Le départ annoncé du président sortant, le vertueux Ridha Charfeddine, et le déficit astronomique qu'accusent les caisses du club sont les sujets brûlants à l'heure actuelle dans l'entourage étoilé, avec toutes ses composantes : supporters en premier lieu, anciens joueurs et dirigeants du club, sans oublier le cercle restreint de ce qu'on appelle communément et non sans dérision les «grands». Les avis et les tendances divergent mais une chose est sûre : l'Etoile du Sahel vit actuellement un manque, sinon une absence de visibilité. Alarmant! Moëz Driss par-ci, Moëz Driss par-là A ce sujet, le nom qui revient majoritairement sur les lèvres est sans aucun doute celui de l'ancien président du club, chef de file de l'épopée de la Champion's League et de la coupe du monde des clubs, Moëz Driss. Mais qui a été paradoxalement poussé vers la sortie d'une manière le moins qu'on puisse dire peu élégante. Au cours d'un bref entretien avec ce dernier pour connaître son point de vue, il nous a déclaré sur un ton laconique et manifestement gêné par le sujet, mais non sans courtoisie. «Je n'ai aucun commentaire à faire à ce sujet, je préfère garder le silence». Nous sommes revenus à la charge en lui demandant la probabilité de le revoir à la tête de l'équipe. Il a répliqué : «Moi, je me suis retiré de la scène sportive, je préfère qu'on respecte mon silence!». Une chose est certaine : les adeptes du retour de Moëz Driss à la présidence de l'Etoile mettent en relief la rigueur de l'homme, la gestion rationnelle du club et l'abolition de certains réflexes au sein de l'équipe. Un ballon d'essai nommé Ayachi Ajroudi L'autre nom qui a défrayé la chronique ces jours-ci dans le milieu sportif étoilé, n'est autre que celui du richissime et fantasque homme d'affaires, Ayachi Ajroudi. Qui d'après certaines sources a manifesté son désir de signer «un mariage de raison» et non de cœur (le contraire nous aurait étonné) avec l'Etoile du Sahel, avec de surcroît une prise en charge totale du déficit du club et une révolution financière au sein de l'ESS. A ce propos, nous avons tenté de percer le cercle «hermétique» dans lequel vit A. Ajroudi, en approchant un des individus travaillant dans son sillage qui s'est chargé de lui poser nos interrogations à ce sujet. Ce dernier nous répondit «Qu'il est en train de réfléchir à la chose mais que rien de définitif n'a encore été décidé». Nous osons affirmer à ce sujet, que ce n'est nullement l'amour pour le club sahélien qui pourrait pousser Ayachi Ajroudi à prendre les rênes de l'Etoile du Sahel. Au cas où il est intentionné à le faire, du reste. Ce qui nous étonnerait fort. L'avis des anciens du club Pour nous éclairer à propos de cette situation nouvelle pour l'Etoile du Sahel, nous avons approché l'une des gloires du club sahélien et du football tunisien d'une manière générale, le toujours affable et perspicace Raouf Ben Amor, qui nous a affirmé à propos de l'hypothétique arrivée à la tête du club de l'homme d'affaires tunisien, «qu'il est totalement contre une telle opération, car, gérer un club sportif est complètement différent de la gestion d'une entreprise, ça ne marche pas de la même manière. Loin de tout conservatisme, pour présider un club mythique comme l'Etoile, il faut avoir fait partie de l'histoire de ce club et de ses valeurs, il faut absolument avoir cette culture d'appartenance à l'association. En Europe, on ne gère pas uniquement le volet technique mais on gère aussi la vie du club». A propos de la personne idoine pour prendre les destinées de l'ESS, il évoque sans hésitation le nom de Moëz Driss (malgré certaines divergences personnelles entre les deux hommes), faisant ainsi la part des choses. Autre figure marquante de l'Etoile des années 80 consultée à ce sujet, c'est l'ancien et rugueux milieu défensif Riadh Amara qui nous a déclaré : «Plus important que les présidents, la révision des statuts des clubs est plus urgente et plus décisive pour l'avenir du professionnalisme en Tunisie. Peu m'importe les noms, ce qui m'intéresse, c'est de trouver la personne qui est capable d'injecter de l'argent dans le club sans se lamenter et en assumant pleinement ses responsabilités. En ce moment, s'il y a une personne qui est capable de gérer l'Etoile convenablement grâce à son expérience, ses relations et son savoir-faire, c'est bien Othman Jenaieh». Et de renchérir à propos de l'avènement d'une personne étrangère au club comme le fameux Ayachi Ajroudi : «pourquoi pas?» A défaut de trouver «un enfant du club» capable de faire l'affaire, où est le mal de laisser la place à d'autres idées et d'autres figures, le monde s'ouvre de plus en plus. «On recrute des joueurs et des techniciens étrangers au prix fort et on ferme les portes devant des enfants du pays. C'est un non-sens». Bref, Moëz Driss et Ayechi Ajroudi sont les deux figures marquantes qui divisent l'opinion sportive sahélienne en ce moment. Ce qui est certain, c'est que les enfants de l'Etoile du Sahel, quel que soit leur statut, ont un rendez-vous avec l'histoire pour préserver l'identité et les acquis de leur club loin des fausses sensibilités et des stéréotypes.