien de plus; chose qui nuit à la femme mais aussi à l'homme‑: en considérant la femme comme un objet de consommation commerciale, les médias montrent l'homme comme un consommateur idiot. Ce qui nuit à l'image de la société en intégralité», renchérit l'orateur. Du rôle de la femme journaliste dans les médias Par ailleurs, et en ce qui concerne le rôle de la femme dans les médias, il est d'autant plus nécessaire désormais pour le bien de la société et pour la promotion du journalisme arabe que la femme s'adonne à des domaines de travail plus audacieux et plus importants. Elle devrait, en effet, prouver son mérite à tous les niveaux et ne pas se limiter à des domaines classiques du journalisme féminin, tels que les thèmes de société, de la mode ou encore de la cuisine. Il faut avouer que la femme arabe se trouve plus que jamais à la croisée des chemins. Elle doit, en effet, choisir entre un courant régressif, qui va à l'encontre des besoins sociaux et développementaux des pays arabes, et une nouvelle phase, placée sous le signe de la compétence et de la liberté d'expression. L'idée étant de réussir l'équation authenticité-modernité et de ne pas tomber dans le piège du schisme culturel. L'intervenant a montré du doigt la nouvelle vague culturelle que diffusent les médias arabes; une vague négative qui met en avant l'esprit extrémiste et le charlatanisme. «La femme face à la société de l'information; tel est le défi à relever. La journaliste arabe doit s'impliquer davantage dans les véritables problèmes du secteur, notamment l'introduction de contenus intéressants et attractifs et de gagner l'intérêt et la confiance du récepteur. Elle doit assumer son rôle en tant qu'acteur social engagé, en tant qu'intellectuelle pleinement impliquée dans sa société», souligne l'orateur. Suite à l'intervention de M. Zidi, le débat a été ouvert. M. Boubaker Sghaïer, directeur du journal « l'Observateur », a focalisé l'attention sur trois figures médiatiques féminines dans notre pays. Il a ainsi salué, à travers leurs success stories, le rôle que joue la femme tunisienne dans la promotion du secteur médiatique. Prenant la parole, M. Abdeljalil Bouguerra, directeur du journal Essahafa a insisté sur l'indispensable lutte contre l'influence des chaînes extrémistes . Quant à Mme Khira Chibani, elle s'est félicitée, en tant que Tunisienne, de la situation honorable dont bénéficie la femme et la femme journaliste dans notre pays : « D'où le rôle de la femme, en tant que principal éducateur, de préparer les générations futures à faire face à ce fléau. Il est important également de véhiculer la bonne information religieuse», indique-t-elle.